La gouvernance, des réglementations saines et la disponibilité des données de marché et de prix aident les gestionnaires de fonds africains dans leur décision d’investir dans d’autres marchés africains, selon une étude menée auprès de 50 gestionnaires d’actifs africains pour le compte du Projet de Liaison des Echanges Africains (AELP). Les principaux facteurs influençant leurs choix quand il s’agit de nouveaux marchés sont : la réglementation des marchés (pour 91 % des répondants), suivie par la réglementation imposée aux investisseurs et la disponibilité des données des prix et du marché (avec chacune 90 %).
Parmi les autres critères clés qui aident les gestionnaires de fonds à choisir où investir, on peut citer : les niveaux des prix de transaction, l’efficacité des exécutions et des commissions (86 %), la qualité des sociétés et des opportunités d’investissement (également à 86 %), des critères institutionnels, sociaux et de gouvernance (84 %), et la disponibilité des études (80 %). Les trois-quarts des investisseurs ont répondu être réticents à investir dans des marchés de petite taille et illiquides ou dans ceux dont les valorisations sont excessives. La moitié des répondants seulement ont indiqué décider d’investir dans une société en se basant sur sa politique des dividendes, alors que la valorisation et la gouvernance ont été les facteurs les plus cités.
Les gestionnaires d’actifs au Nigeria et dans les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest sont les plus optimistes quant aux perspectives pour les économies africaines. Il est sorti de l’étude de l’AELP que 97 % des gestionnaires d’actifs nigérians participants se disent optimistes quant au futur du continent, avec un actif moyen sous gestion de 364 millions de dollars, suivis par les gestionnaires d’actifs francophones avec 85 % et qui ont en moyenne 416 millions de dollars d’actifs sous gestion. La moyenne de tous les répondants, dont quelques gestionnaires sud-africains, était de 4,1 milliards de dollars d’actifs sous gestion.
L’optimisme était également de mise parmi les gestionnaires d’actifs participants de l’Ile Maurice (80 % se disant optimistes), du Maroc (73 %), de Nairobi et d’Égypte (avec chacun 65 % des répondants se disant optimistes). Près de la moitié des répondants (46 %) gèrent des actifs avec des horizons d’investissement sur cinq ans et 23 % d’entre eux sur trois à cinq ans.
Commentant l’étude, le Dr Edoh Kossi Amenounvé, Président de l’ASEA a déclaré : « Les résultats de l’étude confirment le haut degré de professionnalisme des gestionnaires de fonds africains usant de normes et de critères mondialement reconnus dans leur prise de décision. Cela est très rassurant pour le succès de l’initiative AELP ».
L’enquête s’est proposé d’évaluer l’attrait des différents marchés d’investissement au sein de l’AELP, qui regroupe sept grandes places boursières africaines dans le but de renforcer les liens en matière de négociation, d’investissement et d’information. L’AELP fournit une plateforme technologique pour relier les courtiers, de sorte qu’un courtier sur une place boursière puisse envoyer les ordres des investisseurs à un courtier sur une autre place boursière pour exécution.
Pour rappel, l’AELP est une initiative conjointe de l’Association des Bourses de Valeurs Africaines (ASEA) et de la Banque Africaine de Développement (BAD) visant à débloquer les flux d’investissement panafricains, promouvoir les innovations qui favorisent la diversification pour les investisseurs et s’attaquer aux problèmes de profondeur et de liquidité des marchés. L’initiative est financée par le Fonds fiduciaire de coopération économique Corée-Afrique (KOAFEC) par l’intermédiaire de la Banque africaine de développement.
L’AELP regroupe ainsi : la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM, comprenant huit pays de l’Afrique de l’Ouest), la Bourse de Casablanca, la Bourse d’Égypte, la Bourse de Johannesburg, Nairobi Securities Exchange, Nigerian Stock Exchange et la Bourse de Maurice.
Selon les marchés participants, les échanges transfrontaliers entre leurs sept places ont totalisé 1,1 milliard de dollars en 2019, et se sont élevés à plus de 500 millions de dollars au premier trimestre 2020. Les actifs « titres africains côtés » entre ses places offrent des investissements en capital dans plus de 1050 entreprises, parmi lesquelles les entreprises les plus prometteuses et les plus rentables d’Afrique ainsi que des leaders mondiaux. Les investisseurs peuvent également acheter ou vendre des obligations, des fonds négociables en bourse (ETF pour exchange-traded funds) et des produits dérivés s’ils sont cotés dans les bourses participantes.
L’ASEA soutient l’intégration économique africaine et la zone de libre-échange continentale africaine. L’AELP favorisera la libre circulation des capitaux et des investissements.
Quid des investisseurs institutionnels marocains à la Bourse de Casablanca
À la Bourse de Casablanca, pour les investisseurs institutionnels marocains, les secteurs les plus porteurs sont (dans l’ordre) : les produits de la consommation courante, la consommation discrétionnaire, l’énergie, les services financiers et l’industrie.
Par ailleurs, pour investir en bourse, ce profil d’investisseurs prend en compte le niveau de valorisation, la croissance du secteur, la liquidité et la politique de distribution des dividendes.
Cela dit, en raison du manque des titres disponibles sur le marché qui se fait de plus en plus sentir, le projet AELP peut constituer une alternative d’investissement et de diversification intéressante.
Pour notre part nous sommes plutôt optimistes quant au développement de l’économie africaine. Sur une échelle de 1 à 5, nous pouvons nous situer à 3,6.