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Crédits aux TPE : de la micro à la mésofinance

Crédits aux TPE : de la micro à la mésofinance

 

Le relèvement du plafond de financement est accueilli favorablement par les associations de microfinance (AMF).

La mesure du PLF 2019 pose les fondements de la mésofinance, un concept très développé dans les pays d’Europe de l’Est.

La mésofinance comble le chaînon manquant entre les banques traditionnelles et les AMF.

 

Le secteur de la microfinance qui a traversé, entre 2008 et 2009, une crise majeure due, en partie, au défaut de paiement de clients titulaires de plusieurs prêts, mais aussi à une concurrence effrénée entre opérateurs, a su s’assainir et atteindre une certaine maturité.

Les acteurs majeurs de la branche, pour ne citer que Al Amana Microfinance, la Fondation Attawfiq Microfinance ou encore Al Baraka, ont œuvré activement pour le renforcement de leur force de frappe financière et opérationnelle, avec à la clef une meilleure gestion du risque. D’ailleurs, la microfinance, reconnue pour sa grande propension à promouvoir l’inclusion financière à l’échelle nationale, s’appuie désormais sur une Centrale des risques.

Au vu de ces mutations, la nouvelle mesure du projet de Loi de Finances 2019 (PLF 2019) sur les associations de microfinance (AMF), instaurant le rehaussement du plafond de crédit accordé aux TPE qui passe de 50.000 à 150.000 DH, tombe à point nommé.

Cette mesure sonne comme une évolution naturelle d’un secteur, qui gagnerait à diversifier son portefeuille clientèle et à jouer pleinement son rôle de financeur de l’économie, à l’instar de ce qui se fait sous d’autres cieux.

 


A lire >  Le conseil de gouvernement adopte le projet de loi modifiant la loi relative au microcrédit


 

Une nouvelle bien accueillie

«Le rehaussement du plafond de crédit est une bonne nouvelle pour la TPE, qui est mal adressée par les banques (car trop petite en taille), et les AMF dont jusqu’ici le plafond de financement autorisé pour cette famille d’entreprises était de 50.000 DH», affirme Youssef Bencheqroun, Directeur général de Al Amana Microfinance.

Ce dernier ne manque pas de rappeler que le nouveau dispositif du PLF 2019 est une réponse à une requête émise par les professionnels depuis plusieurs années.

La mesure du PLF 2019 pose les fondements de la mésofinance, un concept très développé dans les pays d’Europe de l’Est.

La mésofinance est à cheval entre le secteur bancaire classique et l’univers de la microfinance. En effet, les institutions de mésofinance sont pourvoyeuses de solutions à valeur ajoutée à même de combler le chaînon manquant qui existe entre les banques traditionnelles et les institutions de microfinance. A l’échelle internationale, les TPE représentent près de 30% du portefeuille des banques de microcrédit.

Interpellé sur la capacité des AMF à satisfaire les multiples besoins en financement des TPE et à se conformer à l’évolution majeure introduite par le PLF 2019, le DG de Al Amana rétorque: «Nous sommes prédisposés à augmenter les crédits accordés aux TPE dans la limite du nouveau plafond, en raison de l’importance de nos fonds propres qui dépassent 1 milliard de DH. A cet effet, Al Amana s’est également dotée d’un Plan triennal».

Toutefois, du côté des professionnels, la pondération est de mise, car l’on estime que toutes les AMF, notamment celles de tailles moins importantes, ne pourraient suivre. Ce qui remet en selle la question de la consolidation de l’assise financière. Sur la vingtaine d’AMF que compte le Maroc, une poignée seulement est en mesure d’assurer de tels financements aux TPE.

 

Les plus disciplinées seront les mieux servies

Le financement de la TPE sera une nouvelle activité pour certains acteurs du secteur qui constitue une source de financement de plus d’1 million d’activités génératrices de revenus (AGR). D’où la nécessité pour les AMF de déployer des efforts afin de mieux cerner les spécificités et les besoins de cette famille d’entreprises, dont certaines sont mal structurées.

D’ailleurs, Al Amana Microfinance se fera accompagner par des partenaires susceptibles de mieux appréhender cette nouvelle cible qui intéresse de plus en plus les banques. A en croire son top management, l’Association de microfinance compte lancer une nouvelle offre dédiée à la TPE au cours du premier semestre 2019. Elle se réservera tout de même une phase pilote permettant de proposer une offre adéquate.

Par ailleurs, les professionnels sont formels : les entreprises les plus disciplinées et les mieux structurées tireront davantage profit de la nouvelle mesure du PLF 2019 censée faciliter l’accès des TPE au financement. ■

 


Bancabilité des projets

Discipliner les TPE et les amener à mieux gérer leur trésorerie et à ficeler des businessplans qui tiennent la route, au risque de disparaître, tels seront les défis des AMF, rompues à cet exercice avec les porteurs de projets d’AGR.

Au-delà de l’aspect financement, la bancabilité des projets des TPE constitue un vrai sujet, lequel conditionnera, sans doute, l’efficacité du nouveau dispositif du PLF 2019. D’ailleurs, les banques ont compris la nécessité d’accompagner les entreprises et les porteurs de projets afin de renforcer leurs capacités dans plusieurs domaines (études de marché, élaboration de businessplans, connaissance en finances, etc.). Les exemples les plus édifiants sont les centres Dar Moukawil d’Attijariwafa bank et le club PME de la BMCE Bank BOA.


 

Par Momar Diao

 

 

PME

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