Avec plus de 600 participants, la délégation marocaine à la Conférence des parties pour les changements climatiques, dite COP21, est parmi les plus importantes.
Elle comprend tous les profils : administrations publiques, secteur privé, corps élus et bien sûr la société civile bien représentée par une centaine de membres appartenant principa-lement à l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable et au Conseil national des droits de l’Homme. De plus, la délégation est bien visible grâce aux diverses activités qu’elle entreprend. La plupart des ministres ont répondu présents et ont animé des conférences ouvertes au public. Bien évidemment, la ministre déléguée chargée de l’Environnement est omniprésente. On doit souligner également le dynamisme de la société civile qui s’est attachée princi-palement à faire connaître le Maroc, mais également, à établir des contacts afin que ses homologues soient présents à Marrakech, à la COP22, fin 2016. Ces activités ont certaine-ment donné quelques idées aux négociateurs officiels pour défendre le dossier du Maroc et les cas similaires de pays en développement, victimes des changements climatiques. Qu’en est-il alors des résultats des négocia-tions ? A l’heure actuelle, il semble que les négociateurs ont soumis à leurs ministres deux projets d’accord, avec énormément de «crochets» appelant leurs arbitrages. Le pre-mier dit «Sans regret» revendiquant un objec-tif ambitieux de réduction de la température à 1,5°C, le deuxième dit «Paquet de 3°C». On mesure ainsi les divergences de vues entre les différentes délégations et les difficultés de trouver des solutions communes. Donnons quelques exemples en se rappor-tant aux points les plus importants du projet d’accord : i/ Concernant les ambitions de réduction des émissions des gaz à effet de serre, il semble que la plupart des pays sont d’accord pour 2°C, mais les Etats insulaires menacés par le relèvement du niveau de la mer, demandent de se limiter à 1,5°C. ii/ Concernant l’épineux problème du finance-ment, le chiffre de 100 Mds $ est retenu, mais les pays développés (PD) demandent la participations des pays en développement (PED), proposition refusée catégoriquement par ces derniers, qui demandent même que ce montant soit régulièrement augmenté au fil des années et que la part de l’adaptation soit assez conséquente. L’Union européenne, cherchant une issue entre les deux positions, demande aux PED de participer uniquement aux actions d’adaptation et non à celles de l’atténuation. iii/ Concernant la question de la contrainte, les PED réclament que l’accord soit juridiquement contraignant, réclamation que les USA refusent. La balle est actuellement dans le camp des ministres. Espérons qu’ils seront à la hauteur de leurs responsabilités, qu’ils sauront enle-ver tous les crochets qui marquent les diver-gences de vue avant la fin de la semaine et, surtout, qu’ils donnent au Maroc un accord clair permettant de déterminer facilement les mécanismes de sa mise en oeuvre lors de la COP22 à Marrakech. En tout état de cause, il semble que les multinationales l’attendent avec impatience pour développer leurs investissements dans les énergies renouvelables.
Bio express
Abdelhadi Bennis, ancien ingénieur géné-ral supervisant les structures locales d'encadrement des agriculteurs au sein du ministère de l'Agriculture, membre de l’Association Ribat Al Fath pour le Développement Durable à Rabat et Président du Club Environnement.