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Transition énergétique : où en est le plan solaire marocain ?

Transition énergétique : où en est le plan solaire marocain ?

À l’échelle globale, l'énergie solaire continue de croître à un rythme impressionnant, atteignant 593 GW d’ajouts solaires pour cette année, soit une augmentation de 29% par rapport à 2023.

 

Par Désy M.

Leader régional dans la production d'énergie solaire avec sa notoriété acquise grâce au projet Noor Ouarzazate, le Maroc peine à maintenir sa position dans la course mondiale à l’énergie solaire. Selon le rapport 2024 d'Ember, le Royaume n'apparait ni dans les 15 pays en tête de l'installation de capacités solaires en 2024, ni dans les marchés émergents recensés. Cette nouvelle, bien que défavorable pour le pays, n’est pas surprenante, selon les experts. Amin Bennouna, spécialiste de l’énergie, déplore le fait que le Royaume ne soit pas mieux classé sur la scène internationale, mais affirme que cela est relativement normal.

Il explique que «le Maroc est bien classé dans le monde au niveau de certains indices comme la volonté politique, l’évolution de la législation et la rapidité d’évolution du secteur des EnR. Cependant, en matière de chiffres, toutes les organisations crédibles qui collectent des données chiffrées placent le Maroc en bas des classements mondiaux en matière de capacités solaires. Et le fait que l’on ait la plus grande centrale ne rentre pas en ligne de compte dans ce genre de calcul».

Une montée rapide des installations solaires mondiales

En 2024, les leaders mondiaux comme la Chine, l’Inde et les États-Unis dominent le secteur avec des installations massives, respectivement de 334 GW, 77 GW et 55 GW de nouvelles capacités prévues. À l’échelle globale, l'énergie solaire continue de croitre à un rythme impressionnant, atteignant 593 GW d’ajouts solaires pour cette année, soit une augmentation de 29% par rapport à 2023.

Un boom des marchés émergents est aussi révélé dans le Rapport d’Ember, avec des pays comme le Pakistan qui a importé 12,5 GW de panneaux solaires en 2024, et l’Arabie Saoudite ayant atteint 9,7 GW d’importations sur les sept premiers mois de l’année, se rapprochant ainsi des grandes puissances solaires mondiales. Ce dynamisme, porté par des politiques ambitieuses et des investissements colossaux, contraste fortement avec la situation au Maroc. En effet, le Royaume, par le biais de Masen, avait pour objectif de réaliser un plan solaire de 2.000 MW en 2012, mais en 2024, il n'a pu atteindre que 41% de cet objectif, avec une puissance solaire installée de 831 MW.

Quelles en sont les causes ?

Selon le docteur Saïd Guemra, expert conseil en transition énergétique, l’une des causes est la concentration des moyens alloués au projet Noor Ouarzazate. Bien qu’emblématique, ce projet a freiné la diversification et la montée en puissance d’autres installations solaires dans le pays. «Avec un coût élevé et des pannes répétitives dont les réparations peuvent prendre plus d’un an, ils coûtent environ 800 MDH de déficit annuel», souligne-t-il.

Un autre obstacle majeur réside dans l’implication limitée du secteur privé. «Seuls trois opérateurs privés sont en production majoritairement pour l’éolien, et ne représentent que 7% de la puissance totale installée. Selon le dernier rapport du Conseil de la concurrence, 36 demandes de projets d’énergie solaire ont été refusées, malgré l’important retard du plan solaire marocain», relève l’expert. De plus, la loi 82-21 sur l’autoproduction, censée encourager une production privée d’énergie solaire, reste inapplicable en raison de l’absence de décrets d’application. «On comprend très bien pourquoi le Maroc ne figure pas parmi les pays qui ont le plus développé le solaire, alors que nous sommes le pays du soleil par excellence», s’indigne Saïd Guemra, tout en plaidant pour une refonte complète du cadre législatif.

Le Maroc peut-il rattraper son retard ?

Pour redynamiser la transition énergétique et améliorer son positionnement, le Royaume doit prendre des mesures immédiates pour accélérer la mise en œuvre de ses projets en cours et attirer de nouveaux investissements dans les infrastructures. Des efforts doivent être entrepris pour renforcer les réseaux électriques et investir dans des capacités de stockage d’énergie, des aspects cruciaux pour maximiser les bénéfices de l’énergie solaire. Pour se faire, il doit permettre une plus grande implication du secteur privé. «Le Maroc est un petit pays qui n'a pas beaucoup de moyens financiers et qui fait ce qu'il peut avec ce qu'il a. Et il le fait relativement bien», conclut Amin Bennouna. 

 

 

 

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