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Economie bleue : Un relais de croissance négligé

Economie bleue : Un relais de croissance négligé

merLe Maroc figure parmi les premiers pays africains à s'être engagés en faveur d'une économie verte. Malgré son importance pour l’émergence de notre pays, l’économie bleue n’arrive toujours pas à attirer l’attention des pouvoirs publics.

La transition vers une économie verte est, depuis quelques années, au coeur des débats économiques et poli­tiques à l’échelle mondiale. Et pour cause, les consé­quences du changement cli­matique, qui se font de plus en plus ressentir, imposent cette migration qui recèle des opportunités de création de richesses et d’emplois très importantes. Au niveau régional, le Maroc figure parmi les premiers pays africains à s'être enga­gés en faveur d'une éco­nomie verte, fondée sur les principes de faibles émissions de carbone, d’efficacité des ressources et d'inclusion sociale. Elle constitue l’une des solutions à la crise éco­nomique et aux changements climatiques que connaît notre pays. Le Maroc a également une autre carte à jouer, à savoir celle de l’économie bleue. Malheureusement, la question ne figure toujours pas dans l’agenda du gou­vernement. Pourtant, elle devrait être l’une des priorités étant donné que le Royaume a tous les atouts pour tirer profit du marché de l’économie bleue à fort potentiel. Avec 3.700 Km de côtes et un littoral diversifié et composé de la mer Méditerranéenne au Nord et de l'océan Atlantique à l'Ouest, le Royaume dis­pose d'atouts indéniables en termes de ressources halieu­tiques.

Quid de l’économie bleue ?

Ce concept, très peu connu, voire pas du tout dans notre pays, est issu de l’initiative Rio +20 pour une économie verte. Cette notion, élaborée par Gunter Pauli, industriel belge, se situe à la jonc­tion de l’écologie industrielle. L’approche vise à utiliser de l’eau (mer, rivière) et des pro­duits de la mer en s’inspirant du bio-mimétisme comme facteur de développement social, économique et cultu­rel, dans une perspective analogue à l’agriculture bio­logique. La finalité de cette approche est d’améliorer le bien-être de l’homme et de renfor­cer l'équité sociale, tout en réduisant considérablement les risques environnemen­taux et les insuffisances éco­logiques. En plus des prin­cipes de l’économie verte, l’économie bleue est conçue pour refléter les conditions et les besoins des petits Etats insulaires en dévelop­pement (PIED) et des pays côtiers dont l’essentiel des ressources pour l'avenir est localisé en mer. En effet, cette approche offre les moyens nécessaires pour une utilisation plus rationnelle des ressources halieutiques.

L’économie bleue, pas encore dans l’agenda

Sur le plan national, le Maroc a lancé en 2009 le Plan Halieutis 2020 dont l’objec­tif est de préserver les res­sources halieutiques et l’éco­système marin, en vue de renforcer sa position parmi les pays fournisseurs du mar­ché mondial en produits de qualité. Sauf que la notion d’une éco­nomie bleue ne figure pas dans ce plan. Pourtant, lors de la Semaine Bleue, organi­sée récemment par le minis­tère portugais de l'Agriculture et de la Mer, le Maroc a été signataire d'une déclaration rappelant la responsabilité partagée et l'engagement des pays participants pour la pro­motion de l'économie bleue et le développement durable des océans, en partenariat avec les acteurs concernés. Une déclaration qui stipule également la promotion de l'investissement dans ce domaine, à travers l'encoura­gement de nouveaux investis­sements et projets. Malgré cet engagement, la question de l’économie bleue ne suscite toujours pas l’inté­rêt des pouvoirs publics.

L’enjeu pour le Maroc

L’enjeu d’une économie bleue pour notre pays est de taille pour la restauration de la biodiversité des ressources renouvelables et pour la bonne gestion de l'extraction des ressources. A noter que l’économie bleue ne concerne pas uniquement les ressources maritimes mais aussi les ressources minérales des fonds marins. Avec des prospections pétro­lières de plus en plus impor­tantes au large de nos côtes, l’adoption de cette approche devient inévitable puisqu’elle permet de réduire les impacts négatifs de telles activités dans les limites des seuils de tolérance des éco­systèmes, tout en permettant au pays d'accéder à toute la gamme des ressources de l'océan. Le rapport 2015 de l’Institut royal des études stratégiques (IRES) a d’ail­leurs recommandé de faire de l’économie bleue le socle du choix de politiques publiques et du développement territo­rial du Maroc.

Le Maroc compte sur l’appui de la FAO

Pour accompagner et aider ses pays membres, la FAO a lancé l'Initiative en faveur de la croissance bleue. L’objectif est d'aider les pays à élaborer et à mettre en oeuvre des programmes visant à restaurer le potentiel des océans et des zones humides, grâce à l’introduction d’approches responsables et durables qui réconcilient la croissance économique et la sécurité économique avec la conservation des écosystèmes et des ressources aquatiques. Cette assis­tance est inscrite dans le cadre de programmation par pays 2013-2016, signé entre le Maroc et la FAO visant l’amélioration de la pêche en harmonie avec les normes d'exploitation durable des ressources halieutiques et figure aussi dans les objectifs stratégiques de la FAO (SO2). L’appui de la FAO à travers le «TCP Facility» pourra développer et promouvoir dans les sphères décisionnelles et opérationnelles l’économie marocaine (secteurs public et privé). L’initiative per­mettra aussi d’intensifier et d’améliorer, de manière durable, l’apport de biens et de services issus des pêches et autres secteurs en interface.

L. Boumahrou

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