Pays émergents et préémergents : Le FMI plutôt favorable aux achats d’actifs par les banques centrales

Pays émergents et préémergents : Le FMI plutôt favorable aux achats d’actifs par les banques centrales

   Les programmes d’achat d’actifs ont permis de faire baisser les rendements des obligations d’État sans entraîner de dépréciation du taux de change, et ont fini par réduire les tensions sur les marchés, conclut le FMI dans son dernier rapport sur la stabilité financière publié en octobre.

 

Afin d’atténuer les tensions sur les marchés obligataires et monétaires intérieurs, de nombreuses banques centrales de pays émergents ont eu recours à des interventions sur le marché des changes et, pour la première fois, à des achats d’actifs.

Selon le FMI, plutôt favorable aux achats d’actifs ponctuels et intégrés dans des matrices plus globales de politique monétaire, les achats d’actifs pourraient avoir un rôle à jouer à l’avenir, à condition que les risques qu’ils présentent fassent l’objet d’une évaluation constante.



Incidence positive

« Après pratiquement six mois d’assouplissement quantitatif dans les faits, il ressort de notre analyse que ces achats ont eu une incidence généralement positive sur les marchés financiers locaux », lit-on dans le rapport. Fait important, cela s’est vérifié même en tenant compte des baisses des taux directeurs, du volume élevé d’achats d’actifs supplémentaires effectués par la Réserve fédérale et du regain sensible d’appétence pour le risque à l’échelle mondiale.

Les achats d’actifs par les banques centrales des pays émergents ont en particulier permis de réduire les rendements des obligations publiques sans que les monnaies locales ne se déprécient en parallèle. Ils ont aussi progressivement contribué à apaiser les tensions sur les marchés locaux.

 

Une mesure durable ?

Au-delà de l’actuelle pandémie, le bilan positif des achats d’actifs pourrait inciter les banques centrales de davantage de pays émergents à faire des mesures non conventionnelles de politique monétaire une composante essentielle de leur panoplie d’instruments, surtout lorsque leur marge d’action dans le cadre de la politique conventionnelle est restreinte. « Les achats d’actifs peuvent convenir à certaines banques centrales, en fonction de leur capacité à les réaliser avec succès et de l’état du marché. Toutefois, les dirigeants devraient se pencher sur les avantages et sur les gros inconvénients potentiels de l’assouplissement quantitatif ».

 

Des risques à maitriser  

 Dans l’hypothèse d’un recours régulier aux achats d’actifs à l’avenir, surtout s’ils sont massifs et illimités, plusieurs risques pourraient survenir : la crédibilité des institutions et banques centrales pourrait être fragilisée, les pressions sur les sorties de capitaux pourraient s’accentuer, surtout dans les pays dont les paramètres fondamentaux sont moins solides, et les investisseurs pourraient redouter une domination de la politique budgétaire. Selon le FMI, ces risques doivent être évalués avant que les banques centrales ne commencent à changer la nature de leurs politiques et leur mise en œuvre.

Davantage d’efforts à fournir

En résumé, le FMI écrit dans son rapport que « les programmes d’achat d’actifs des pays émergents peuvent être utiles, mais une évaluation plus poussée s’imposera à mesure que davantage de données sur leur efficacité seront disponibles, surtout si ces achats se poursuivent. »

Les premiers enseignements du FMI 

Les achats d’actifs semblent être plus efficaces lorsqu’ils s’inscrivent dans le cadre d’un éventail plus large de mesures macroéconomiques.

La transparence et une communication limpide sont indispensables pour minimiser les risques que font peser les achats d’actifs sur la crédibilité des banques centrales, en particulier dans les pays dotés d’institutions plus fragiles. Dans la plupart des cas, la durée et l’ampleur des programmes d’achat d’actifs devraient être limitées et ceux-ci devraient être liés à des objectifs bien définis.

Enfin, les achats devraient de préférence être effectués sur les marchés secondaires. En effet, les achats sur le marché primaire ou à des taux inférieurs à ceux du marché peuvent perturber le processus de détermination du juste prix des obligations et faire craindre que les banques centrales sacrifient leur mission de stabilité des prix afin de financer les pouvoirs publics (domination de la politique budgétaire).

 

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