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Au lendemain de l'élection présidentielle américaine, le président républicain Donald Trump a lancé mercredi ce qui pourrait devenir une guérilla judiciaire pour faire invalider des bulletins qu'il estime frauduleux malgré l'absence de preuves, alors que son adversaire démocrate Joe Biden a acquis une légère avance dans plusieurs Etats-clés.
L'équipe de campagne du républicain a annoncé qu'elle demanderait un recomptage des voix dans le Wisconsin, où Joe Biden le devance de moins de 1% du total, selon des résultats officieux mais quasi-complets. Le président lui-même avait menacé dans la nuit de mardi à mercredi de saisir la Cour suprême, jetant un doute supplémentaire sur l'intégrité du système électoral américain déjà fragilisé par une persistante campagne de désinformation.
Pour la première fois depuis 2000, les Américains ne connaissaient pas le nom de leur prochain président au lendemain du scrutin. La participation a été record, notamment par correspondance, et le dépouillement pourrait durer quelques jours dans certains des Etats-clés qui décideront du nom de celui qui prêtera serment le 20 janvier 2021.
"Notre démocratie est mise à l'épreuve dans cette élection", a déclaré le gouverneur de Pennsylvanie, Tom Wolf, appelant à la patience.
L'issue finale pourrait toutefois commencer à se dessiner dès mercredi. Trois Etats-clés (Michigan, Wisconsin et Géorgie) ont indiqué que des résultats complets devraient être communiqués avant la fin de la journée. Dans d''autres (Pennsylvanie, Nevada), il faudra sans doute attendre jeudi ou vendredi, en raison du volume de bulletins restant à compter.
Au terme d'une longue campagne d'une virulence exceptionnelle, perturbée par la pandémie, les résultats partiels montrent du reste que le dirigeant républicain n'a pas subi la répudiation électorale que les sondages présageaient, prouvant que, même s'il était battu, sa base d'électeurs lui reste largement fidèle. Le milliardaire a dénoncé un ratage d'ampleur "historique" chez les sondeurs.
"Hier soir j'avais une bonne avance, dans de nombreux Etats-clés", a tweeté Donald Trump mercredi matin. "Puis, un par un, ils ont commencé à disparaître magiquement avec l'apparition et le comptage de bulletins surprise".
Il n'y a pas de bulletins surprise démontrés, mais des bulletins envoyés par courrier et traités lentement par les autorités. Ils viennent majoritairement d'électeurs démocrates, ce qui explique qu'ils aient fait fondre l'avance initiale du président, dont les électeurs ont privilégié le vote en personne mardi.
Mercredi en milieu de journée, Joe Biden avait engrangé une légère avance dans le Wisconsin (0,6%) et le Michigan (0,9%), ce qui lui ferait frôler la victoire. Donald Trump était en avance en Pennsylvanie, en Géorgie et en Caroline du Nord.
"Nous ne nous accorderons aucun répit jusqu'à ce que chaque bulletin de vote soit compté", a tweeté l'ancien vice-président de Barack Obama.
Sa directrice de campagne s'est dite sûre de la victoire, certaine des réserves de voix dans les bulletins restants. Et l'équipe Biden a mis au défi Donald Trump de saisir la Cour suprême, jugeant invraisemblable d'exclure des voix simplement parce qu'elles n'ont pas été comptées le jour de l'élection.
"Il risque l'une des défaites les plus embarrassantes qu'un président ait jamais subies devant la plus haute juridiction du pays", a assuré Bon Bauer, avocat du camp Biden.
Jamais autant d'Américains n'avaient participé à l'élection présidentielle depuis que les femmes ont le droit de vote: 160 millions d'électeurs ont voté, soit une participation estimée à 66,9%, contre 59,2% en 2016, selon le US Elections Project, plus encore qu'en 2008 quand Barack Obama avait été élu.
Nombre d'Etats ont été débordés par le déluge de bulletins envoyés par correspondance, encouragés en raison de la crise sanitaire. Ouvrir les enveloppes et scanner ces bulletins va prendre dans certaines villes plusieurs jours, en particulier à Philadelphie, fief démocrate.
Et si la justice s'en mêlait, comme en 2000, "cela pourrait durer des semaines", a dit mercredi à l'AFP Ed Foley, spécialiste du droit électoral à l'Ohio State University.
Avec AFP.