La bataille électorale des législatives du 7 octobre 2016 se jouera sans doute sur le terrain économique.
Tour d’horizon des dispositions et mesures phares engagées par les principales composantes politiques du pays.
PJD
Le parti de Benkirane modère ses prévisions
Fruit d’une réflexion de dix mois menée en interne, le programme du PJD a arrêté une liste de 310 propositions de mesures, sans prendre le risque de lancer des promesses de croissance démesurées. Le parti de Benkirane a préféré miser sur un scénario central qui table sur une croissance située entre 4 et 5,5% au cours du prochain mandat gouvernemental. Il s’agit également d’un abaissement de dix points de l’endettement du Trésor à 56,5%, contre 64% actuellement, grâce notamment à la poursuite de la réforme des retraites et aux retombées de la réforme de compensation. Outre le classique vœu de renouvellement du modèle de développement économique, le parti de la lampe s’est fixé cinq principaux objectifs : la transition vers de nouvelles sources de croissance, la valorisation du capital humain, l’affermissement de la justice sociale, la consécration de la bonne gouvernance et, enfin, la consolidation du rayonnement international du Maroc.
USFP
Lachgar veut limiter le taux de chômage à 8%
Le parti de la rose table sur une croissance moyenne de l’ordre de 5,5% dans son programme électoral. Le salut viendra, à en croire les pronostics de l’USFP, de la demande externe, dans la mesure où l’on s’engage à porter la valeur des exportations agricoles de 11 milliards de dirhams à 50 milliards de dirhams durant le prochain quinquennat. La feuille de route de l’USFP souligne également la volonté de baisser le taux de chômage à 8% et de créer 150.000 emplois tous les ans. Le programme électoral de l’USFP ne manque pas d’audace et d’innovation, en proposant la création d’une caisse nationale pour financer le champ culturel. Sur les cinq prochaines années, le parti de Driss Lachgar envisage également d’augmenter le budget relatif à la recherche scientifique de 0,8% à 1,5%. Parmi les 555 mesures proposées par l’USFP, citons celles plaidant pour une rationalisation du train de vie de l’Etat et une refonte du système de compensation. Voulant se positionner comme une véritable alternative, l’USFP réclame, à son tour, un nouveau modèle économique basé sur un référentiel socialiste en vue de faire face au libéralisme arrogant, à l’origine de l’aggravation de la dette publique.
PI
L’IS progressif adopté par le parti de Chabat
Surenchère des chiffres ou objectifs réalistes ? En tout cas, le parti de l’Istiqlal n’a pas hésité à élever la barre un peu plus haut en s’engageant sur un taux de croissance non agricole de 8% d’ici 2021, contre une moyenne de 3% durant la période 2012-2016. Le parti de la balance favorise un modèle axé sur deux piliers de l’industrialisation et de l’entreprise. La priorité sera donnée à l'appui de la production de l'entreprise industrielle et exportatrice, au secteur privé organisé et au tissu de PME et de TPME. Côté fiscalité, outre l'élargissement de la base imposable et la lutte contre l'évasion fiscale, le PI promet un IS progressif et une réduction des taux marginaux à 25% contre 31% actuellement, tout en réorientant les exonérations fiscales en faveur des secteurs productifs et exportateurs. Dans la foulée des 556 mesures préconisées par le PI, on retient également l’idée du Small Business Act, la réduction du taux de chômage des diplômés de 17% à 7% ainsi que celui de la TVA à 18%.
RNI
Mezouar fidèle aux fondamentaux macroéconomiques
La croissance, l’emploi et les services sociaux. Tels sont les défis lancés par le RNI en présentant à la presse son programme électoral à l’occasion des législatives 2016. Le parti de la colombe s’engage à réaliser un taux de croissance économique entre 4,5% et 5,5%, ainsi qu’une croissance non agricole de plus de 4%. Le président du parti, Salaheddine Mezouar, a promis de maintenir le déficit budgétaire entre 2 et 3%, outre une baisse du taux de chômage à moins de 8% à l'horizon 2021. Il s’engage également à porter l’investissement du Budget général de l’Etat à 60 milliards de dirhams, avec une meilleure répartition régionale de ce montant, et ce, dit-il, pour éviter «un Maroc qui évolue à deux vitesses». On retient également l’idée de la mise en place d’un Fonds de financement dédié aux start-up, ainsi que de nouveaux mécanismes de financement comme le crowdfunding. Le RNI veut également accélérer le rythme des réalisations du Plan national des routes rurales, en ciblant un objectif de 20 mille kilomètres à l’horizon 2021.
UC
Pas de prévisions chiffrées chez l’UC de Sajid
Ayant l’ambition de renouer avec l’exercice de la responsabilité gouvernementale après 18 ans dans l’opposition, l’UC vient de révéler sa plate-forme électorale. Celle-ci s’appuie sur deux piliers : une charte de 104 mesures pour un «Maroc gagnant» et une feuille de route appelée «Agenda 16-21» dédiée à la lutte contre le chômage des jeunes de 15 à 25 ans. Cette dernière décline une dizaine de propositions en faveur des jeunes : portail national de l’emploi, suivi individualisé des chômeurs par Internet, contrat «premier emploi», réglementation des stages, contrats d’apprentissage et en alternance, programmes d’accompagnement spécifiques pour les décrocheurs à travers une deuxième école de la chance, réforme de l’Anapec, etc. Les leaders du parti du cheval s’engagent à défendre et à déployer cet agenda dès les 100 premiers jours du gouvernement.
PAM
El Omary veut augmenter à 20% la part de l’industrie dans le PIB
Sous la houlette de son secrétaire général, Ilyass El Omari, le PAM dit vouloir «sauver le Maroc» et en finir avec la «mauvaise gestion» du gouvernement sortant. Son programme électoral promet un «nouveau modèle de développement» axé sur cinq piliers : un taux de croissance supérieur à 6% (contre 4,3% en 2015), le positionnement du Maroc en tant que hub régional, l’application de la régionalisation avancée, une distribution équitable de la richesse et l’élargissement de la classe moyenne. Le parti du tracteur s’engage à créer chaque année pas moins de 150.000 emplois, sur la base d’un taux de croissance minimum de 5%, soit 30.000 emplois pour chaque point de croissance. Parmi les autres mesures avancées par les stratèges du PAM : porter à 20% la part de l’industrie dans le PIB, introduire de nouvelles incitations fiscales pour relancer l’investissement, une taxe sur la pollution, augmenter la TVA de 30% sur les produits de luxe, etc..
W. El Mouden