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GNL : Le Maroc va-t-il rattraper son retard ?

GNL : Le Maroc va-t-il rattraper son retard ?

Le port de JORF LASFAR 01Malgré les négociations avec trois pays, à savoir les Etats-Unis, la Russie et le Qatar, aucun contrat de longue durée d’achat de GNL n’a été conclu jusqu’à présent. L’appel à manifestation d'intérêt pour le développement du projet «Gas to power» (phase II) a été lancé par l’ONEE le 28 décembre, avec un retard de 6 mois par rapport à l’agenda prévu. Le retard de l’introduction du GNL n’est pas sans conséquence.

Conscient de sa vulnérabilité le Maroc a fait le choix de concocter un mix énergétique lui permettant de réduire sa dépendance des marchés internationaux, de garantir son approvisionnement énergétique et de répondre à ses besoins croissants en électricité.

Un bouquet qui consacre une part importante aux énergies renouvelables ainsi qu’au gaz naturel liquéfié (GNL), dont la part sera portée de 16% à 31% à l’horizon 2025.

Le GNL, énergie d’avenir étant donné qu’il coûte 40% moins cher que l’énergie à base de fuel ou de charbon, est considéré comme étant l’un des piliers fondamentaux de la concrétisation du défi que le Royaume s’est lancé, à savoir la transition et l’intégration énergétique. 

Malgré l’importance de ce chantier d’envergure, la mise en oeuvre de la feuille de route de l’introduction du GNL, lancée en décembre 2014, accuse du retard.

En effet, la première partie du plan de développement «Gas to power» (phase 1 du plan) relative à l’approvisionnement n’est toujours pas bouclée, contrairement au planning établi vers avril 2015. Certes, les négociations sont entamées depuis quelques mois avec trois pays, à savoir les Etats-Unis, la Russie et le Qatar, toutefois aucun contrat de longue durée d’achat de GNL visant à sécuriser l’approvisionnement du Maroc en gaz, n’a été conclu jusqu’à présent. Sans l’achèvement de cette phase cruciale, la mise en oeuvre de ce plan risque d’être ralenti.

Ce qui n’est pas sans conséquence aussi bien sur le plan économique que sur la concrétisation des contrats. En effet, sur le plan économique, cela représente un manque à gagner non négligeable, puisqu’un projet de 3 millions de tonnes de GNL par an ferait économiser à l’Etat 500 millions de dollars, soit l’équivalent de 27 millions de barils de pétrole. 

Autre contrainte et pas des moindres, la particularité des contrats d’approvisionnement de gaz naturel qui, contrairement aux autres sources, ne se développent en amont que lorsqu’il y a une demande équivalente. Cependant, la grande majorité des producteurs de GNL ont déjà vendu toutes leurs productions à l’avance. Ce qui implique que le Maroc ne pourra se projeter dans des projets futurs que dans les 4 à 5 années à venir.

Les pouvoirs publics en action 

Pour relever ce défi, les pouvoirs publics s’activent afin de promouvoir ce plan. Une délégation marocaine comprenant le Secrétaire général du ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, le Directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et des experts du secteur énergie du ministère, enchaîne les visites pour convaincre les investisseurs potentiels de l’enjeu à investir dans ce secteur. Rappelons que le secteur représente des opportunités d’investissement estimées à 4,6 milliards de dollars. De quoi aiguiser l’appétit des investisseurs potentiels. Il faut dire aussi que ces derniers, conscients des enjeux de l’introduction du GNL au Maroc, se frottent les mains depuis un certain temps et n’attendent que le feu vert.

Le coût du retard 

Malgré la volonté des différents intervenants pour accélérer l’aboutissement de ce chantier d’envergure, l’introduction du GNL rencontre toujours des obstacles. Récemment, le ministre de tutelle, Abdelkader Amara, qui intervenait à la Chambre des représentants, a annoncé une modification de l'échéancier fixé pour la réalisation du mégaprojet du gaz naturel liquéfié, qui nécessite une enveloppe de 20 milliards de dirhams. Le ministre a toutefois annoncé que l’appel à manifestation d'intérêt pour le développement du projet «Gas to power» (phase II) avait été lancé par l’ONEE le 28 décembre. Non sans accuser un retard de 6 mois par rapport à l’agenda. 

Les sociétés intéressées par l’appel d’offres pour le développement, la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance du projet «Gas to power», devront déposer leurs dossiers d’expression d’intérêt au plus tard le 25 mars 2016.

Cette étape est cruciale dans la mise en oeuvre du projet, qui permettra de répondre aux besoins du Maroc en gaz naturel, estimés à près de 5 milliards de m3 à l’horizon 2025. 

Toute une logistique à mettre en place

L’infrastructure du GNL à construire devrait être dimensionnée pour couvrir le scénario de demande élevée 2020-2025, et permettre une augmentation rapide de capacité si besoin après 2025. Elle se compose de :

• Un terminal onshore d'importation de GNL à Jorf Lasfar;

• Un gazoduc reliant le terminal de Jorf Lasfar, Kénitra-Casablanca et le gazoduc Maghreb-Europe (GME);

• Une infrastructure de stockage;

• Plusieurs réseaux régionaux de distribution, en fonction de la demande industrielle/résidentielle.

L’organisation et la régulation du système gazier marocain seront élaborées, en se basant sur les retours d’expérience internationaux et les spécificités du plan gazier marocain. La construction des infrastructures nécessitera environ 5 ans.

Lamaie Boumahrou

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