Aéronautique : Avec l’usine 3D métallique de Thalès, le secteur entame sa montée en gamme

Aéronautique : Avec l’usine 3D métallique de Thalès, le secteur entame sa montée en gamme

 

Le Groupe Thales a inauguré dans la zone industrielle intégrée de Midparc à Nouaceur, son tout premier centre de compétence industriel spécialisé dans l’impression 3D métallique, en présence du ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy. Une nouvelle technologie qui propulse le secteur aéronautique marocain dans une nouvelle dimension.

 

 

Avec l’usine d’impression 3D métallique de Thales, l’industrie aéronautique au Maroc franchit une nouvelle étape de son développement. Le secteur opère une franche montée en gamme, que ce soit en termes de valeur ajoutée ou de contenus technologiques de pointe. En effet, l'impression 3D métallique est présentée comme une véritable révolution technologique en termes de conception et de fabrication de pièces mécaniques. Cette technologie disruptive engendrera une réduction des délais de développement et de fabrication de pièces à haute valeur ajoutée en alliages métalliques complexes dans tous les domaines de la mécanique, en particulier de l'aéronautique et du spatial.

Ce qui est d’autant plus remarquable, c’est que le géant mondial Thales ait choisi le Royaume pour y implanter son unique centre d’impression 3D métallique dans le monde. «Il s'agit du tout premier centre du genre du Groupe Thales dans le monde. Les bureaux d'études de Thales, qu'ils soient en Europe, aux Etats-Unis, en Australie ou ailleurs, viendront imprimer leurs pièces en 3D dans ce centre», précise Jean-Claude Derbes, directeur de l'usine Thales 3D Maroc.

«C'est une fierté et une avancée remarquable accomplie dans le secteur industriel. Ce nouveau projet accompagne la montée en gamme de l'industrie marocaine et développe dans le Royaume des emplois hautement spécialisés», se félicite de son côté Moulay Hafid Elalamy.

Pourquoi le Maroc et pas un autre pays ?

«On trouve ici toutes les compétences que l’on veut, et il y a un écosystème industriel qui nous permet de remplir notre mission. Il existe aussi une excellence académique dans le domaine de l’ingénierie mécanique qui est forte au Maroc», explique Jean-Claude Derbes. Le coût de la main d'oeuvre est certes un élément qui a contribué à ce choix, mais qui, à en croire le management de Thalès, n'est pas déterminant pour ce genre de technologies.

Par ailleurs, souligne-t-on chez Thales, en s’installant dans la zone franche, toutes les procédures et les activités liées aux exportations sont simplifiées. «Ce qui est important lorsque l’on veut fournir des géants comme Airbus ou Boeing».

Plus largement, l’installation de cette usine à Nouaceur entre dans le cadre d’un partenariat entre l’Etat marocain et le groupe français qui date de 2011. «Cette année-là, précise Pierre Prigent, directeur de Thales Maroc, nous avons signé un accord avec le ministère de l’Industrie dans lequel nous nous sommes engagés à développer nos activités dans le Royaume autour de 3 axes : développer les partenariats et les achats au Maroc (Thales achète tous les ans une vingtaine de millions d’euros en services ou en produits au Maroc), développer la recherche avec les universités et mettre en place un centre industriel de technologies». Cette usine dédiée à la conception, la fabrication et l’export de pièces mécaniques servira toutes les entreprises du Groupe Thales réparties un peu partout dans le monde. «80% de nos commandes proviendront de notre groupe», confie-t-on.

Dans une deuxième étape, Thales 3D Maroc compte élargir son portefeuille client et se rapprocher des industriels locaux. L’écosystème Boeing qui se met en place et sa future plateforme de sourcing au Maroc pour un montant annuel à l’export de 1 milliard de dollars ouvrent en effet de grandes perspectives pour Thales 3D Maroc. «200 fournisseurs de l’écosystème Boeing vont s’installer ici. On a bien l’intention d’adresser les sous-traitants de Boeing à Tanger ou Casablanca et de travailler avec eux», explique le directeur de Thales Maroc.

En attendant, l’usine 3D métallique de Thales Maroc va mettre à contribution 4 à 5 sous-traitants implantés dans la zone industrielle de Midparc. «Les pièces sorties de l’imprimante 3D réclament des finitions. Pour cela, nous allons nous appuyer sur l’écosystème mécanique marocain qui se trouve autour de l’usine, notamment pour les finitions d’usinage et de traitement de surface», précise le directeur de l’usine. «Nous voulons nouer des liens forts avec ces sous-traitants. Lorsque nous tournerons à plein régime, nous devrions occuper une centaine de personnes autour de l’usine», ajoute-t-il. ■

 

Par A. Elkadiri

 


L’usine du futur

A bien des égards, l’usine Thales 3D métallique préfigure déjà ce que sera l’industrie du futur : une usine 4.0, ultraconnectée, bourrée de capteurs permettant de collecter, stocker, gérer et analyser des milliers d’informations. Disséminées un peu partout dans l’usine, des écrans de contrôle permettent un pilotage de l’activité en temps réel. Le centre, qui a nécessité un investissement global d'environ 20 millions d'euros, est implanté sur 1.000 m2 dans la zone de Midparc à Casablanca et emploiera, à terme, une vingtaine d'ingénieurs et de techniciens marocains. Il est équipé à ce jour de deux machines de technologie, dite de fusion sélective par laser. A terme, l’usine accueillera 10 machines. «Nous fabriquons des pièces qui tiennent dans une boîte à chaussures. Nous envisageons d’acheter des machines qui seront un peu plus grandes pour pouvoir adopter des produits de tailles supérieures», précise le directeur de l’usine.

 

 

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