Finances News Hebdo : Depuis l’ouverture de votre plateforme aux investisseurs particuliers, avez-vous constaté une évolution des profils qui y accèdent ?

Hicham Oudghiri : Absolument. CDG Capital Bourse fait partie des premières plateformes de bourse en ligne lancées au Maroc, il y a près de 15 ans. En constante évolution depuis sa création, elle s’est imposée comme l’une des solutions les plus stables et les plus fiables du marché. Ce canal digital a largement contribué à démocratiser l’investissement boursier, permettant à une clientèle élargie d’investir, à portée de main, aussi bien en actions cotées qu’en parts d’OPCVM, de manière autonome et sécurisée. Nous avons observé une évolution progressive des profils utilisateurs, portée par une amélioration de la culture financière et un intérêt croissant pour les marchés actions. Cette dynamique s’est renforcée récemment avec la bonne tenue du marché et le succès populaire de plusieurs introductions en Bourse. Aujourd’hui, notre plateforme attire aussi bien des épargnants novices que des investisseurs expérimentés. Le poids croissant des personnes physiques dans le marché central actions, confirmé par les dernières statistiques de l’AMMC, illustre parfaitement cette évolution. Et bien que les avancées soient réelles, le potentiel de croissance reste très prometteur.

F.N.H. : Quelles sont aujourd’hui les tranches d’âge ou catégories socioprofessionnelles les plus représentées ?

H. O. : Nous observons un intérêt croissant des jeunes actifs, notamment des cadres et des salariés, qui voient dans la Bourse un levier pertinent pour valoriser leur épargne. En parallèle, la clientèle patrimoniale reste un pilier historique, dans une logique de diversification à long terme. L’engouement des nouvelles générations, connectées et sensibilisées à la culture financière, marque un vrai renouvellement générationnel.

F.N.H. : Quels montants investissent-ils en moyenne, et comment décririez-vous leur comportement d’investissement ?

H. O. : Il n’y a pas de ticket moyen standard. Les comportements varient selon les profils. Les débutants investissent souvent après une première expérience réussie, notamment lors d’introductions en Bourse. Ils se montrent réactifs à l’actualité et évoluent vers une gestion plus structurée. Les clients à haut potentiel investissent davantage avec une approche plus stratégique, tandis que les profils dynamiques privilégient une rotation active du portefeuille.

F.N.H. : Parmi vos clients particuliers, avez-vous identifié des cas de réussite ou de bonnes pratiques à partager ?

H. O. : Oui, plusieurs. Les profils performants adoptent une stratégie disciplinée, une vision long terme et une capacité à arbitrer avec discernement. Certains clients pratiquent les versements programmés pour lisser le risque. D’autres combinent analyse fondamentale et suivi technique pour construire des portefeuilles résilients. Cette maturité croissante témoigne d’un changement culturel structurant.

F.N.H. : Quels changements avez-vous observés sur votre plateforme au cours de 2024 et début 2025 ?

H. O. : Depuis 2023, nous constatons une meilleure résilience des investisseurs particuliers, une posture plus stratégique et une capacité à gérer les replis boursiers sans panique. Lors de la correction liée aux mesures douanières américaines, nombre de nos clients ont renforcé leurs positions sur des valeurs temporairement sanctionnées. Cette attitude illustre leur compréhension croissante des cycles de marché.

F.N.H. : Avez-vous constaté une hausse du volume d’ordres ou une diversification des profils d’utilisateurs ?

H. O. : Oui, très clairement. Le volume d’ordres connaît une croissance significative. À côté de nos clients historiques, nous voyons émerger une nouvelle clientèle attirée par la dynamique haussière et l’ergonomie de notre plateforme. Ce segment connaît une croissance à trois chiffres. Plus de 70% des particuliers passent aujourd’hui leurs ordres via des canaux digitaux : un signal fort de mutation.

F.N.H. : Quelles sont les grandes tendances comportementales qui se dessinent ?

H. O. : On constate une polarisation : les plus prudents gardent une allocation équilibrée, les plus dynamiques cherchent à capter les tendances sectorielles. En 2024, l’intérêt s’est concentré sur l’immobilier (+222% YTD), la santé (+112%) et le BTP (+24%). Ces secteurs représentent 50% des volumes de nos clients particuliers, preuve d’arbitrages rationnels et ciblés. F.N.H. : Disposez-vous de données chiffrées récentes à ce sujet ? H. O. : Oui. Nos données internes, croisées avec celles de l’AMMC, confirment une progression continue des volumes et du nombre de comptes. Ces résultats attestent de l’effet levier de la digitalisation sur l’élargissement de la base d’investisseurs.

F.N.H. : Quelles évolutions ou innovations pourraient encore favoriser la démocratisation de la Bourse pour les personnes physiques d’ici 2026 ?

H. O. : Nous travaillons actuellement sur une refonte complète de notre plateforme, avec une interface plus intuitive, plus fluide et intégrant davantage de pédagogie. Mais la démocratisation passe aussi par l’accompagnement : éducation financière, suivi client, transparence. La Bourse peut devenir un vecteur puissant de culture économique et de mobilisation de l’épargne vers l’économie réelle.