Jusqu’ici, nous sommes dans l’expectative ! Nous ne savons pas si oui ou non le pétrole existe dans le champ de Talsint ? D’aucuns se sont hasardés à une explication qui jusqu’ici relève du surréaliste, à savoir que le gouvernement algérien aurait menacé le Maroc d’une guerre, au prétexte que ce dernier ignorerait - ne tiendrait pas compte - que les puits de pétrole de Talsint constituent le prolongement des sites algériens, et que le Maroc n’avait aucun droit d’y toucher, de les entamer et donc de les épuiser… En somme, une veine jugulaire algérienne lestée par inadvertance ou par une volonté diabolique sous le sol «ennemi» marocain !!!
Le gouvernement algérien irait-il jusqu’à faire la guerre au Maroc pour quelques arpents de sable et des puits de pétrole ?
Rien n’est moins sûr ! Mais tout est possible en revanche parce que le pouvoir en Algérie -partagé depuis 1962 entre des militaires et le FLN - n’a de cesse d’imposer son leadership dans la région, au risque de heurter les peuples voisins. Le gouvernement algérien procède à une politique d’armement et de réarmement délibéré au dépens de l’économie et du bien-être du peuple algérien dont il n’en a cure ! En 1969, déjà, le Roi Hassan II avait saisi le secrétaire général de l’ONU de l’époque, U.Thant, pour sonner le tocsin contre la course à l’armement menée par le colonel Houari Boumediene, arrivé le 19 juin 1965 au pouvoir par un coup d’Etat.
La rivalité maroco-algérienne est aujourd’hui un euphémisme, tant elle est devenue la constante des relations entre les deux pays. En revanche, il convient de souligner son aggravation et l’inscrire dans le long terme. Il convient surtout de prévoir un possible affrontement-qui existe déjà dans les têtes-, aigu et grave, dès lors que le Maroc annoncerait quelque jour détenir du pétrole et du gaz. Le monopole des hydrocarbures ne relèverait plus de l’exclusivité algérienne, mais la compétition deviendrait plus âpre, le Maroc détenant de surcroît d’immenses gisements de schistes bitumineux qui, abstraction faite du coût élevé de leur mise en oeuvre, le conforteraient sur un plan géoéconomique.
Tout ce paradigme ne nous inciterait pas à des interrogations, s’il ne s’échafaudait sur un arrière-fond politique : la question du Sahara marocain qui mobilise les gouvernements algériens successifs, les incline à une hostilité récurrente, nourrit leur antimarocanisme et les pousse à une surenchère politique, économique et militaire… Jacques Berque, orientaliste lucide et maghrébin impénitent, disait que «le pétrole, c’est les problèmes…» !
H.A