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Réforme de l’ANRE : une rôle dynamique ou consultatif ?

Réforme de l’ANRE : une rôle dynamique ou consultatif ?

Le marché mondial de l’énergie est en perpétuel mouvement. Il est essentiel que le Maroc se dote d’un régulateur capable de prendre de l’avance sur l’évolution du secteur et de répondre aux ambitions énergétiques du Royaume.

 

Par Désy M.

Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc amorce une transformation majeure de sa gouvernance énergétique. La réforme de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE), érigée en priorité nationale, marque une évolution de l’agence vers un rôle de «super régulateur», avec une extension de ses compétences au-delà de l’électricité. Désormais, elle couvrira des secteurs clés tels que le gaz naturel, l’hydrogène vert et les énergies renouvelables. Cette approche intégrée traduit une vision stratégique alignée avec les objectifs du développement durable, tout en assurant une régulation cohérente et adaptée à un secteur en pleine mutation. Le marché mondial de l’énergie est en perpétuel mouvement.

L’on constate plus d’innovations pour produire des énergies compétitives et bas carbone, plus de réglementation pour certifier l’origine renouvelable des énergies, plus de technologies pour gérer les réseaux énergétiques intelligents, plus d’enjeux financiersclimat avec l’introduction des crédits carbone dans les business plans des nouveaux projets énergétiques. Il est donc essentiel que le Maroc se dote d’un régulateur non seulement mature sur ces enjeux, mais surtout capable de prendre de l’avance sur l’évolution du secteur et de préparer le cadre réglementaire propice à la réalisation des ambitions énergétiques du Royaume, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Ceci en va également de son attractivité pour les investisseurs mondiaux.

Faisant un peu de pédagogie à ce sujet, le Dr Saïd Guemra, expert, consultant en énergie, affirme que la réussite de l’ANRE repose sur deux axes : son indépendance et sa capacité à évoluer en agence dynamique. Il explique qu’«un régulateur dynamique, contrairement à une agence statique, initie des programmes nationaux, tels que l’efficacité énergétique, et joue un rôle moteur dans la décarbonation, tout en garantissant l’équité entre les opérateurs». Il souligne également l’importance de l’indépendance de l’Autorité vis-à-vis des ministères, ce qui lui permettrait d’exprimer des avis libres et de gérer efficacement les défis liés à la libéralisation de l’électricité et aux projets d’hydrogène vert. L’Autorité, sous son format dynamique, et pas uniquement consultatif, peut apporter de grandes réponses avec des résultats mesurables, en matière d’efficacité énergétique et énergies renouvelables, affirme l'expert.

Des défis pour la nouvelle Autorité

Le Maroc avance sur ses objectifs climatiques. Selon le ministère de la Transition énergétique, en 2024, les énergies renouvelables représentent 45% du mix énergétique, et ce chiffre devrait atteindre 52% d’ici 2030. Cependant, Saïd Guemra souligne un défi majeur : l’équilibre entre les distributeurs et les producteurs d’énergies renouvelables. Actuellement, il existe des déséquilibres en faveur des distributeurs, freinant les petites installations en basse et moyenne tension. «L’ANRE devra résoudre cette équation pour dynamiser l’accès aux énergies renouvelables et libérer le potentiel énorme de l’efficacité énergétique», précise-t-il.

Pour les projets d’hydrogène vert en cours actuellement, l’ANRE, sous sa forme dynamique, aura un très grand rôle à jouer afin de préserver les intérêts du Maroc. L’alerte se situe au niveau du risque que ces projets bénéficient uniquement aux investisseurs étrangers. L’expert appelle donc à un modèle de co-développement vert, qui intègre une partie de la production au sein de l’économie nationale. De plus, le futur rôle de l’ANRE sera central dans la libéralisation du secteur électrique marocain. L’ouverture du marché pose plusieurs questions sur les tarifs et l’équilibre régional. Le régulateur devra s’assurer que cette libéralisation ne génère pas d’injustices, notamment dans les régions déficitaires qui pourraient être ignorées par le secteur privé. Tant d’attentes pour cette institution. Reste plus qu’à espérer qu’elle parvienne à concilier ses missions et son rôle consultatif afin d’être un moteur de la transition énergétique du Royaume.

 

 

 

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