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Stress hydrique: goutte à goutte

Stress hydrique: goutte à goutte

Le Maroc se trouve aujourd’hui confronté à un défi majeur, celui du stress hydrique. Cette problématique, complexe et multidimensionnelle, résulte de divers facteurs, notamment le changement climatique, la croissance démographique rapide et la surexploitation des ressources en eau.

La crise hydrique est une réelle problématique au Maroc. La variabilité climatique, exacerbée par le changement climatique mondial, se manifeste par des périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes et des précipitations irrégulières. Ces conditions météorologiques adverses ont des répercussions directes sur les ressources en eau, contribuant ainsi à la diminution des nappes phréatiques et à la faiblesse du taux de remplissage des barrages. Ainsi, la quantité moyenne d’eau par habitant a chuté de manière drastique, passant de 2.560 mètres cubes dans les années soixante à une estimation actuelle de 620 mètres cubes.

Les prévisions pour 2030 indiquent une réduction supplémentaire à 560 mètres cubes en raison de la croissance démographique continue. Selon le ministre de l’Equipement et de l’Eau, il y a «un recul structurel des ressources hydriques en raison des changements climatiques et de la hausse des températures moyennes, avec un recul des importations d’eau durant les dernières années à 14 milliards de mètres cubes». Ces chiffres mettent en lumière l’urgence de la situation et soulignent la nécessité d’une action immédiate.

La riposte du Maroc

Le gouvernement, conscient de l’ampleur du problème, a élaboré une stratégie nationale de l’eau pour atténuer les effets du stress hydrique. La mobilisation générale appelée par le gouvernement témoigne de l’engagement envers la gestion responsable des ressources en eau. La mise en œuvre accélérée des axes du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027 est un élément central de cette stratégie. Les investissements programmés ont été augmentés de 115 à 150 milliards de dirhams pour intensifier les projets destinés à garantir l’alimentation en eau potable.

Le PNAEPI se présente comme un cadre stratégique pour relever les défis urgents et futurs liés à la gestion des ressources en eau. Les hautes orientations royales ont placé ce programme au cœur des préoccupations gouvernementales, soulignant ainsi la priorité accordée à la sécurité hydrique du pays. Les résolutions de la 4ème réunion du comité de pilotage (COPIL) ont entraîné des ajustements nécessaires pour faire face au déficit hydrique. Dans ce sens, le Roi a présidé une séance de travail en mai 2023, soulignant l’importance stratégique du programme. Le développement des barrages occupe une place centrale dans la stratégie gouvernementale pour assurer la sécurité hydrique.

Actuellement, le Maroc dispose de 153 grands barrages d’une capacité totale de plus de 19,9 milliards de mètres cubes. Ces infrastructures jouent un rôle crucial dans la satisfaction des besoins en eau, qu’il s’agisse d’eau potable, industrielle, touristique, ou de l’irrigation à grande échelle. L’achèvement des travaux de construction de plusieurs barrages en 2023 représente une étape majeure dans le renforcement de la capacité hydrique du pays.

Parallèlement, le Maroc mise sur l’interconnexion entre les systèmes hydrauliques. La tranche urgente de l’interconnexion entre les bassins de Sebou et de Bouregreg a été réalisée cette année, pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable dans des zones clés telles que la région Rabat-Casablanca et le Grand Marrakech. Avec un débit de 15m3 /s pour un coût de 6 Mds de DH, cette opération permettra l’approvisionnement des populations de Rabat et de Casablanca en 300 à 400 millions de mètres cubes d’eau potable annuellement. En outre, le gouvernement, conscient de la nécessité d’explorer des solutions novatrices, a mis en place une feuille de route pour le dessalement de l’eau de mer. Des réunions entre les parties prenantes ont été tenues pour établir un échéancier précis de lancement et de réalisation des projets de dessalement d’ici 2027. Cette initiative ouvre de nouvelles perspectives pour diversifier les sources d’eau et garantir une réponse flexible aux fluctuations climatiques.

Chasse au gaspillage

Le gouvernement a décidé de faire la chasse au gaspillage et de mieux rationaliser l’utilisation de l’eau. Dans ce cadre, le rapport parlementaire du 18 juillet 2023 souligne l’importance de la révision de l’arsenal juridique encadrant la gestion de l’eau. Il met en avant la nécessité de reconsidérer l’exception au régime de concession d’eau à usage agricole, notamment dans les zones agricoles développées par l’État. Ce changement législatif vise à rationaliser l’utilisation de l’eau, à lutter contre le gaspillage et à renforcer la gouvernance de l’eau. Les recommandations du rapport vont au-delà de l’aspect juridique, insistant sur la création d’espaces verts adaptés au climat local, la sécurisation de l’utilisation de l’eau traitée pour l’irrigation, et le développement d’aménagements favorisant la connexion de différentes sources d’eau pour renforcer leur sécurité et efficacité.

Ces propositions illustrent la nécessité d’une approche holistique pour aborder la crise hydrique. Au-delà des actions gouvernementales, la crise hydrique appelle à une responsabilité collective. La sensibilisation de la population à l’importance de la gestion durable de l’eau est essentielle. A l’évidence, l’avenir hydrique du Maroc dépend de la mise en œuvre efficace des stratégies arrêtées, de l’innovation continue et de l’engagement de tous les acteurs pour garantir une sécurité hydrique durable.

 

 

 

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