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Fellah online :Le Maroc utile, le Maroc «inutile»

Fellah online :Le Maroc utile, le Maroc «inutile»

C’est une notion que nous avons apprise depuis le primaire. Le maréchal Lyautey, en bon colonisateur  qu’il était, a cherché à optimiser le pays sur le plan géographique. Par un simple tracé d’Oujda à Agadir, il a divisé le Maroc en deux entités. L’une, dite utile, regorgeant de terres arables et fertiles, dispose de côtes maritimes, de ressources halieutiques et minières, et jouit d’un climat tempéré permettant le développement de plusieurs activités au niveau de l’agriculture, de l’industrie et des services. L’autre est pauvre et démunie de richesses. Tous les investissements de la France, depuis le début du protectorat jusqu’à l’indépendance, étaient destinés à favoriser la région utile, délaissant pour longtemps l’autre Maroc aride et hostile.

Aujourd’hui, malgré les efforts déployés et les programmes de développement, le Maroc continue de payer les frais de ces inégalités régionales. Les zones les plus enclavées sont les plus pauvres. L’histoire du village d’Anefgou, dans le Moyen-Atlas, qui est resté coupé du monde pendant plusieurs semaines lors de la période des neiges, nous donne une idée sur cette problématique. Ce scénario se répète chaque année. Il faut dire qu’il y a plusieurs «Anefgou» dans ce Maroc «inutile». Sauf que ce village a eu la chance d’être médiatisé et d’être soutenu par la société civile... Contrairement à bien d'autres.

Dans ces lieux, il y a encore des gens qui vivotent dans la pauvreté absolue avec moins de 10 DH par jour. Outre un revenu miséreux, cette population ne dispose pas encore du strict minimum pour affronter les difficultés de la vie : pas de route, ni d’école, ni de dispensaire et encore moins un raccordement au réseau national de l’eau et de l’électricité. 

Les opérateurs télécoms qualifient ces régions de zones blanches car elles ne sont pas couvertes par le réseau à cause de l’absence de rentabilité. Les habitants doivent parcourir des kilomètres pour pouvoir téléphoner. En cas d’urgence, c’est le parcours du combattant sinon il faut subir le diktat du fatalisme.

Il y a quelques années, le Maroc a lancé l’Initiative nationale du développement humain (INDH). C’est une action certes louable, empreinte de bonne volonté, mais ses effets restent limités en l’absence de véritables programmes de grande envergure qui mobilisent tous les acteurs concernés privés et/ou publics sur le long terme. 

Il faut commencer d’abord par les infrastructures de bases qui sont la plate-forme de la croissance.

A l’instar des grands chantiers nationaux, ces régions marginalisées doivent bénéficier à leur tour d’une attention particulière. Elles présentent plusieurs atouts au niveau de l’écotourisme, la culture des produits du terroir ou de l’artisanat, mais elles ont besoin d’un accompagnement adéquat. Une fois ces objectifs réalisés, le Maroc «inutile» ne sera plus qu’une partie de l’histoire. 

c.jaidani@financenews.press.ma

 

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