En marge de son escale casablancaise la semaine dernière où il a tenu une conférence devant ses compatriotes expatriés au Maroc, François Fillon, candidat à la primaire du parti les Républicains, a bien voulu répondre aux questions de Finances News Hebdo.
Dans cet entretien, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012 réaffirme sa détermination à mener rapidement les réformes radicales qui s’imposent, à créer un choc en profondeur du pays pour, dit-il, mettre en place les conditions du «redressement» et «rendre leur liberté aux Français».
Finances News Hebdo: Lors de votre meeting tenu récemment au Maroc, il est clairement retenu que les Français sont déçus des politiques qui les gouvernent. Votre candidature s'appuie sur des réformes radicales et plus libérales, pouvez-vous nous en dire plus ?
François Fillon: Vous vous souvenez sans doute que j’ai été le premier à évoquer la faillite de l’Etat. Le moins que l’on puisse dire c’est que la situation ne s’est pas arrangée depuis. Pour éviter à la France de se trouver un jour dans une situation comparable à ce qu’ont connu la Grèce et l’Espagne, le pays a besoin d’un traitement de choc. Mon projet prévoit donc, non pas seulement quelques réformes, mais un changement radical. Il n’est plus temps de corriger le système à la marge. Il s’agit de changer de système de fond en comble, sur la base d’un principe directeur : rendre leur liberté aux Français.
F.N.H.: Pour vous, le développement de l'économie française passe par la reconstitution du capital français et le rétablissement de l'autorité de l'État. Pensez-vous que ces éléments sont suffisants pour faire la rupture avec la bureaucratie pointée du doigt en France ?
F. F.: Il s’agit de deux exemples que nous avons développés lors de la réunion publique de Casablanca : créer les conditions d’un retour de l’investissement privé, grâce notamment à l’instauration d’une fiscalité incitative quand elle est aujourd’hui confiscatoire et, d’autre part, rétablir l’autorité de l’Etat qui s’est illustré ces dernières années par son infinie faiblesse et son absence de décision, qui sont deux des conditions du redressement. Mais il y en a beaucoup d’autres, telles que la liberté du temps de travail, l’alignement des retraites et des régimes sociaux de la fonction publique sur le privé etc. Au total, j’entends conduire très vite des réformes massives et nombreuses afin de créer un choc en profondeur dans le pays.
F.N.H.: La dette de la France a été multipliée par trois depuis peu d'années. Pensez-vous qu'une politique de dépenses plus restrictive au niveau de l'administration donnera ses fruits à moyen terme ?
F. F.: En 5 ans, nous pouvons ramener les comptes publics à l’équilibre. Ensuite, pourra commencer la réduction de la dette. Pour y parvenir, il faut réduire la dépense publique et notamment le poids que représente le nombre de fonctionnaires. Je passerai immédiatement à 39 heures le temps de travail de la fonction publique. Et grâce à cette masse de travail supplémentaire, ce sont des centaines de milliers de postes qu’il ne sera plus nécessaire de renouveler.
F.N.H.: Vous avez été Premier ministre sous Sarkozy. Avec le recul, quelle appréciation faites-vous de cette expérience et avez-vous le sentiment que vous auriez pu faire davantage pour les Français ?
F. F.: J’ai été pendant cinq ans Premier ministre. Cette expérience a été déterminante dans l’élaboration du projet que je propose aux Français. Nous savons que les solutions mises en œuvre sous la précédente mandature n’étaient pas assez puissantes pour redresser durablement le pays. Je veux aller beaucoup plus loin et beaucoup plus vite.
F.N.H.: Un mot sur les résultats des élections au Maroc.
F. F.: Vous comprendrez que je ne souhaite pas m’exprimer sur la politique intérieure marocaine. Mais juste un mot pour vous dire l’affection et le respect que la France et les Français éprouvent à l’égard du Maroc. Nos collaborations et nos complémentarités sont nombreuses. Nous avons tout à gagner, des deux côtés de la Méditerranée, à ce qu’elles se développent davantage encore.
Propos recueillis par F.Z. Ouriaghli
Primaires : Juppé accentue son avance, Sarkozy décroche
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Désormais crédité de 41% des intentions de vote en vue du premier tour, le maire de Bordeaux gagne quatre points par rapport à la précédente vague de sondages réalisée il y a un mois. A moins d'un mois du premier tour, Nicolas Sarkozy perd trois points, à 30%, toujours selon cette étude. François Fillon est crédité de 12% des intentions de vote, Bruno Le Maire de 11%, Nathalie Kosciusko-Morizet de 4% et Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson tous deux de 1%.