L’Histoire nous tire par la nuque ! Elle nous nargue aussi. Il n’est pas besoin d’avoir un regard d’entomologiste pour comprendre à quel point les interférences extérieures et mercantiles ont entaché le dossier du Sahara marocain.
Son histoire est celle d’une supercherie, consistant en un cruel premier dépècement territorial - du Royaume du Maroc s’entend - à la Conférence d’Algésiras de 1906, il y a donc 108 ans…. Ensuite de l’accord léonin signé par la France et l’Espagne le 27 novembre 1912 et imposé au même Maroc, affaibli au plan intérieur par une «Siba» dévastatrice et à l’extérieur par les banques au service des impérialismes. En 1904, Madrid et Paris s’étaient déjà mis d’accord pour définir leurs zones d’influence respectives : le Nord et le Sud du Maroc revenaient à l’Espagne et le centre, appelé «Maroc utile» à la France. L’Histoire du Maroc est un fantasme récur-rent des historiens et anthropologues colo-niaux. Le Royaume a cristallisé leur fasci-nation doublée d’une haine. Etat consti-tué depuis Idriss 1er, autrement dit depuis 14 siècles, il continue d’échapper à tous les schèmes dans les-quels la science géo-politique occidentale s’est obstinée «cahin caha» à le confiner. L’Empire chérifien, comme on disait, avait maille à partir avec pas moins de cinq puis-sances impérialistes : la France, l’Espagne, l’Allemagne, l’Angle-terre, la Russie et «tutti quanti», pour ne pas voir son territoire morcelé, effiloché et sa carte redessinée en peau de léopard. Jamais pays arabo-musulman et africain n’était confronté à une si vaste coalition en temps de paix. C’est en 1934 que l’Espagne occupe «manu militari» le Sahara marocain et installe ses «tercio» tout le long de la frontière factice élevée autour de Sidi Ifni, qu’elle cédera le 30 juin 1969, en application de la résolution 2072 de l'Assem-blée générale des Nations unies. Au demeurant, la restitution du territoire de Sidi Ifni comme également de Tarfaya onze ans avant (1958), illustrait bel et bien le principe cardinal de décolonisation par la négociation entre le Maroc et l’Espagne, cautionnée par l’ONU. Autrement dit, le même processus que celui engagé en novembre 1975 qui aboutira à l’accord tripartite maroco-hispano-mauritanien, signé le 14 novembre à Madrid pour récupérer le Sahara. Les stipendiés algériens et certains de leurs journaux à la botte continuent à ergoter sur une prétendue «occupation coloniale par le Maroc du Sahara», et se font forts de revendiquer sa non moins prétendue «décolonisation» ! Ils feignent d’oublier simplement que l’indépendance de l’Algérie, la récupération du Sahara algérien dans son intégralité, outre une longue guerre de huit ans, n’ont été rendues possibles que suite à une laborieuse négociation entre la puissance coloniale que fut la France et le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Peut-être faudrait-il leur rappeler que le Sahara a été décolonisé de la même manière ? Et que les manoeuvres dilatoires auxquelles ne cessent de se livrer leurs diplomates au sein de la 4ème Commission de l’ONU ne servent à rien, sinon contredire la doctrine de cette dernière en matière de décolonisation. Le Royaume du Maroc est le seul pays dans le monde qui n’a pas récupéré ses territoires colonisés d’un seul coup, mais étape par étape. Tarfaya en 1958, Sidi Ifni en 1969, Tiris al-Gharbia en 1975, Oued Eddahab en 1979 enfin… Dans les provinces du Nord, les présides comme on dit, Ceuta et Mellilia, les îlots trans-formés en bases militaires : Nekor (Le Penon d’Alhucemas) Isla de Mar et Isla de Tierra ; Badis (Velez de la Gomera), Iles Jâafarines, occupées par Isabelle II ; Leila (Perejil) et Alboran sont encore, au XXIème siècle, sous domination espagnole et le Maroc les reven-dique âprement. Le Maroc accédant à l’in-dépendance en 1956 avait posé sur la table le problème de ses terri-toires dans leur intégra-lité, aussi bien au Sud qu’au Nord et à l’Est, côté algérien. Il a fait l’erreur ahurissante de reporter sa revendication à plus tard concernant sa frontière du Sud-Est, ne doutant jamais que les dirigeants algériens – qui avaient pignon sur rue au Maroc pendant la guerre de libération contre la France – allaient trahir leur promesse et lui faire en 1963 une guerre, ensuite à partir des années soixante-dix mener une incessante campagne de contesta-tion de son Sahara. On en arrive, et les chancelleries occidentales ne se sont fait faute de le rappeler, à considérer en définitive l’attitude d’hostilité récurrente de l’Algérie à l’égard du Maroc, de son irrédentisme apparenté à l’hégémonisme, de sa rage à l’exclure du champ maghrébin et régional, de sa furie à le combattre par tous les moyens au plan diplomatique – quitte à gaspiller ses pétro et gazo-dollars en quantités – comme un néocolonialisme. Celui-ci ne pourrait trouver mieux défenseur de nos jours qu’une Algérie officielle forcenée dans sa hargne et encline à redessiner la carte géopolitique du Maghreb et de l’Afrique. Entre la conférence d’Algésiras et aujourd’hui, l’intégrité territoriale du Maroc n’a jamais été intégralement parachevée. Violée par les puissances impérialistes, elle a été, c’est le moins que l’on puisse dire, remaquillée au bon vouloir des colonisateurs français et espagnol. L’Histoire dira peut-être un jour le droit et rendra justice à un pays qui a subi un joug multi-étatique et qui reste confronté à un expansionnisme rampant de la part de l’Algérie dont, pourtant, le territoire – quelque 2.381,741 km² - fait plus de 5 fois celui du Maroc et un peu moins de la France ! Un devoir de mémoire s’impose à présent, et dénoncer l’usurpation et la spoliation érigées en politique d’Etat contre lui en est le devoir impérieux.