«La politique marocaine d’immigration est sur de bons rails»

Actualité Politique Marocaine: Politique réussie envers les réfugies

Jean-Paul Cavaliéri, représentant du haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés


 

Le haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, la Fondation Noufissa Pharma 5, l’Association marocaine de planification familiale et le ministère délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger et des Affaires de la migration ont conclu un partenariat stratégique pour faciliter l’accès des réfugiés à la santé, l’éducation et à l’insertion économique.

A travers cet accord, la Fondation Noufissa Pharma 5 a octroyé un don de médicaments au profit des réfugiés et autres personnes vulnérables au Maroc, d’une valeur d’1 million de dirhams sur trois ans.

L’occasion de faire le point avec Jean-Paul Cavaliéri, représentant du haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, sur la politique marocaine d’immigration.

 

Propos recueillis par L. Habboul

 

Finances News Hebdo : Quel est le but de ce programme, et en quoi consiste-t-il ?

Jean-Paul Cavaliéri : Il s’agit d’une convention quadripartite qui prévoit un soutien dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’insertion socioprofessionnelle, notamment à travers une contribution de la Fondation Noufissa Pharma 5 pour l’accès aux médicaments des réfugiés, des migrants, et des populations vulnérables dans les villes qui accueillent les réfugiés.

Il y a quelques jours lors de la visite du Pape, le Roi Mohammed VI a fait référence à la tradition d’accueil et d’intégration des exclus au Maroc et qui s’illustre notamment à travers la politique nationale d’immigration et d’asile.

Il s’agit d’un exemple de partenariat privé-public dans le cadre duquel le secteur privé, représenté par la Fondation Noufissa Pharma 5, soutient une politique nationale d’immigration et d’asile. C’est un exemple véritablement original à l’échelle de toute la région Afrique du Nord d’un partenariat des forces vives de la nation en soutien à une politique nationale avec la société civile, le HCR et les autorités compétentes pour résoudre la question migratoire des réfugiés, qui dépasse de loin bien sûr les frontières du Maroc. C’est une question transnationale sur laquelle le Maroc apporte sa propre réponse, originale, pionnière et courageuse, parce qu’elle concerne des populations en mouvement, qui est relativement volatile à l’échelle du continent, voire de la planète.

Le HCR est particulièrement reconnaissant pour cette initiative de la Fondation Noufissa Pharma 5, qui permettra notamment un accès amélioré aux soins de santé.

 

F.N.H. : Comment évaluez-vous la politique nationale d’immigration et d’asile marocaine, et selon vous, que reste-t-il encore à faire pour la renforcer ? 

J. P. C. : Je pense qu’elle est sur de bons rails, notamment par l’association du secteur privé, des institutions, de la société civile etc. Nous avons une dynamique qui va dans le bon sens, évidemment il y a encore des choses à accomplir, du travail à faire notamment la loi d’asile qui est en chantier, qui est prête à être finalisée et qui sera soumise, nous l’espérons, au Parlement au cours de cette année pour adoption. Si la loi d’asile passe au Maroc, il s’agira de la première loi sur l’asile de toute la région Afrique du Nord-Moyen-Orient. Nous attendons beaucoup de cette loi car elle va pouvoir être une source d’inspiration pour d’autres pays dans la région qui n’en sont pas encore là, mais qui suivent avec attention ce que fait le Maroc. Cette expérience à ciel ouvert qui est l’accueil, la protection des réfugiés par les autorités et la société marocaine.

 

F.N.H. : Lors d'une sortie médiatique, vous aviez déclaré que le Maroc était un pays de transit. Quel pourraient être les impacts ?

J. P. C. : Le Maroc a été, est et sera vraisemblablement toujours un pays de transit. Le Détroit de Gibraltar, c’est 14 km entre l’Afrique et l’Europe et ce n’est pas prêt de changer. Ceci dit, le Maroc est devenu aussi un pays de destination, d’accueil pour les migrants et les réfugiés grâce à une volonté politique de donner une réponse digne et à la hauteur des valeurs que défend le Maroc pour l’accueil et la protection des réfugiés.

On peut penser que cette politique nationale d’immigration et d’asile va continuer à se déployer, à engranger des exemples qui sont aussi des succès d’intégration, de vivre ensemble, aussi bien pour des populations qui sont pour certaines en transit, mais pour d’autres qui voient leur avenir ici au Maroc, en attendant de pouvoir rentrer un jour dans leur pays. Ces pays qui sont minés par les conflits, comme la Syrie, le Yémen, la République centrafricaine, le Mali etc.

 

F.N.H. : Actuellement, quel est le nombre de réfugiés au Maroc ? 

J. P. C. : Il s’agit d’un petit nombre. Environ entre 7.000 à 8.000 réfugiés sont enregistrés auprès du HCR et des autorités compétentes. Ce qui est intéressant à souligner, c’est ce que ce chiffre est en hausse graduelle. C’est donc le signe qu’il y a un espace d’accueil et de protection. 52 villes accueillent les réfugiés à travers tout le Maroc. Ce n’est pas une question migratoire qui se déploie dans le nord, entre l’Algérie, Oujda, Nador.

Ils sont éparpillés, ce qui est un très bon indicateur, d’abord de liberté de mouvement. Les réfugiés ici, à la différence d’autres pays, ne sont pas refoulés. Ils peuvent avoir une carte de séjour et contribuer à développer des richesses dans la société qui les accueille, parce qu’ils ont accès au marché du travail. Le fait qu’ils soient répartis dans 52 villes, cela veut dire qu’il n’y a pas de camps de réfugiés, il n’y a pas lieu de résoudre cette question à travers des infrastructures ad hoc. Ils sont bien intégrés, ils vont là où il y a du soutien, là où ils pensent avoir des niches d’emplois, là où ils ont déjà des connaissances. Cela se passe en douceur et cet exemple reflète aussi la tradition d’accueil et de générosité des Marocains eux-mêmes. ◆

 

 

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