A la COP21, Schneider Electric avait présenté des solutions intelligentes, telles que les bornes électriques qui seront également à l’entrée de la COP22. Elles ont déjà été accordées à l’Etat marocain. Pour l’Afrique subsaharienne, le groupe dispose d’un fonds d’investissement et d’accompagnement des entreprises naissantes sur les enjeux d’accès à l’énergie, de 54,5 millions d’euros. En marge du Sommet de l’innovation, organisé le 1er avril, Gilles Vermot Desroches, Directeur développement durable chez Schneider Electric, nous a éclairés sur les solutions du groupe et celles qui seront présentées à la COP22, en l’occurrence celles relatives à l’émission neutre en carbone à l’horizon 2030.
Finances News Hebdo : L’accès aux solutions du groupe Schneider permet certes une économie d’énergie, mais cela se traduit par des investissements importants. Comment cette économie d’énergie pourrait-elle compenser le coût de l’investissement pour une PME ?
Gilles Vermot Desroches : Il se trouve que la numérisation et tout ce qui est digital apportent des solutions tout aussi efficaces et qui, généralement, se rentabilisent très vite. Aujourd’hui, cet enjeu d’améliorer le confort et la sécurité tout en réduisant la consommation énergétique amène des solutions pas très coûteuses. Que ce soit en France ou en Europe, nous arrivons avec des solutions qui permettent de réduire la consommation d’énergie de 20 à 30% en investissant 5 euros/ m2. En ce qui concerne les solutions historiques de rénovation de bâtiment, de changement des vitres ou de façades d’isolation… nous tournons autour de 100 ou 300 euros le mètre carré. Cette offre numérique permet une amélioration de confort, de l’organisation, et ce avec un retour sur investissement de 4 à 5 ans, selon la nature des solutions. Une chose est sûre : le numérique a changé le mode de fonctionnement de plusieurs activités, notamment le transport, le tourisme, la communication… Aujourd’hui, le numérique pénètre même la maison, permet de consommer moins, et en plus il n’est pas trop cher.
J-P. Tricoire et Pierre-André Chalendar, respectivement présidents-Directeurs généraux de Schneider Electric (SE) et Saint-Gobain étaient les seuls qui, au mois de mai, ont présidé le «Business on climate summit» à l’Unesco. Un sommet qui a eu lieu six mois avant la COP21 et où les entreprises demandaient officiellement aux Etats de donner un prix au carbone. Jamais avant ce sommet de l’Unesco de 2015, l’ensemble des réseaux d’entreprises n’avait pris position pour demander pareille requête. Le but est justement d’encourager le basculement vers une économie bas carbone. D’où notre engagement à montrer des solutions intelligentes lors de la COP21 telles que les bornes électriques. Ces bornes seront également à l’entrée de la COP22. Elles ont déjà été accordées à l’Etat marocain qui souhaite mettre en avant le véhicule électrique.
F.N.H. : Le continent africain est celui qui pâtit encore plus du déficit d’énergie. Que fait SE pour y démocratiser l’accès et justement quelle est votre quote-part dans ce continent ?
G. V. D. : Effectivement, 600 à 700 millions d’individus en Afrique n’ont pas accès à l’électricité, à peu près le même nombre entre la population de l’Inde et celle d’Asie du Sud-Est. Nous prévoyons que dans les 5 à 10 prochaines années, la réponse sera apportée pour tout le monde dans l’Asie du Sud-Est et l’Afrique va vivre dans les 20 années prochaines une très forte croissance de sa population telle qu’elle n’a jamais existé, avec cette particularité : il y aura une croissance concomitante de la population rurale et urbaine. Parce que si l’on prend l’exemple de la Chine, la croissance de la population urbaine s’est faite au détriment de celle rurale.
SE avec l’ensemble de ses business unit a inventé des solutions technologiques pour permettre l’accès à l’énergie pour toutes ces populations dans des fourchettes de prix qui sont les leurs. Des solutions qui vont du petit réseau (lampe, panneau, capacité de charger son téléphone portable, ventilateur…) jusqu’ aux réseaux plus complets et plus complexes de village.
L’an dernier, SE a électrifié 5 millions de maisons, dont 1/3 en Afrique. Le groupe dispose, par ailleurs, d’un fonds d’investissement et d’accompagnement des entreprises naissantes sur les enjeux d’accès à l’énergie, basé à Nairobi (Kenya) et auquel ont contribué la plupart des grandes banques de développement (Banque européenne d’investissement, Banque de développement anglaise, AFD, Banque de développement des pays de l’OPEP… ). Il s’agit d’un fonds de 54,5 millions d’euros. Autre volet important est la formation qui s’avère indispensable pour penser, vendre, installer, maintenir… des solutions électriques. D’où ce programme de SE de formation (à tous les niveaux) d’un million de personnes en dix ans. A ce titre, le groupe est partenaire d’une école de techniciens supérieurs en Tanzanie, d’une école d’ingénieurs à Douala au Cameroun… qui permettent d’une part, à ces gens au bas de la pyramide de se frayer leur chemin et d’autre part de fournir les acteurs nécessaires à la bonne marche desdites solutions. Le programme d’accès à l’énergie de Schneider est à peu près complet avec une dimension sociale de formation, une dimension d’investissement pour accompagner toutes les start-up et puis une dimension de mise sur le marché de solutions vertes, efficaces pour permettre l’accès à l’électricité dans différentes dimensions, notamment celle du village isolé.
F.N.H. : A quelques mois de la COP22, quelles seront les solutions que SE va présenter durant cette messe internationale ?
G. V. D. : A la COP21, nous avons annoncé notre objectif d’une émission neutre en carbone à l’horizon 2030. A la COP22, nous montrerons nos engagements pour y parvenir. Il me semble que l’Etat français avait baptisé la COP21, COP des solutions, et le gouvernement marocain dit de la COP22, celle des concrétisations. SE exposera ainsi les solutions qui existent déjà, mais que nous avions implémentées davantage, des solutions de buildings intelligents, des solutions qui montrent que la réduction de la consommation de l’énergie n’est plus un rêve, mais une réalité. Nous avons également des solutions pour le pompage de l’eau en consommant le moins d’énergie possible et en étant le plus efficient possible. D’autres encore pour le dessalement de l’eau de mer avec moins d’énergie. La COP22 du Maroc est celle de l’Afrique, celle de l’eau, de l’accès à l’énergie… trois sujets sur lesquels SE a beaucoup d’ambitions.
Propos recueillis par Soubha Es-siari