■ Un mémorandum a été adressé au chef du gouvernement.
■ Les femmes du PJD placent la famille à la tête des priorités, la femme dans un second temps.
■ A aucun moment le ton ne monte concernant la médiocre représentativité des femmes au sein du gouvernement.
L’organisation Femmes de la Justice et du Développement, organe parallèle au sein du PJD dédié aux femmes, monte au créneau en adressant un mémorandum au chef du gouvernement issu du même parti.
Tout en gratifiant le programme gouvernemental tel qu’annoncé par Abdelillah Benkirane, et l’importance qu’il accorde à la famille comme noyau de la société, le mémorandum soulève un certain nombre de remarques concernant des questions relatives à la situation de la femme au Maroc et dans son rôle dans le développement du pays. Se référant d’ailleurs à ce qui est prévu dans la nouvelle Constitution, l’organisation somme le chef du gouvernement de renforcer la parité et de l’ériger en cadre référentiel général, indépendamment des secteurs ou des problématiques.
Malheureusement, ce mémorandum ne fait aucunement allusion à la composition de l’équipe Benkirane qui ne compte qu’une seule femme, en flagrante violation de la nouvelle Constitution. On ne le dira jamais assez, ladite Constitution a été votée après une campagne menée tambour battant de tous les partis y compris ceux de la majorité : le PJD, l’Istiqlal, le PPS et le MP.
L’autre reproche qu’on peut faire à ce mémorandum est celui de faire l’amalgame entre la question de la femme et celle de la famille, puisqu’il appelle le chef du gouvernement à adopter une approche « famille » dans tous les programmes et politiques de l’Etat.
Autrement, le mémorandum propose des actions concrètes à même de protéger et la famille et la femme au sein de la société. Puisque l’organisation des Femmes de la Justice et du Développement appelle à la création d’organes de prévoyance et de protection de la famille, de la maternité et des personnes du troisième âge. Le mémorandum souligne l’importance de valoriser le rôle de maman en revoyant les congés de maternité, de même qu’il appelle à prévoir des indemnisations aux mères au foyer pour leur rôle de préservation du noyau familial. Les femmes du PJD appellent à l’opérationnalisation du Fonds de Solidarité Familiale et de venir en aide aux mères chefs de famille en détresse.
Il a également été question de la mise à niveau de la justice de la famille et de la prise en charge des femmes victimes de violences ou de répudiation abusive.
On évoque également la nécessité de créer de centres de formation pour ceux qui sont sur le point de se marier afin de les former à la famille et son rôle dans la société. Une proposition un peu tirée par les cheveux puisque ces informations doivent être inculquées au sein de l’école, sans besoin aucun de créer encore des instances qui vont grever le budget de l’Etat.
La femme, on y arrive, enfin !
Dans le mémorandum de l’organisation Femmes de la Justice et du Développement qui a vu le jour en octobre dernier, un pavé est réservé aux droits politiques, civils et économiques de la femme marocaine. Et là, autant dire que la liste des demandes est longue, ce qui démontre que pour ce qui est de la parité, tout le monde est à côté de la plaque, gouvernement, partis et administrations. Ce mémorandum ne demande en effet rien d’exceptionnel que ce qui a été réclamé en boucle par d’autres associations de défense des droits de la femme. Notamment la mise en application de toutes les dispositions contenues dans les textes et lois marocains qui soutiennent la représentativité des femmes dans les postes de décision, et consacrer 2% de la subvention de l’Etat que reçoivent les partis politiques aux organismes dédiés à la femme au sein de ces partis. On propose même de prévoir des crèches au niveau de leurs sièges pour permettre aux femmes de participer au travail de leur parti en toutes circonstances. Sachant que cela ne demandera pas de gros investissements, cette initiative doit être retenue ne serait-ce que pour son innovation.
Sur un plan plus large, le mémorandum prévoit une demande assez insolite à savoir l’interdiction du travail des femmes la nuit pour les prémunir de tout danger. Il faut dire que quand on réclame la parité il faut l’assumer et remplir certains devoirs comme les permanences dans les hôpitaux pour le personnel médical. Autrement, on appelle à criminaliser le harcèlement sexuel, à améliorer l’image de la femme dans les médias … Autant de propositions auxquelles les femmes du PJD espèrent trouver un écho favorable auprès de Benkirane.
Au final, l’une des valeurs ajoutées réelles de ce mémorandum est qu’il est une sorte de piqûre de rappel et qu’il émane des femmes du Parti même qui dirige le gouvernement, donc les affaires du pays. En espérant bien évidemment que Benkirane prêtera une oreille attentive aux sollicitations de ses «femmes» et à celles de toutes les Marocaines qui attendent une rupture avec le passé ! ■
Imane Bouhrara