La nomination de Scott Pruitt, un climatosceptique plus extrémiste que Donald Trump, à la tête de l’Agence américaine de protection de l’environnement, n’inspire pas confiance.
La communauté internationale retient son souffle en attendant de voir comment va se décliner la politique environnementale des Etats-Unis qui risque de changer les règles du jeu.
Sur les questions climatiques, la communauté internationale a peut-être crié victoire trop tôt. En effet, après l’euphorie de la signature de l’Accord de Paris et l’optimisme qui s’est installé suite à la ratification dudit Accord en un temps record, soit avant même la tenue de la COP22 à Marrakech, place désormais à l’incertitude et à l’appréhension.
Et pour cause, la victoire de Donald Trump, un climatosceptique, lors de la présidentielle des Etats-Unis (l’un des plus gros pollueurs au monde), risque de chambouler la trajectoire du processus de lutte contre les changements climatiques qui semblait être bien lancée. Un retour à la case départ en matière de négociations climatiques pourrait être envisageable, vu la position de l’homme d’affaires américain sur la question des changements climatiques qu’il avait définie de «canular entretenu par la Chine pour affaiblir l'économie américaine».
Le président élu avait même promis d’annuler lors de sa campagne électorale l'Accord de Paris. Et contrairement à ce qu’espéraient certains, D. Trump ne semble pas près de revoir sa position, même s’il ne l’a pas encore exprimée clairement. Pis encore, la nomination de Scott Pruitt, un autre climatosceptique, à la tête de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), en dit long sur la place qu’accordera le nouveau gouvernement américain aux questions climatiques.
Mais qui est donc Scott Pruitt ? Pourquoi sa nomination, encore faut-il qu’elle soit confirmée par le Sénat, fait- elle vaciller le monde ?
Très connu par ses prises de position contre les lois environnementales dans l’Etat de l’Oklahoma où il occupait le poste de procureur général, Scott Pruitt a toujours défendu les intérêts des entreprises pétrolières au détriment même de l’application des lois en vigueur. Des lois qu’il a toujours combattues, ce qui lui a valu des accusations de corruption. Plus grave encore, Scott Pruitt avait même poursuivi en justice l’EPA, institution qu’il devra diriger, pour mettre fin à des mesures de protection vitales pour la santé publique, des mesures de réduction des émissions de GES, de mercure, d’arsenic… Sans oublier les batailles juridiques qu'il a menées contre les politiques de Barak Obama sur le changement climatique.
D’où la question : comment un homme qui a consacré sa carrière à bloquer les lois environnementales et à faire barrière aux mouvements environnementaux se retrouve-t-il à la tête d’une institution qu’il a tant contestée ? C’est juste paradoxal.
La question aujourd’hui n’est pas uniquement de savoir si le gouvernement américain va honorer ses engagements en matière de réduction des émissions de GES, mais surtout si le pays de l’oncle Sam va mettre la main à la poche pour alimenter le Fonds vert pour le climat (FVC). Pas si sûr !.
C’est d’ailleurs la préoccupation principale des pays en voie de développement, à l’instar du Maroc, qui avaient cru voir le bout du tunnel, estimant que les puissances mondiales avaient enfin pris conscience du risque qui plane sur la planète à cause de l’activité humaine, mais aussi de leur responsabilité dans ce fléau du XXIème siècle. L’engagement des Etats-Unis en tant que deuxième pollueur après la Chine avait redonné espoir aux pays les plus touchés par les changements climatiques : espoir de vivre, de se développer et tout simplement d’exister.
Il faudra attendre début 2017 pour voir plus clair sur la politique environnementale des Etats-Unis. En attendant, les différentes parties qui se sont engagées dans le cadre de l’Accord de Paris, continuent de travailler avec l’espoir de voir les Etats-Unis respecter leurs obligations dans la lutte contre les changements climatiques.
L. Boumahrou