Alger broie du noir. Alger suffoque. S’étouffe. Bout de colère. Et ne digère toujours pas le réchauffement des relations entre Rabat et Madrid. Dans les couloirs du pouvoir algérien, l’on aurait évidemment préféré que le vent frais qui a circulé pendant un moment entre les deux pays amis ne s’adoucisse jamais. Mais voilà, au Maroc comme en Espagne, on a su faire preuve de grandeur d’esprit pour dépasser les différends et, surtout, effacer la distance politique pour coconstruire un partenariat renouvelé, basé sur la confiance et le respect.
Et si Madrid adhère aujourd’hui à la cause nationale, soutenant de façon franche et sans ambiguïté l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, qui reste la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend autour du Sahara, elle ne fait que s’inscrire dans la vérité historique. Cela, Alger ne veut ni l’entendre, encore moins le comprendre. Et ne digère surtout pas le revirement de l’Espagne, qualifié par Abdelmajid Tebboune d'«inacceptable moralement et historiquement».
«Nous avons de très solides liens avec l'État espagnol, mais le chef du gouvernement (Pedro Sanchez, ndlr) a tout cassé», estime le président algérien. Ce que Tebboune semble ignorer, c’est que l’Espagne est un Etat souverain qui, comme l’a si bien rappelé le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, dans un entretien à la radio privée «Onda Cero», a pris «une décision souveraine dans le cadre du droit international».
Non sans souligner sa volonté de ne «pas alimenter des polémiques stériles». Le chien aboie, la caravane passe. C’est dire que les gesticulations ridicules d’Alger laissent Madrid de marbre. Et traduisent le mal-être d’un régime très contesté par la rue algérienne et qui accumule les revers diplomatiques. En réalité, le problème du pouvoir algérien est qu’il avance avec des œillères, le nez sur le guidon et des boules quies dans les oreilles. Sans jamais prendre de la hauteur. Sans être dans la recherche de compromis.
Un régime qui est toujours dans les bras de fer et les rapports conflictuels. Un régime qui voit des ennemis partout. Mais ne nous méprenons pas ! Tout cela est fait de façon délibérée. Car cette diplomatie de l’absurde sert faussement d’argutie à Tebboune et à son cercle d’amis pour se maintenir au pouvoir, en se revendiquant patriotes au service de la collectivité.
Le peuple algérien est cependant loin d’être dupe et ne veut se laisser distraire par cette arithmétique : c’est pourquoi le Hirak a soufflé sa troisième bougie cette année, sur fond de grosse colère sociale.
Par Fatima Ouriaghli