Kuala Lumpur, 2 nov 2019 (AFP) - La Malaisie a rejeté une offre de compensations de "moins de 2 milliards de dollars" présentée par Goldman Sachs pour son rôle dans le scandale politico-financier du fonds souverain malaisien 1MDB, a confirmé samedi un membre des services du Premier ministre.
La Malaisie estime au total à 7,5 milliards de dollars les fonds détournés du fonds 1MDB (1Malaysia Development Berhad), lancé en 2009 pour servir au développement économique de la Malaisie. L'argent siphonné aurait bénéficié à l'ex-Premier ministre malaisien Najib Razak et ses proches pour financer des dépenses somptuaires.
La banque américaine Goldman Sachs, qui a organisé des émissions obligataires pour 1MDB, est accusée d'avoir prêté son concours aux détournements présumés.
Un collaborateur du Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad voyageant avec lui alors qu'il se trouve actuellement à Bangkok, a confirmé samedi à l'AFP la teneur d'un entretien publié vendredi par le quotidien britannique The Financial Times.
Mahathir Mohamad, qui a rouvert l'enquête après son retour au pouvoir l'an dernier, a expliqué au Financial Times que son gouvernement avait rejeté une offre avancée par la banque américaine.
"Goldman Sachs a offert quelque chose comme moins de deux milliards de dollars", a-t-il déclaré au journal. "Nous ne sommes pas satisfaits de ce montant donc nous continuons à leur parler (...) S'ils répondent raisonnablement, nous pourrions ne pas insister pour obtenir ces 7,5 milliards de dollars", a-t-il ajouté sans fournir de détails.
Mercredi, la justice américaine a annoncé que le financier malaisien Low Taek Jho, soupçonné d'être le cerveau de la fraude et poursuivi en Malaisie et aux Etats-Unis, avait accepté un accord négocié dans le volet américain prévoyant la confiscation de 700 millions de dollars d'actifs, dont un hôtel à Beverly Hills et un jet privé. La Malaisie compte réclamer aux Etats-Unis la remise de ces actifs.
La Malaisie avait annoncé en décembre 2018 des poursuites pénales contre trois filiales de Goldman Sachs et deux de ses anciens banquiers, Tim Leissner et Ng Chong Hwa, également inculpés aux Etats-Unis. En août, de nouvelles accusations ont visé au total 17 responsables, anciens et actuels, des trois filiales de la banque.
La fraude présumée s'est réalisée lors de trois émissions obligataires, organisées en 2012 et 2013 par Goldman Sachs, pour un montant total de 6,5 milliards de dollars. La banque a perçu 600 millions de dollars en commissions, selon les autorités américaines.
Le département américain de la Justice estime les fonds spoliés à 4,5 milliards de dollars.