◆ La disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables au Maroc est passée de 2.560 m3 / habitant/an en 1960 à près de 650 m3 / habitant/an en 2019.
◆ La dotation en eau pourrait chuter en dessous du seuil de pénurie situé à 500 m3 à l’horizon 2030
Par M. Diao
Plusieurs données officielles confortent le fait que le Maroc est sous la pression d’un contexte hydrique en proie à une tendance accélérée de tarissement des ressources en eau. A cette donne, s’ajoutent des périodes de sécheresse plus longues et fréquentes et des besoins en eau croissants.
Il ressort du document publié en décembre 2020 par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) intitulé : «Le Maroc à l’épreuve du changement climatique : situation, impacts et politiques de réponse dans les secteurs de l’eau et de l’agriculture», une chute drastique de la quantité d’eau prête à être utilisée au cours des dernières décennies.
Concrètement, la disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables au Maroc est passée de 2.560 m3/ habitant/an en 1960 à près de 700 m3/habitant/an en 2010, pour tomber à 650 m3/ habitant/an en 2019. Ce recul pour le moins inquiétant représente une baisse substantielle de 74,6%. Pire, le document récent alerte sur l’hypothèse selon laquelle la dotation en eau pourrait chuter en dessous du seuil de pénurie situé à 500 m3 à l’horizon 2030. Et ce, sous la pression démographique, conjuguée à l’impact du changement climatique sur les ressources en eau.
La surexploitation doigtée du doigt En plus de la raréfaction des ressources hydriques, les auteurs de l’étude soulignent que la situation du secteur de l’eau au Maroc est marquée par une surexploitation des ressources en eaux souterraines à travers les prélèvements excessifs. Chiffres à l’appui, la surexploitation est estimée à près d’un milliard de m3 par an d’eau non renouvelable. Il existe également d’autres griefs inhérents à l’utilisation des ressources disponibles, la valorisation et la gouvernance du secteur de l’eau.
Les pertes d’eau enregistrées dans les systèmes d’irrigation peuvent atteindre 40%. La faiblesse des rendements des réseaux de distribution de l’eau potable en milieu urbain pose également problème. L’étude mentionne aussi le retard enregistré dans l’équipement des superficies irrigables dominées par les barrages mis en service.
La gouvernance du secteur de l’eau est pénalisée par la multiplicité des intervenants, la faiblesse de la coordination et les moyens humains et financiers limités des agences de bassins hydrauliques. Un déficit de 2,3 milliards de m3/ an d’ici 2030 Sur le registre des projections à long terme, l’on note l’exacerbation de la concurrence pour la ressource entre les différents secteurs usagers. Ainsi, la demande relative à l’alimentation en eau potable industrielle et touristique enregistrerait une augmentation de près de 65% sur la période 2010-2030 contre 3% pour la demande en eau à usage agricole.
Les prévisions montrent aussi que l’augmentation future de la demande en eau au Maroc ferait passer le taux d’utilisation des ressources hydriques superficielles renouvelables de 50% en 2010 à 59% en 2030. Pour les eaux souterraines renouvelables, l’utilisation serait maintenue à un niveau élevé de près de 90%.
Enfin, s’agissant des projections du bilan ressource-demande en eau au Maroc, elles font ressortir un déficit de près de 2,3 milliards de m3/an à l’horizon 2030. L’étude révèle toutefois que ce déficit serait résorbé respectivement à hauteur de 1.751 millions de m3 par la mobilisation de ressources en eau de surface supplémentaires, 510 millions de m3 issus de la désalinisation et 325 millions de m3 provenant de la réutilisation des eaux usées épurées.