Les agences bancaires sont considérées comme "nécessaires au quotidien des citoyens" et font donc partie de ces établissements qui ne peuvent pas fermer durant l'état d'urgence sanitaire. Et bien que la totalité des banques du Maroc ait pris des mesures pour limiter le risque de contamination parmi leurs employés et leurs clients, il a été remarqué une montée des craintes auprès du personnel, mesurée par la multiplication des congés dans le réseau depuis le début de la crise sanitaire.
Au front
Alors que leurs collègues dans les filiales spécialisées et dans les sièges sociaux sont pour beaucoup en télétravail, les salariés des agences sont eux en contact quotidien avec les clients, avec le risque de contamination.
Les banques ont pourtant mis en place une série de mesures pour les protéger : réduction des horaires de travail, limitation du nombre de clients à l'intérieur des agences, désinfection au moins quotidienne des locaux... Certains centres d'affaires ont même adopté le travail à mi-temps.
Mais cela n'a semble-t-il pas réduit la frustration de ces collaborateurs tenus d'accompagner les mesures prises par le GPBM, concernant notamment la suspension temporaire des échéances de crédits et toute la paperasse qui l'accompagne.
Les banques sont sollicitées quotidiennement pour aider les bénéficiaires et doivent impérativement rester opérationnelles pendant cette période délicate.
Jusqu'à 3.000 DH de prime
Pour encourager leurs troupes, certaines banques ont décidé de casser leurs tirelires. Selon notre sondage non exhaustif, au moins 3 banques ont sauté le pas. Elles offrent à leurs salariés des primes exceptionnelles allant de 1.000 à 3.000 DH. En France, cette «prime de mobilisation» a été dictée par une recommandation du gouvernement à des secteurs comme la grande distribution et le secteur bancaire, mais elle est loin d'être généralisée pour le moment. Elle a pour objectif de compenser le risque pris par le salarié.
Reste à savoir si les primes de risque seront généralisées auprès de toutes les banques, une demande que le personnel qualifie de légitime dans le contexte actuel.
Année difficile pour la rémunération variable
Par ailleurs, les banquiers s'attendent à une faible rémunération variable en 2020. Cette fois-ci, ce sont tous les salariés des banques qui sont concernés : qu'ils soient dans le réseau, banquiers d'affaires ou même traders en salles des marchés, la rémunération variable risque de fortement chuter puisque les objectifs seront difficiles, voire impossibles à atteindre dans le contexte actuel.
A cela s'ajoute le modeste rendement des différents plan d'intéressement à la performance et qui se sont multipliés depuis 2 ans pour renforcer les fonds propres des banques. Les grands groupes financiers ont en effet sollicité leur personnel dans le cadre d'augmentations de capital, mais vu que les cours de Bourse des banques sont en chute (le secteur perd 26% de sa valorisation depuis le début de l'année), il ne faudra pas compter sur ce patrimoine à court terme pour les banquiers qui ont la possibilité de vendre leurs actions.
En plus, les dividendes futurs risquent d'être maigres, de quoi limiter les tombées de cash qui arrivent généralement au début de l'été.
A.H