L’intégration du Maroc dans la mondialisation requiert non seulement des réformes structurantes, des initiatives audacieuses, des projets économiques et sociaux, mais aussi une mise à niveau du tissu économique. Pour s’imposer à l’international et booster les exportations, les entreprises marocaines doivent s’aligner sur les standards et les normes internationaux afin de renforcer leur compétitivité, talon d’Achille de l’économie marocaine.
Les sociétés qui se démarquent aujourd’hui sont celles qui ont planifié des démarches managériales innovantes pour améliorer leur qualité, renforcer la sécurité au travail, mais aussi pour protéger l’environnement.
La prise de conscience des enjeux environnementaux est aujourd’hui l'un des thèmes qui s'imposent dans les débats actuels. Le développement durable et la protection de l’environnement ne sont pas uniquement du ressort de l’Etat, mais de la responsabilité de toutes les composantes de la société.
Le secteur industriel est l’un des plus concernés, dans la mesure où sa responsabilité dans la dégradation de l’environnement n'est plus à démontrer (émission de gaz à effet de serre, déchets industriels…). Aujourd’hui, réduire et maîtriser les impacts environnementaux à travers la mise en place d’un système de management environnemental (SME) à travers la certification ISO 14001 permet à l’entreprise de jouer non seulement son rôle d’acteur citoyen en diminuant ses rejets, mais aussi de réduire les coûts de production.Â
D’après une étude réalisée par l’Afnor en 2008, les entreprises ayant opté pour un SME enregistrent en moyenne une baisse de 10 à 15 % de leurs consommations d’eau et d’énergie, des gains de 20 à 70% sur la consommation de gaz et de fioul, ainsi qu’une meilleure gestion des déchets. Un retour sur investissement sûr qui devrait inciter les entreprises à s’inscrire dans cette démarche. Mais, qu’en est-il des entreprises marocaines? Sont-elles sensibilisées aux enjeux économiques et environnementaux d’un tel processus ?Â
En réalité, non. Les entreprises sont à la traîne en matière de mise en place d’un système de management de l’environnement. Preuve en est, seules 50 sociétés sont certifiées ISO 14001. Pire encore, d’après un auditeur de la place, celles qui sont certifiées ou ont entrepris ce processus, sont soit des multinationales, soit des fournisseurs d’entreprises qui exigent cette certification ou encore des entreprises exportatrices.
Plusieurs contraintes expliquent cette faible adhésion. Il y a d’abord le coût financier qui reste le principal frein, sachant que le tissu économique national est essentiellement constitué de PME, soit 95%. C’est ce que confirme un chef d’entreprise (50 employés) qui souligne qu’entreprendre un processus de SME n’est pas une priorité pour l’entreprise. «Il faut que le gouvernement mette en place des mécanismes de financement pour accompagner les entreprises souhaitant se mettre à niveau sur le plan environnemental», précise-t-il.
Pour avoir une idée sur le coût, et d’après les estimations de notre auditeur, la certification ISO pour PME peut atteindre 36.000 DH. Ce montant varie en fonction de la taille de l’entreprise.Â
Outre le volet financier, d’autres contraintes expliquent cette situation, notamment celles relatives à la réglementation (contraignante et inaccessible), à la délivrance des autorisations…Â
Â
Â
L'oeil de l'expert
Â
De la promotion du système de management environnemental
Actuellement, il est admis que la performance de toute institution, quelle que soit sa nature, passe par l’adoption d’un système de management qui respecte les prescriptions de base relatives au concept du développement durable et de ses composantes économique, socioculturelle et environnementale.Â
Plusieurs systèmes existent permettant de répondre aux exigences spécifiques de chaque institution, et chaque système dispose de son indicateur défini par un organisme international (ISO : International standard organisation) et adapté par un organisme national (Service de normalisation industriel au Maroc : Snima).Â
Malgré les dispositions prises par les pouvoirs publics, l’effectif des entreprises certifiées au Maroc reste très faible. Pour ne parler que des entreprises certifiées pour l’environnement, leur nombre atteint actuellement à peine la quarantaine contre environ 5 au début des années 2000. Elles occupent la 2ème place après les entreprises certifiées pour la qualité qui sont plus dominantes.Â
Les nouvelles dispositions prises par le Maroc, se rapportant à la constitutionnalisation du droit à l’environnement et au développement durable et à la promulgation d’une loi cadre pour la mettre en oeuvre, sont de nature à donner un nouveau souffle à la promotion du système de management environnemental (SME) et à la certification ISO 14001.
Ce nouveau souffle s’impose d’autant plus que le SME permet d’améliorer la performance et la compétitivité économique de l’entreprise. En effet, et pour faire simple, le SME consiste à faire sortir d’une quantité donnée de matière première et des autres intrants rentrés dans l’usine (ou institution), le maximum de produits finis et le minimum de déchets solides, gazeux et liquides. Soulignons que l’adoption d’un SME introduit, en réalité, dans l’institution des améliorations de la gouvernance en termes d’organisation, de planification, de mobilisation des ressources humaines, de respect des lois et règlement, de gestion de l’information… Ce nouveau dynamisme fait que les investissements réalisés pour mettre en oeuvre le SME sont rapidement amortis (plusieurs études le montrent).
Le SME s’impose également, puisqu’il peut s’appliquer à toutes sortes d’institutions telles que l’industrie, l’agriculture, la pêche, la forêt, et tous les services comme le tourisme, le transport, les banques...Â
Il peut même s’appliquer à un espace donné comme une commune, une ville ou une région.
Enfin, il s’impose d’autant plus qu’il est fortement appuyé par les organismes internationaux, dont les bailleurs de fonds.
Â
L’appel est donc lancé pour une mobilisation générale afin de promouvoir largement et partout le SME et la certification ISO 14001. Cet appel s’adresse particulièrement au ministère délégué chargé de l’Environnement, ainsi qu’aux autres départements ministériels concernés, dont le ministère chargé de l’Industrie qui assure la tutelle du Snima, et le ministère chargé de la Recherche et de l’Enseignement supérieur. Il s’adresse également à toutes les organisations professionnelles, dont notamment la CGEM et les chambres professionnelles élues et les organismes certificateurs. Il s’adresse enfin à toutes les organisations de la société civile devenues, de par la Constitution, parties prenantes et responsables dans le développement du pays.Â
Â
Â
Conseils pratiques
Â
Profitez de votre jardin sans gaspiller d’eau
Â
Pour les plus chanceux notamment ceux qui ont un jardin, voici quelques astuces pour réduire votre consommation d’eau et par conséquent votre facture. Evitez l’utilisation de l’eau potable pour jardiner. Installez un système de récupération des eaux de pluie ou l’eau du puits si possible afin de bénéficier d’une source d’eau gratuite et renouvelable. Optez également pour l’utilisation d’un système d’arrosage de goutte-à-goutte ou un tuyau poreux qui permet de réguler la pression, et donc la quantité d’eau distribuée en limitant son ruissellement. Enfin, privilégiez l’arrosage le soir afin d’éviter l’évaporation trop rapide due au soleil.
Â
Lamiae Boumahrou