Gaza : dommage collatéral

Gaza : dommage collatéral

Parfois, les mots sont trop faibles pour décrire l’horreur à Gaza. Et parfois, ils sont trop gros pour passer dans le canal diplomatique. Alors, on «condamne fermement», on «appelle à la retenue», ou encore on «examine les options».

Bref, on meuble. Et à Gaza, pendant ce tempslà, on compte les morts, avec plus de 52.000 personnes tuées. Mardi 13 mai 2025, à la télévision française, Emmanuel Macron s’est fendu d’un cinglant : «ce que fait aujourd'hui le gouvernement de Benjamin Netanyahu (à Gaza) est inacceptable», «c'est une honte».

Un sursaut moral bienvenu, mais presque timide face à ce que les ONG et l’ONU qualifient déjà de génocide, sauf lui. «Ce n’est pas au président de la République de dire si c’est un génocide, mais aux historiens». Le mot qui fâche, le mot interdit, le mot qui dérange, c’est bien celui-là : génocide. Il est encombrant. Trop lourd et trop définitif. Mieux vaut alors parler de «crise humanitaire» et de «famine organisée», c’est plus… digest, ça ne froisse pas trop Tel-Aviv, ni les Etats-Unis.

Et encore moins l’Europe qui continue de supplier Israël de bien vouloir écouter la voix de la raison. Sauf que la raison est enterrée sous les décombres de Jabalyia, où 25 personnes de plus ont encore été tuées à l’aube, mercredi 14 mai.

Voilà la réalité de Gaza : Israël bombarde, les Etats-Unis regardent ailleurs et la communauté internationale, inaudible, s’indigne timidement. Ce qui a poussé le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, à briser la solennité molle du Conseil de sécurité en hurlant sa colère : «Je peux vous dire, pour avoir visité moi-même ce qui reste du système de santé de Gaza, que la mort à cette échelle a un son et une odeur qui ne vous quittent pas (…) Nous avons informé ce Conseil en détails sur le mal fait de façon extensive aux civils dont nous sommes témoins chaque jour : mort, blessure, destruction, faim, maladie, torture, autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, déplacements répétés à large échelle (…)

Pour les morts et ceux dont les voix sont réduites au silence, de quelles preuves supplémentaires avez-vous besoin ? Allez-vous agir, de façon décisive, pour empêcher un génocide et assurer le respect du droit humanitaire international, ou direz-vous à la place «nous avons fait tout ce que nous avons pu ?».

Mais pendant que le monde tergiverse, Netanyahu, lui, déroule son plan meurtrier. Il annonce même, sans ciller, une nouvelle intensification des frappes pour «vaincre le Hamas». Et tant pis si cela implique de bombarder des hôpitaux, des écoles et des camps de réfugiés. Car, à ses yeux, chaque enfant tué est… un dommage collatéral. 

 

Par F.Z Ouriaghli

 

 

 

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