Aziz Akhannouch et les cadres du RNI lors du meeting d'Agadir le 24 février 2018. Photo : Sohaib Zefri
- Le parti se place au centre de l’échiquier politique et se définit désormais comme un parti social démocrate.
- Emploi, éducation, santé : l’offre politique dévoilée par Aziz Akhannouch ressemble à s’y méprendre à un programme électoral
Après presque de 40 ans d’existence, le Rassemblement national des indépendants (RNI) entame un tournant majeur de son histoire, et compte bien marquer de son empreinte les prochaines années de la vie politique marocaine.
Longtemps considéré comme un parti de technocrates et de l’administration, le RNI veut désormais se positionner en tant que réelle formation populaire, disposant d’un projet sociétal, et dotée d’une identité propre.
Cette identité, Aziz Akhannouch, président du RNI depuis octobre 2016, l’a clairement explicitée samedi (24 février) à Agadir, lors de l’évènement de clôture des Congrès régionaux qui a rassemblé plus de 3.500 militants : le RNI est un parti moderne, social démocrate, qui se place au centre de l’échiquier politique.
«Se placer au centre ne signifie nullement prôner la passivité», prévient Akhannouch. Il s’agit plutôt d’un positionnement qui «se veut actif, acteur du changement et interactif», précise-t-il dans son discours de près d'une heure, ponctué régulièrement par les acclamations, plus ou moins spontanées, des militants.
En adoptant la sociale démocratie comme référentiel, le RNI souhaite marier une approche économique libérale à un certain rôle interventionniste de l'État, notamment en matière sociale.
«Aujourd’hui, il y a une convergence mondiale vers des principes communément admis, comme celui de la libre entreprise ou de l’encouragement de l’entrepreneuriat, car ce sont les entreprises qui créent des emplois et la richesse. Mais la croissance et le marché ne peuvent pas régler tous les problèmes, parce qu’à la marge il y a des franges de la population qui ne profitent pas des fruits de cette croissance. C’est là toute l’équation du nouveau modèle de développement : produire plus et assurer une croissance pérenne, et en même temps, s’assurer que tous les citoyens en bénéficient», nous explique en marge de l’évènement, Mohamed Boussaid, membre du bureau politique du RNI.
Des promesses
Le programme du RNI s’appuie sur 3 axes prioritaires et stratégiques, censés répondre aux préoccupations essentielles des Marocains : la santé, l’éducation et l’emploi. Ce sont là les pièces maîtresses du nouveau modèle de développement prôné par le parti.
S’agissant de l’éducation, le parti de la Colombe promet de se focaliser sur la lutte contre l’abandon scolaire, et agira tout particulièrement sur la généralisation de l'enseignement préscolaire pour les enfants de moins de 3 ans, ainsi que la promotion des écoles en milieu rural.
Le parti s’engage aussi en faveur de l’amélioration des conditions de travail des enseignants, et la mise à niveau du système universitaire et de la formation professionnelle. Le renforcement de l’esprit d’entrepreneuriat chez les jeunes étudiants est également au programme.
Le parti a par ailleurs pour objectif de généraliser l’expérience des écoles communales dans le monde rural tout en installant les services nécessaires pour le succès de ces écoles : le soutien scolaire, le transport, la restauration, etc.
En matière de santé, l’encouragement des médecins de famille, la création de centres de santé de proximité et l’amélioration de la situation du personnel médical figurent en tête des engagements du parti.
La refonte de la carte de la santé selon les besoins de chaque région fait aussi partie des recommandations prônées par le parti de la colombe. Autre promesse notable : le RNI propose de mettre en place des facultés de médecine dans toutes les régions du pays.
2 millions d’emplois à créer d’ici 2025
Le volet emploi est sans doute celui qui attire le plus l’attention. Il faut dire que le RNI a placé la barre très haut : pas moins de 2 millions d’emplois devront être créés à l’horizon 2025 (à compter de 2018, ndlr), soit une moyenne de 250.000 emplois créés annuellement. Sur ces 2 millions d’emplois, 1 million seraient créés dans les services et 700.000 dans l’industrie.
Selon des cadres du parti, ces chiffres ne sont pas sortis du chapeau, mais se basent sur des études précises, sans pour autant donner plus de détail.
«Ce chiffre est sous-tendu par des actions et une vision et nous pensons qu’il est réaliste et à notre portée. Ce n’est pas un chiffre hasardeux, parce que nous avons bien défini les priorités et les leviers de la réforme. Surtout, l’axe majeur qui nous permettra d’atteindre cet objectif est le rétablissement de la confiance notamment celle des entreprises», affirme Boussaid.
Rappelons qu’en 2017, l’économie marocaine a créé à peine 86.000 postes d’emploi.
Les yeux rivés sur 2021
Avec cette offre politique, le RNI a déjà les yeux rivés sur 2021, date à laquelle se tiendront les prochaines élections législatives, avec l’objectif avoué d’atteindre la première place, et donc devenir le parti dominant de la scène politique marocaine, en lieu et place du PJD, son actuel «allié» dans la majorité gouvernementale.
Les premiers signaux sont positifs et réconfortent la direction du RNI dans ses choix. Selon Akhannouch, depuis un peu plus d’un an, c’est à dire depuis qu’il a pris les rênes du parti de la colombe, ce sont plus de 100.000 nouveaux adhérents qui ont rejoint sa formation.
Autre motif de satisfaction : sur les 5 dernières élections parlementaires partielles, le RNI a remporté 4 sièges.
Par A. E