Par David William, Directeur des rédactions
Il semble utile de le rappeler : le coronavirus a fait des dégâts économiques et humains dont le monde ne se remettra pas de sitôt. Le Maroc compte au 29 avril à 10 H, 4.289 cas de contamination confirmés, pour 167 décès et 890 guérisons…
Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd. Et ce n’est pas pour rien qu’ici et ailleurs, on applaudit la rapidité avec laquelle a réagi le gouvernement marocain pour mettre en place des mesures strictes visant à éviter la propagation du coronavirus : fermeture des frontières, confinement, état d’urgence…
De nombreuses vies ont été certes épargnées, mais notre quotidien a littéralement et brutalement changé. Le confinement impose une autre vie sociale vécue très différemment d’un ménage à l’autre. Le silence bruyant des rues désertes contraste considérablement avec les tensions qui surviennent dans certains foyers. Sous certains toits, se jouent des drames : le confinement exacerbe les tensions familiales et fait exploser les violences conjugales.
C’est ce que révèle d’ailleurs la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF), qui annonce avoir reçu, du 16 mars au 24 avril, 240 appels téléphoniques de la part de 230 femmes des différentes régions du Royaume pour signaler des actes de violence pendant le confinement. Au total, 541 actes de violence ont été enregistrés contre des femmes, répartis entre les violences psychologiques (48,2%), économiques (33%) et physiques (12%), en plus de certains cas de violence sexuelle.
Globalement, la violence conjugale représente 91,7% des formes de violence durant le confinement sanitaire, suivie par la violence familiale (4,4%), note la Fédération. Mais à côté de ces femmes qui ont osé parler, dénoncer leur bourreau, il y a cette majorité écrasée par la honte et contrainte de murer au silence. Aujourd’hui, beaucoup de femmes vivent le martyre, sans bénéficier d’un soutien public adéquat, rendu encore plus difficile par le contexte d’état d’urgence sanitaire.
Confinement et violence, une double peine pour les femmes, qui couve cependant des drames sociaux que le Maroc risque de découvrir, effaré, aulendemain du déconfinement