Bovins, ovins et caprins dandinent allègrement. A côté d’eux, posent fièrement les tomates, poids chiches, carottes, courgettes et autres navets. On enverrait bien tout ce «beau monde» dans une marmite bouillante pour un succulent plat de couscous. Mais cela attendra. On leur accorde volontiers un répit, le temps que dure le Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM), ouvert mardi dernier et qui se prolongera jusqu’au 7 mai courant. Pour cette 15ème édition du SIAM, la bouffe va occuper une place centrale.
Logique me diriez-vous, car c’est l’essence même de ce Salon. Sauf que cette édition a une tonalité particulière, puisque l’enjeu n’est pas tant de faire voir au monde entier ce qui se fait de mieux dans le domaine agricole au Maroc, mais plutôt de voir comment produire mieux, et surtout plus. Plus pour assurer la sécurité alimentaire. Plus pour s’assurer une certaine souveraineté alimentaire.
Ce sont les enjeux du moment. Des enjeux auxquels sont confrontées toutes les économies du monde et auxquels il faut apporter des réponses adéquates. Les sécheresses de plus en plus récurrentes au Maroc, la pandémie liée au coronavirus, les crises géopolitiques comme la guerre en Ukraine et ses conséquences au niveau mondial ont suscité des tensions alimentaires telles qu’elles imposent une redéfinition profonde du modèle agricole du Royaume. Histoire de le rendre plus résilient. Histoire de le rendre moins dépendant de l’extérieur.
C’est pourquoi le thème choisi pour cette édition est «Génération Green : Pour une souveraineté alimentaire durable». Un thème d’autant plus d’actualité que cette quête de souveraineté sanitaire se heurte à une problématique sur laquelle le Maroc n’a pas véritablement d’emprise : les changements climatiques, qui confrontent le pays à des sécheresses de plus en plus récurrentes et de plus en plus sévères, accentuant son déficit hydrique. Cette année, la campagne agricole s’inscrit dans une séquence climatique de 5 années difficiles marquées par la succession des années sèches (4 sur les 5 dernières années).
Et au 27 avril dernier, la campagne agricole a enregistré un cumul pluviométrique de 207 mm, soit une baisse de 36% par rapport à une année normale (322 mm), mais une hausse de 13% par rapport à la campagne précédente (184 mm) à la même date. Au final, le Maroc devrait s’en tirer avec une production prévisionnelle des trois céréales principales estimée à près de 55,1 millions de quintaux contre 34,0 millions de quintaux en 2021/22.
Une production relativement faible et loin des anticipations contenues dans le projet de Loi de Finances 2023 (75 millions de quintaux). Aujourd’hui, plus que jamais, il faut changer de paradigme, au regard notamment des limites du modèle agricole actuel. Qui pénalisent et précarisent les agriculteurs, brident la croissance et ne permettent pas d’assurer la sécurité alimentaire.
Par F.Z Ouriaghli