Le mardi 20 juin, nous saurons ce qu’il en est de l’orientation imprimée à la politique monétaire par Bank Al-Maghrib. Attachée à l’exécution de sa mission régalienne, à savoir mettre l’ensemble des décisions qu’elle prend dans le but de préserver la stabilité des prix, avec comme point de repère un taux d’inflation autour de 2%, va-t-elle poursuivre le durcissement de la politique monétaire pour lutter contre l’inflation ?
Ou va-t-elle lâcher du lest ? Sur le marché, un consensus semble se dégager : une hausse du taux directeur de 25 points de base. Mais rien n’est acté, surtout que le prochain Conseil de la Banque centrale intervient dans un contexte qui n’est pas neutre, au regard des profondes divergences de vue entre BAM et le gouvernement au sujet de la dernière hausse du taux directeur, qui ont suscité stupéfaction et incompréhension dans le milieu des affaires.
Le politique a finalement réussi à parasiter l’indépendance de BAM, une institution qui s’est justement toujours attachée à prendre ses distances par rapport à l’arithmétique politicienne. Un parasitage qui fait que toute décision qu’elle va prendre en ce moment, risque de prêter foi aux mauvaises interprétations, voire à la polémique :
• une nouvelle hausse du taux directeur, même de 25 pbs, pourrait être interprétée comme un signe de défiance visà-vis du gouvernement, et amplifierait forcément le désaccord avec l’Exécutif;
• un statu quo au niveau du taux directeur, même s’il est justifié, serait perçu comme une faiblesse de BAM qui aurait cédé aux pressions du gouvernement, ce qui est un très mauvais signal donné à la communauté des affaires, aux investisseurs étrangers ainsi qu’aux bailleurs de fonds internationaux.
C’est dire que la situation est pour le moins délicate et place le gouverneur de BAM dans une posture peu confortable. Mais conduire la politique monétaire exige de pouvoir prendre les bonnes décisions au bon moment, sans avoir peur de froisser le gouvernement ou encore d’irriter les banquiers. Et sur ce registre, personne ne doute que Abdellatif Jouahri est un homme charismatique. Un homme de conviction, qui porte en bandoulière la mission fondamentale de la Banque : la stabilité des prix. Pour sûr, le prochain Conseil de BAM sera palpitant.
Par F.Z Ouriaghli