Retour du Maroc à l’UA : Le coup du Maître

Retour du Maroc à l’UA : Le coup du Maître

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Le retour gagnant du Maroc au sein de l’UA a été construit de manière clairvoyante et méthodique par le Souverain.

Le revers d’Alger symbolise tout autant le renforcement du positionnement du Royaume dans le continent et vis-à-vis de la communauté internationale.

C’est un retour fracassant que vient de signer le Maroc au sein de l’Union africaine. Après 33 ans d’une politique de la chaise vide qui a mis dans leurs aises le polisario et son allié l’Algérie, le Maroc retrouve sa place légitime dans cette organisation dont il est l’un des membres fondateurs et fait trembler ses ennemis. Lundi dernier, lors du 28ème Sommet de l’organisation continentale tenu à Addis-Abeba, ce fut un plébiscite : 39 pays (sur 54) se sont exprimés en faveur du retour du Maroc à l’UA, symbolisant une victoire retentissante de la diplomatie marocaine. Ce que confirment d’ailleurs et le politologue Mustapha Sehimi (voir entretien), et Jawad Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales. Pour ce dernier, «le retour du Maroc au sein de l’Union africaine est une grande victoire diplomatique pour le Maroc. Il va lui permettre de défendre la question du Sahara à l’intérieur de l’organisation africaine. Ce retour va aussi lui permettre de consolider ses relations économiques déjà établies et de les élargir vers d’autres pays africains, notamment anglophones».

Ce retour gagnant n’est pas pour autant le fruit du hasard. Car pendant que les adversaires de l’intégrité territoriale se gaussaient de l’absence du Maroc et déambulaient allègrement dans les couloirs de l’UA, le Roi Mohammed VI posait méthodiquement, et sans triomphalisme, les jalons de ce qui allait aboutir à ce retour victorieux. En effet, clairvoyant et pragmatique, le Souverain a, dès son accession au Trône en 1999, entamé un long processus de repositionnement du Royaume sur l’échiquier africain. Les multiples tournées royales dans le continent, le renforcement des liens politiques et économiques avec les pays partenaires, l’expansion des entreprises marocaines en Afrique, le tout enrobé dans une stratégie d’intégration sudsud mutuellement profitable, ont fini par faire du Royaume un acteur incontournable dans le processus de développement économique de l’Afrique. Et ce redéploiement agressif du Royaume, qui lui a permis d’occuper actuellement la place de deuxième investisseur dans le continent, n’est pas passé inaperçu, tant il est commenté, voire applaudi par la communauté internationale.

Ainsi, à travers les filets de ce succès diplomatique, il faut voir une démarche à la couleur économique très prononcée, qui porte surtout un nouveau message et de nouvelles valeurs porteuses d’espoir pour la population africaine: Non à l’assistanat, oui au codéveloppement. C’est dire que son retour au sein de sa famille institutionnelle, le Maroc l’a construit pas à pas, avec diligence et de façon très intelligente. Et ses ennemis, adeptes de la désinformation, occupés par les manigances et rompus à la couardise, n’ont pas vu le coup venir. Un coup porté par le Souverain dans son discours historique adressé au 27ème sommet de l’Union africaine, dans lequel il déclarait : «Cela fait longtemps que nos amis nous demandent de revenir parmi eux, pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé. Après réflexion, il nous est apparu évident que quand un corps est malade, il est mieux soigné de l’intérieur que de l’extérieur. Le temps des idéologies est révolu. Nos peuples ont besoin de concret et d’actions tangibles. On ne peut changer la géographie. On ne peut se soustraire au poids de l’histoire. C’est ce qui milite pour que le Maroc ne demeure pas en dehors de sa famille institutionnelle et puisse ainsi retrouver sa place naturelle et légitime au sein de l’UA…».

Positionnement renforcé

Maintenant, c’est chose faite. Malgré les complots ourdis pour tenter de savonner la route du Maroc vers ce retour historique au sein de l’UA. Un retour aux enjeux économiques et politiques cruciaux. «Le retour du Maroc à l’Union africaine va consolider sa position sur la question du Sahara. En effet, depuis son départ de l’OUA en 1984, les adversaires de notre intégrité territoriale ont profité de notre absence pour mener une bataille sans merci contre la récupération de nos provinces sahariennes. Vis-à-vis de la communauté internationale, le positionnement du Maroc va être renforcé; il peut intervenir plus efficacement pour influencer certains événements internationaux qui le concernent plus particulièrement», renseigne Kerdoudi.

Un retour également très émouvant. «Il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence ! Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé ! L’Afrique est Mon Continent, et Ma maison.

Je rentre enfin chez Moi, et vous retrouve avec bonheur. Vous M’avez tous manqué», a notamment affirmé le Souverain, dans son discours prégnant prononcé mardi à AddisAbeba. Un retour pour unir et fédérer les forces vives de l’Afrique afin de cheminer, ensemble, pour relever les défis sociaux, politiques, économiques et sécuritaires auxquels le continent africain est confronté. Et le message du Roi, dans ce sens, est transparent pour qui sait lire et écouter : «(…) Nous n’ignorons pas que nous ne faisons pas l’unanimité au sein de cette noble assemblée. Loin de nous, l’idée de susciter un débat stérile! Nous ne voulons nullement diviser, comme certains voudraient l’insinuer !

Vous le constaterez : dès que le Royaume siègera de manière effective, et qu’il pourra apporter sa contribution à l’agenda des activités, son action concourra, au contraire, à fédérer et à aller de l’avant. Nous avons participé à l’avènement de cette belle construction panafricaine, et nous souhaitons tout naturellement y retrouver la place qui est la nôtre». Les propos du Souverain sont édifiants et lucides à plus d’un titre. Car, justement, face aux enjeux qui se dressent comme un rempart devant l’Afrique, il faut prendre de l’altitude et aller au-delà des clivages et du «débat stérile» afin de mettre le continent sur la trajectoire d’un développement pérenne et durable. C’est cela le principal challenge pour le continent africain.

Par D. William

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