Le compte à rebours de la COP23 a commencé. Plus que quelques semaines pour la reprise des négociations climatiques, mais aussi pour prendre le pouls du niveau d’engagement des pays, notamment émergents. Un rendez-vous très attendu par les Etats les plus vulnérables et les plus exposés aux risques climatiques qui, comme nous l’avons récemment constaté avec les ouragans Irma et Maria, ne font que s’amplifier.
Le 4ème dialogue régional de l’Afrique sur les Contributions déterminées au niveau national (NDC) qui s’est tenu récemment à Rabat, a donc été l’occasion de (re)mettre l’accent sur les priorités du continent et de sa population qui subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. L’occasion également de rappeler qu’en plus des efforts individuels que chaque Etat a consentis, il est impératif de consolider les efforts collectifs pour mieux défendre les intérêts de l’Afrique.
Dans son mot d’ouverture, Nezha El Ouafi, secrétaire d’Etat chargée du Développement durable, a invité les participants à «fournir des recommandations sur les priorités d’appui pour faire face aux lacunes et satisfaire les besoins en matière de renforcement des capacités pour l’implémentation des NDCs».
Un appel adressé particulièrement aux collectivités territoriales responsables des secteurs en lien avec l’atténuation des émissions et l’adaptation, ainsi qu’au secteur privé qui a un rôle fondamental à jouer dans cette guerre contre le changement climatique.
Une guerre à laquelle il faut se préparer par le renforcement des capacités pour une meilleure mise en œuvre des NDCs en Afrique, la mise en place d’un cadre de gouvernance intégrée, le montage de projets bancables qui soient recevables sur le plan technique, économique et financier.
Et c’est là où le bât blesse. En effet, la question des financements climatiques n’est toujours pas tranchée. Aucune visibilité n’est apparue, surtout après l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris. Pourtant, l’urgence est de mise, surtout que l’engagement des pays en voie de développement dans le cadre des NDCs repose sur le déblocage des financements climatiques. C’est la raison pour laquelle la COP23, qui se tiendra à Bonn (Allemagne) du 6 au 17 novembre, doit hisser l’adoption de la feuille de route financière du climat en priorité absolue. «Malgré les efforts déployés par le Maroc, qui se sont traduits par une feuille de route claire de mise en œuvre de ses NDCs, articulée autour de 52 projets structurants pour la réalisation des efforts d’atténuation et d’adaptation chiffrés, nous restons convaincus que les ambitions globales pour assurer la mutation dictée par l’Accord de Paris, nécessitent un financement climatique conséquent et appellent à une coopération renforcée, matérialisée par un transfert de technologie, un partage de savoir-faire et un renforcement des capacités», a précisé la ministre. Et d’ajouter, que ce point est fondamental car il est le moteur de la mise en œuvre des NDCs et, par conséquent, de l’entrée effective de l’Accord de Paris.
Mais en attendant d’y voir plus clair, les pays africains ne perdent pas espoir. Une convention de partenariat a d’ailleurs été signée en marge de cet évènement entre le Centre de compétences sur le changement climatique du Maroc (4C) et l’Association des cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLU Afrique). L’enjeu est, entre autres, de soutenir et faciliter la mise en oeuvre des NDCs au niveau des territoires; développer des outils et méthodes pour concevoir, mettre en œuvre, assurer le suivi et évaluations des actions et projets de lutte contre le changement climatique et former et renforcer les capacités impliquées dans la réalisation des NDCs, notamment les élus et cadres des gouvernements locaux et régionaux. ■
L. Boumahrou