PJD - RNI : La déchirure !

Analyse Politique Maroc - Les tensions entre le PJD & le RNI

◆ Rien ne va plus entre les deux partis politiques.

◆ Et les tensions vont s’exacerber au fur et à mesure que l’on s’approche des législatives.

 


Par : David William


Analyse Politique Maroc - PJD - RNI : La déchirure !

Entre le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Rassemblement national des indépendants (RNI), l’idylle est visiblement définitivement rompue. Ce sont des opposants au pouvoir qui font, malgré eux, «ami-ami» en semaine, et choisissent les week-ends pour se crêper le chignon. C’est devenu une habitude depuis plusieurs mois déjà. Le samedi 13 juillet, c’est le ministre «Rniste» de la Jeunesse et des Sports, qui s’y est collé.

Lors d’une rencontre avec la jeunesse du RNI de la région Fès-Meknès, Rachid Talbi Alami n’a pas hésité à tacler vertement le PJD, se posant des questions sur l’origine des «financements extérieurs» de ce parti, alors qu’au sein du RNI, les financements sont le fait des «contributions des militants». Talbi Alami n’en est pas à son premier coup d’essai. L’on se rappelle qu’en septembre dernier, lors de l’Université des jeunes indépendants, il s’en était pris violemment aux islamistes, accusant le PJD d’avoir entamé, depuis 2010, un «projet politique » visant à «nuire» aux institutions du Maroc.

Piqués au vif, les Pjdistes avaient également réagi, par la voix, entre autres, du numéro 2 du PJD, Slimane El Omrani, qui, sur Facebook, avait notamment affirmé que «ce sont des positions graves, nuisibles et non acceptables qui violent de manière flagrante la charte de la majorité dont votre parti est signataire». Ces joutes verbales répétitives traduisent en vérité un profond malaise au sein de la coalition gouvernementale où, depuis maintenant bien longtemps, le PJD et le RNI font chambre à part.

Oui, c’est cette coalition bien étrange qui préside aux affaires du Royaume. Et c’est peut-être cela qui donne justement un sentiment de morosité et mine la confiance dans le monde des affaires. Et, pourtant, les indicateurs économiques, s’ils ne poussent pas à être euphoriques, ne sont pas catastrophiques, avec notamment une croissance qui serait de 2,7% en 2019 et 3,4% en 2020, selon le haut-commissariat au Plan. De même, les investisseurs étrangers tambourinent aux portes du Royaume, plusieurs réformes structurantes sont en cours, comme notamment celle du système fiscal et, pour couronner le tout, le port Tanger Med II, qui vient d’être inauguré, propulse encore davantage le Maroc sur les radars internationaux.

Analyse Politique Maroc - PJD - RNI : Mauvais signaux

Toute cette dynamique est cependant annihilée par les signaux négatifs qu’envoie la majorité gouvernementale. Conséquence : les patrons tout comme les ménages marocains ont le moral en berne. La dernière note du HCP (www.laquotidienne. fnh.ma) montre à ce titre que l’indice de confiance des ménages (ICM) continue sa tendance baissière entamée depuis le premier trimestre de 2018. Il s’est ainsi établi à 79,1 points au lieu de 79,8 points enregistrés le trimestre précédent et 87,3 points une année auparavant.

Il y a néanmoins peu de chances de voir évoluer les choses dans le bon sens, sur le plan politique notamment. Car, plus on approche des prochaines législatives, plus le fossé se creuse entre partis de la majorité. Chacun prêchant pour sa paroisse, tout en prenant la peine de dénigrer l’autre.

Aujourd’hui, ils sont d’ailleurs presque tous en campagne électorale qui ne dit pas son nom. Et, pour l’instant, c’est le RNI qui semble mettre le paquet. Il ne se limite plus au Maroc, mais étend ses tentacules aussi en dehors des frontières nationales pour séduire les Marocains du monde. Début juillet, le parti de la Colombe a déployé sa force de frappe en Allemagne, dans une grosse opération séduction à laquelle ont pris part son président et ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, accompagné de ministres du RNI et de membres de son bureau politique.

Parallèlement, Anis Birou, membre du bureau politique et coordinateur de la «13ème région», a annoncé la création d'un bureau exécutif à Montréal pour «une meilleure proximité» avec les Marocains établis au Canada, lors d’une rencontre avec des membres de la communauté marocaine et sympathisants du parti. Il faut donc s’attendre à des surenchères verbales durant les prochains mois.

Sauf qu’à ce jeu, les formations offrent une bien piètre image de la politique, pour ne pas dire qu’elles se décrédibilisent aux yeux d’une opinion publique déjà désabusée et qui prend de plus en plus ses distances par rapport à la parole politique. Qui profitera à terme de cette foire d’empoigne ? Bien malin celui qui saura le dire. Le PJD du chef de gouvernement Saad Eddine El Otmani compte bien rester aux manettes en tout cas. Même si son aura s’est considérablement effritée depuis les dernières législatives.

 

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