Des messages contre le fanatisme, les idées rétrogrades et le repli identitaire.
L’Appel d’Al Qods, le point nodal de la visite du Souverain pontife.
Par D. William
Après une visite officielle de deux jours, à l'invitation du Roi Mohammed VI, le Pape François a quitté dimanche après-midi le Maroc. Ce séjour du Souverain pontife, marqué par d’intenses activités, aura été relayé dans le monde entier, grâce notamment à une très large couverture médiatique. En effet, pas moins de 300 correspondants et envoyés spéciaux, venus de 30 pays couvrir cet événement, ont été accrédités.
La portée historique de cette visite justifie, au demeurant, cette forte mobilisation. D’autant plus qu’elle intervient à un moment où les idées extrémistes, la haine, l’intolérance, le rejet de la différence… conduisent non seulement au terrorisme et à différentes formes de violences, mais entraînent également de profonds clivages au sein des sociétés.
La rencontre entre le Roi Mohammed VI et le Pape François était donc tout un symbole. Symbole de tolérance. Symbole de fraternité entre peuples et religions. Symbole d’ouverture et d’acceptation de l’autre. Symbole, surtout, du dialogue interreligieux. Et, tour à tour, ils l’ont dit, samedi, lors de leur discours; une diatribe acerbe contre le fanatisme, les idées rétrogrades et le repli identitaire.
«(..) Il nous faut combattre des maux d’un autre âge qui se nourrissent de la trahison et de l’instrumentalisation du message divin en prônant le déni de l’autre et autres théories scélérates (…) Les radicalismes, qu’ils soient ou non religieux, reposent sur la non-connaissance de l’autre, l’ignorance de l’autre, l’ignorance tout court. La «co-connaissance» est une négation de toutes formes de radicalisme. Et c’est cette co-connaissance qui nous permettra de relever les défis de notre présent tourmenté (…)», a notamment déclaré le Souverain.
Les propos du Pape François s’inscrivent dans la même veine. Car, selon lui, il est essentiel, «pour participer à l’édification d’une société ouverte, plurielle et solidaire, de développer et d’assumer constamment et sans faiblesse la culture du dialogue comme chemin à parcourir; la collaboration comme conduite; la connaissance réciproque comme méthode et critère».
Ajoutant qu’«il est en effet indispensable d’opposer au fanatisme et au fondamentalisme la solidarité de tous les croyants, ayant comme références inestimables de notre agir les valeurs qui nous sont communes».
L’Appel d’Al Qods
Le point nodal de cette visite aura été, sans aucun doute, la signature, par le Roi Mohammed VI et le Pape François, de «l’Appel d’Al Qods». «Nous pensons important de préserver la Ville sainte de Jérusalem / Al Qods Acharif comme patrimoine commun de l’humanité et, par-dessus tout pour les fidèles des trois religions monothéistes, comme lieu de rencontre et symbole de coexistence pacifique, où se cultivent le respect réciproque et le dialogue.
Dans ce but, doivent être conservés et promus le caractère spécifique multireligieux, la dimension spirituelle et l’identité particulière de Jérusalem / Al Qods Acharif», dit le texte.
«Nous souhaitons, par conséquent, que dans la Ville sainte, soient garantis la pleine liberté d’accès aux fidèles des trois religions monothéistes et le droit de chacune d’y exercer son propre culte, de sorte qu’à Jérusalem/ Al Qods Acharif s’élève, de la part de leurs fidèles, la prière à Dieu, Créateur de tous, pour un avenir de paix et de fraternité sur la terre», conclut l’Appel.
Un Appel qui aura connu un écho retentissant et aura été salué par toute la communauté internationale, tant il contrecarre toute velléité de travestir le cachet civilisationnel de la Ville sainte.
D’ailleurs, cet Appel est parfaitement en phase avec la posture du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Son porte-parole à New York a, à ce titre, déclaré que le contenu de l’Appel d’Al Qods «s’inscrit en droite ligne de ce que le secrétaire général n’a eu de cesse de réitérer, à savoir que Jérusalem revêt un caractère sacré pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans, et que ce caractère devrait être préservé».
De quoi, peut-être calmer, les ardeurs de ceux qui veulent porter atteinte à la Ville sainte.◆
L’Appel d’Al Qods : Un pied de nez à Trump
L’Appel d’Al Qods, applaudi par tous, devrait pousser le président américain Donald Trump à plus de sagesse et de bon sens dans sa politique extérieure. Lui qui a reconnu en 2017 Jérusalem comme capitale d'Israël, avant d’y transférer l’Ambassade américaine, marche à contre-courant de l’Histoire, mais surtout participe à mettre de l’huile sur le feu dans une région déjà instable.
Mais Israël, en tant que force d’occupation soutenue par un Donald Trump irresponsable, reste sourd face aux protestations de la communauté internationale.