Le temps d’un Conseil national extraordinaire, qui s’est réuni ce week-end à Rabat, les leaders du PJD ont mis de côté leurs profondes divergences, affichant une unité et une cohésion de façade. Mais personne n’est dupe. C’est une véritable guerre d’influence et de pouvoir que se livrent d’un côté Abdelilah Benkirane l’ancien chef de gouvernement déchu, et de l’autre, le courant des ministres, dont les figures de proue sont Mustapha Ramid, Aziz Rebbah, Lahcen Daoudi, ou encore Saad Eddine El Othmani. Il faut croire que ces derniers ont marqué un point dans leur volonté d’évincer Benkirane de la direction du Parti.
En effet, parmi les résolutions prises par le Conseil, figure la tenue du 8e Congrès national du PJD les 9 et 10 décembre prochain. Le 8e Congrès doit notamment se prononcer sur la succession d’Abdelilah Benkirane à la tête du secrétariat général du Parti.
Selon la presse arabophone, l’ancien chef de gouvernement ne serait pas en ballotage favorable pour briguer un troisième mandat. Rappelons que les statuts du parti interdisent au Secrétaire général de faire plus de deux mandats, ce qui est le cas de Benkirane. Le changement des statuts n’était pas à l’ordre du jour du Conseil, ce qui fait dire au quotidien à Al Ahdat Al-Maghribia que c’est le «début de la fin» pour Benkirane.
Est-ce le cas ? Wait and see. Benkirane, et notamment ses nombreux partisans parmi la jeunesse du parti, n’ont pas encore dit leur dernier mot.
Soutien au gouvernement
Toujours est-il que mise à part la question de la succession, les responsables du parti se sont entendu pour apporter leur soutien au gouvernement, en dépit des nombreuses critiques émanant de la base du Parti et de certains députés sur les conditions dans lesquelles s’est formé ce même gouvernement, et surtout la gestion du dossier Al-Hoceima par l'actuel Exécutif.
Le consensus trouvé entre les ténors du parti sauve les apparences, mais demeure fragile.
Le communiqué final du Conseil national du parti met ainsi en avant «la détermination du PJD à poursuivre le processus de réformes entamées dans le Royaume et à honorer ses engagements en soutenant le gouvernement pour qu'il puisse mener à bien sa mission et s'acquitter des obligations qui lui incombent à l'égard des citoyens». Un appui à l’Exécutif que Abdelilah Benkirane a confirmé lors de sa longue allocution.