Abdelilah Benkirane a consacré la première partie de la séance orale mensuelle sur la politique du gouvernement à la Chambre des conseillers à la COP22 qui se tiendra à Marrakech en novembre prochain. C’est officiel, Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, présidera la COP22.
Le compte à rebours pour la tenue de la COP22, que le Maroc abritera du 7 au 18 novembre prochain à Marrakech, a commencé. Cet événement d’envergure à dimension internationale requiert la mobilisation de toutes les composantes de la société afin de relever ce challenge et être à la hauteur des attentes. Une manifestation d’une extrême importance non seulement pour l’image du Maroc à l’international mais aussi pour l’économie marocaine. Rappelons que plus de 30.000 visiteurs seront attendus à Marrakech durant 10 jours. C’est ce qu’a rappelé le Chef de gouvernement lors de la séance orale mensuelle sur la politique du gouvernement à la Chambre des conseillers. «Avec l’impulsion royale et l’implication de tous les intervenants (gouvernement, partis politiques, société civile, associations, etc. le Maroc ne pourra que réussir l’organisation de cette manifestation internationale», a souligné Benkirane. Il a également annoncé le nom du président de la COP22 qui n’est autre que Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.
Un choix normal, selon le chef de l’Exécutif, comme cela fut le cas pour la COP21 à Paris qui a été présidée par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères français.
En réponse à une question sur les enjeux de la tenue de la COP22 sur l’affaire du Sahara, Benkirane a nié catégoriquement que l’objectif de l’organisation de cette manifestation soit politique rappelant que la cause nationale est gagnée davantage puisque que le Maroc est dans son droit et l’Histoire le confirme.
L’organisation de la COP22 n’est que la confirmation de l’engagement du Royaume pour la lutte contre le changement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La volonté du pays à jouer un rôle dans cette cause planétaire n’est plus à démontrer. Rappelons que le Maroc a entamé depuis quelques années une politique énergétique qui consacre une part importante au développement des énergies propres visant à réduire sa dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et des émissions de CO2.
Benkirane n’a pas manqué l’occasion également de rappeler les avancées enregistrées dans ce domaine. «Le processus de la transition énergétique que le Maroc a entrepris depuis 2009 a connu un nouvel élan lors de la COP 21 lorsque SM le Roi a annoncé que la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique allait être porté à 52% à l’horizon 2030, au lieu de 42% à l’horizon 2020», a-t-il précisé.
La COP22 sera l’occasion de promouvoir ce secteur à très fort potentiel en vue d’inciter les investisseurs étrangers à l’investir.
L'oeil de l'expert
Le Maroc et les défis de la COP22 de Marrakech
Dans mes précédents articles sur la COP21 tenue à Paris, j’avais évoqué successivement son bon démarrage, les difficultés d’entente sur les sujets les plus sensibles et enfin la présentation analytique de l’Accord conclu. Afin de donner aux lecteurs une information complète, cette série d’articles ne peut se terminer sans aborder la COP22, qui aura lieu à Marrakech en novembre prochain. L’objectif est de montrer l’intérêt qu’elle présente pour notre pays, son objectif de définition des mécanismes de mise en oeuvre des principes retenus dans l’Accord et enfin son organisation.
Je voudrais dire aux lecteurs qui douteraient de l’intérêt de l’organisation de la COP22 au Maroc que cet événement est aussi grand que multidimensionnel. En effet, c’est une excellente opportunité pour i/ Faire connaitre, d’une part, notre modèle de démocratie participative renforcée par la volonté de suivre la voie de la régionalisation, et d’autre part, notre modèle de développement durable appuyé par la constitutionnalisation de notre engagement en vue de contribuer à la sauvegarde de notre planète en protégeant notre environnement naturel et l’intérêt des générations futures; ii/ Renforcer les échanges d’expériences avec les autres pays dont l’expertise scientifique et technologique; la coopération avec l’Afrique étant prioritaire; iii/ Mieux stimuler les investissements étrangers souhaités par notre pays, notamment dans les énergies renouvelables, et ce en tirant les meilleurs profits des 100 milliards de dollars d’aides financières prévues par l’Accord de Paris; iv/ La promotion de notre secteur touristique.
Concernant les objectifs de la COP22, il est à signaler qu’elle aura la charge principale de définir de la manière la plus précise possible les plans d’action devant conduire à la mise en oeuvre, avec la performance souhaitée, des principes retenus dans l’Accord de Paris. A ce titre, on peut se poser au moins les trois questions fondamentales suivantes : i/ Comment créer les conditions les plus favorables pour que l’Accord soit effectivement universel et ratifié par tous les pays, notamment les plus pollueurs et ceux qui ont exprimé des réticences par rapport au principe d’un «accord juridiquement contraignant» ?; ii/ Comment inciter les pays à proposer des réductions d’émissions de gaz à effet de serre suffisantes pour atteindre le plus tôt possible l’objectif de limiter l’augmentation de la température à 1,5°C ?;iii/ Comment soutenir le mieux possible, techniquement et financièrement, les pays en voie de développement à s’acquitter de leurs obligations dans le cadre du principe des «Responsabilités communes et différenciées» ?
Au sujet de l’organisation de la COP22 à Marrakech, il est important de rappeler que le pays pourra recevoir autant de participants qu’à Paris, soit environ 40.000 personnes. Indépendamment des tâches de la logistique et de la sécurité qui reviennent à qui de droit, nos négociateurs sont appelés à se préparer sérieusement pour jouer leur rôle d’aboutir à des propositions de solutions qui recueillent l’approbation de toutes les délégations présentes : à Paris, tout le monde reconnaît qu’une grande part de la réussite de la COP 21 revient au 1er responsable de la manifestation, à savoir le ministre des Affaires étrangères et à son équipe. A cet effet, la société civile marocaine est appelée à jouer un rôle important en vue de faire adhérer les citoyens à cet événement et de créer les meilleures conditions pour le déroulement des manifestations de leurs homologues venant des différents continents.
Comme dans mon précédent article, je voudrais conclure en soulignant que la COP22 ne doit pas être une fin en soi, mais une opportunité pour que sa préparation durant l’année 2016 soit une occasion de mettre concrètement en oeuvre notre vision et notre stratégie de développement durable.
Lamiae Boumahrou