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ENTRETIEN : La COP22 n’est que le début d’un long processus

 ENTRETIEN : La COP22 n’est que le début d’un long processus

7614bbf6 a526 11e6 8e4c a42cebe8ae29 originalMettre en place de nouveaux mécanismes de financement innovants qui accompagneraient également une approche de partenariat public-privé est impératif pour pouvoir financer les projets en Afrique.

Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères, et président du Comité de pilotage de la COP22, précise que le Maroc veillera à mettre en place un mécanisme d’accélération de projets durant l’année de sa présidence.

Finances News Hebdo: A la plus grande surprise de tous, l’Accord de Paris est entré en vigueur en un temps record, soit avant même la tenue de la COP22. Dans quelle mesure cette nouvelle donne va-t-elle influencer les négociations ?

Salaheddine Mezouar: Les négociations vont continuer, puisque de nombreux points n’ont pas été totalement réglés dans le cadre de l’Accord de Paris, notamment la feuille de route du financement qui doit être clarifiée, la question des pertes et préjudices et bien d’autres.

Toutefois, les négociations se poursuivront dans une approche différente, en gardant à l’esprit qu’il faut des solutions pour pouvoir répondre à l’urgence d’agir, ce dont tout le monde aujourd’hui est conscient.

L’état d’esprit des négociateurs a également évolué. Notre approche avec les négociateurs depuis que nous avons pris en charge le dossier en tant que président rentrant, a énormément aidé. Cela est dû au fait que nous avons été facilitateur, et avons amené, à travers ce mot d’ordre qui est l’action, que nous avons affirmé depuis le premier jour, les négociateurs à être naturellement dans la facilitation pour aller vers l’objectif d’accélération.

F.N.H.: Le Maroc a fait le choix de défendre lors de cette COP non seulement ses intérêts, mais également ceux de l’Afrique, continent le plus touché par les changements climatiques. Comment le Royaume s’est-il préparé pour relever ce double challenge ?  

S. M.: Tout d’abord, les intérêts du Maroc sont liés à ceux de l’Afrique. Compte tenu de son engagement, le Royaume porte cette ambition africaine ainsi que les défis du continent. Il veut ainsi être précis dans cette démarche en travaillant sur des initiatives concrètes, notamment celles relatives à l’agriculture, avec la mise en place des mécanismes de financement.

C’est aussi tout le travail réalisé aux côtés de la présidence française sur les énergies renouvelables, la forêt, le renforcement des capacités à travers la création d’un réseau d’expertise internationale, la transition technologique pour faciliter l’accès aux pays en développement, la question urbaine et tous les problèmes liés à la ville….

C’est pour dire que le Maroc apporte sa contribution, ses idées, ses initiatives… Notre objectif est que, durant l’année de notre présidence, qui a démarré le 7 novembre, nous puissions déjà initier des projets concrets, finaliser ceux en cours et faire en sorte que ce terme «action» se traduit effectivement durant cette année.

F.N.H.: Pour rebondir sur la question du renforcement des capacités, l’enjeu pour notre pays lors de cette COP22 est de pouvoir figurer parmi les pays bénéficiaires de la manne financière qui sera destinée aux pays en voie de développement pour faire face aux changements climatiques. Disposons-nous aujourd’hui de projets mûrs et bancables pour s’imposer comme force de proposition ?    

S. M.: Nous avons certes des projets identifiés, mais il y a encore du travail à faire. Puisqu’en vertu des exigences financières, pour être bancable, un projet doit répondre à tous les critères de rentabilité, mais également de garantie. Jusqu’à aujourd’hui, le financement des projets est un financement classique, à savoir des mécanismes multilatéraux et des institutions financières qui sont liés aux budgets des Etats, et donc à une limitation budgétaire. Je pense qu’il faut aller vers de nouveaux mécanismes de financement innovants qui accompagneraient également une approche de partenariat public-privé (PPP).

Il faut dire que bon nombre de projets en Afrique ne pourront pas être financés par les Etats. D’où l’importance du PPP, qui requiert la mise en place d’un cadre réglementaire clair offrant les garanties nécessaires.

Nous travaillons également sur un mécanisme d’accélération des projets clairement identifiés que nous allons mettre en œuvre durant l’année de notre présidence pour démontrer qu’avec ce mécanisme, la mise en œuvre des projets peut aller beaucoup plus vite.

Propos recueillis par L. Boumahrou

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