Après trois ans de souffrance due à la pollution de l’air par une poussière noire, qui a obligé les habitants de Kénitra à s’en accommoder malgré eux et à prendre les mesures nécessaires pour éviter le noircissement forcé du linge et des différents compartiments de leurs foyers et de leurs milieux de fréquentation, l’Association du Gharb pour la protection de l’environnement (AGPE) a pris l’initiative de défendre le droit des Kénitris pour un air propre, et ce en adoptant une stratégie de plaidoyer multi facettes.
A cet effet, des appels téléphoniques et des contacts directs avec le président de la commune ont eu lieu depuis le début du phénomène en 2011, et en janvier 2012. Des lettres officielles ont été adressées en janvier 2014 par l’AGPE au Wali de la région pour, d’une part, le sensibiliser aux conséquences néfastes d’une telle pollution et, d’autre part, solliciter son intervention personnelle pour en savoir la cause et ipso facto lui trouver les remèdes appropriés en vue de l’éradiquer une fois pour toutes.
Malheureusement, et en dépit de ces correspondances et de ces contacts, nous avons remarqué avec stupeur l’arrêt temporaire et puis la reprise intermittente de cette pollution. Face à cette situation, et à la montée au créneau des habitants de la ville, nous avons jugé incontournable l’adoption d’une nouvelle approche.
Consciente de la nécessité d’adopter un mouvement civique novateur, l’AGPE, suite à des concertations internes approfondies, a tracé un plan d’action à trois dimensions :
• la protestation : appel de la population au port du masque le 12 février 2014.
• la dimension médiatique : par le contact avec l’ensemble des médias conventionnels (Radio, TV et journaux) et les médias non-conventionnels par des contacts via les réseaux sociaux et la réalisation d’une vidéo.
• la revendication : à travers une pétition qui a été distribuée auprès d’une frange importante de la population.
Cette campagne baptisée «Tekhne9t», qui signifie littéralement «Je ne peux respirer ou j’étouffe», a connu une réussite sans précédent. Elle a été très bien suivie à travers les médias classiques et ceux électroniques. Presque tous les journaux nationaux ont, à plusieurs reprises, traité du problème de la pollution de l’air à Kénitra en évoquant souvent la campagne «Tekhne9t».
Cette campagne a été le précurseur d’une série de décisions prises par le nouveau Wali de la région et par la ministre déléguée chargée de l’Environnement, qui ont d’ailleurs réagi positivement au mouvement de l’AGPE, en adoptant ces mesures :
• mise en marche de la station de mesure de la pollution de l’air, en veille depuis 4 ans,
• lancement de nouvelles campagnes de mesure de cette pollution par des stations et la mise en place d’un laboratoire mobile pour mesurer la qualité de l’air ambiant de la ville de Kénitra, dans trois sites différents et un site de référence.
• mise en place d’une Commission technique mixte, supervisée par le Conseil municipal de la ville et composée des services concernés pour déterminer l’origine de la pollution. Ainsi, le 17 janvier 2014, cette commission a fait appel à un laboratoire spécialisé pour procéder à des analyses de cette poussière dont un échantillon a été remis à un laboratoire de la Gendarmerie royale. Les démarches ont été rapportées à la MAP par le chef du service environnement à la commune urbaine de Kénitra (Khadija Ahayoun);
• mise en oeuvre de la loi 13-03 relative à la qualité de l’air, notamment l’instauration de la Commission de l’air où les ONG doivent institutionnellement être représentées.
Les résultats des analyses de l'air de la ville de Kenitra ont révélé les conclusions suivantes :
• les valeurs moyennes mesurées des SO2, O3 et CO des sites choisis sont inférieures à celles préconisées par la réglementation nationale;
• les valeurs moyennes mesurées des matières particulaires en suspension (MPS) sur les sites 2 et 3 sont légèrement supérieures à la valeur limite;
• les valeurs enregistrées au niveau du site 1 dépassent largement la valeur de la norme;
• pas de résultats pour l’échantillon de la poussière noire objet de la campagne «Tekhne9t».
En interprétant ces résultats, on peut déduire que l'augmentation des taux de particules fines dans l'air est un facteur de risques sanitaires (maladies cardiovasculaires, altération des fonctions pulmonaires, cancer du poumon et diminution de l’espérance de vie).
Les nanoparticules ne sont pas suivies ou très mal mesurées, mais elles pourraient avoir des impacts similaires ou plus graves.
Toutes les «matières particulaires» sont désormais classées cancérogènes pour l'homme (Groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Pour la nature et l’origine de la poussière noire, le combat de l’AGPE va se poursuivre jusqu’à ce que la vérité qui dérange éclate au grand jour, et que l’article 27 de la Constitution soit pris en considération par les décideurs ; car c’est en nous unissant société civile et politiques que nous pourrions bâtir le Maroc de demain et contribuer à l’amélioration du climat mondial.
La campagne «Tekhne9t», qui a finalement donné ses fruits, peut être considérée comme un exemple inédit d’activisme associatif civique.
Bio express
Docteur en Sciences de l’environnement, Mohammed Benyakhlef est auteur de plusieurs articles scientifiques en analyse et traitement des eaux et en pollution liquide industrielles. Activiste associatif, Mohammed Benyakhlef est membre du bureau politique du Parti de la gauche verte marocaine (PGVM), directeur de l’environnement. Membre du Conseil national de l’Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre (AESVT Maroc), il est également président de l’Association marocaine pour la protection des aires marines et le développement durable (AMP Maroc) et Secrétaire général de l’Association du Gharb pour la protection de l’environnement (AGPE Kénitra), membre du GDT/WWF oeuvrant pour la politique européenne de voisinage (PEV) avec le Maroc dans le domaine de l’environnement.
Conseils pratiques
Autobronzant fait maison
Parmi les produits cosmétiques les plus vendus en été, figurent en bonne place les crèmes et huiles pour bronzage. Pour consommer propre, vous pouvez fabriquer vous-même votre crème à base de produits 100% naturels. Voici une recette à préparer chez vous. Mélanger dans un bol un jaune d’oeuf, deux cuillères à soupe de yaourt nature, cinq cuillères à soupe d’huile à la carotte et cinq gouttes d’huile essentielle de carotte. Verser le tout dans un vaporisateur à l’aide d’un entonnoir et appliquer la crème une fois par jour, en massant, de manière uniforme, après avoir fait un gommage. Laisser reposer 15 à 20 minutes puis rincer sans frotter. A noter, toutefois, que cette préparation ne peut être conservée que trois jours à cause du jaune d’oeuf et du yaourt.
Brève
Schneider Electric et Cisco s’allient
Schneider Electric, spécialiste mondial de la gestion de l’énergie et des automatismes, vient d’annoncer son partenariat avec Cisco, leader mondial des réseaux. L’objectif de ce partenariat est de proposer des technologies avancées de systèmes de contrôle réseaux à ses clients. Cisco accompagne les industriels dans leurs transformations en connectant ce qui ne l'est pas. Schneider Electric s’appuiera ainsi sur les technologies éprouvées de Cisco pour enrichir ses solutions d’automatismes industriels. En accueillant Cisco au sein du programme Collaborative Automation Partner (CAPP), Schneider Electric associe ses technologies de pointe dans les réseaux industriels à une plateforme de référence au bénéfice de ses clients dans plus de 200 pays. Schneider Electric et Cisco partagent la même philosophie, consistant à apporter des solutions technologiques pour répondre aux besoins de chacun de leurs clients. Les deux entreprises se réjouissent des avantages de ce partenariat.