Entretien. Le scrutin du 8 septembre a révélé le besoin d’instaurer une alternance politique

Entretien. Le scrutin du 8 septembre a révélé le besoin d’instaurer une alternance politique

 

La coalition gouvernementale doit être homogène pour conduire son programme. Eclairage de Mohamed Belmir, politologue.

 
 
 
Propos recueillis par C.J
 
 
 
F.N.H: Quelles sont les principales conclusions tirées du scrutin du 8 septembre ?
 
Mohamed Belmir: Les dernières élections se sont déroulées dans un contexte très particulier tant sur le plan politique que socio-économique. Le PJD qui a piloté le gouvernement pendant deux décennies a connu une déroute totale. Le grand bénéficiaire est bien entendu le RNI qui a fait une-de-marrée et plus ou moins l’USFP et le PPS. Grace au quotient électoral, des partis comme le PSU ont pu avoir une représentation au Parlement. Tous les indicateurs enregistrés avant le scrutin laissent présager un recul du PJD et une montée du RNI . C’est un nouveau cycle politique qui commence au Maroc. 
 
 
F.N.H: Pensez-vous qu’après sa déroute, le PJD pourrait rebondir ? 
 
M.B : Le PJD est parmi les partis les mieux organisés avec une assise de militants significative qui peut le cas échéant une fois dans l’opposition panser ses plaies et réorganiser ses instances. Mais le coup accusé lors du scrutin est difficile à supporter surtout que des ténors du parti ont été désapprouvés par les électeurs à leur tête El Otmani  l’ex chef du gouvernement et d’autres ministres comme Amakraz et Rebbah. La formation à la lampe doit revoir ses copies et renouveler ses dirigeants. Sa gouvernance pendant une décennie à la tête de l’Exécutif et aussi à la tête de plusieurs villes du Royaume lui a permis d’acquérir beaucoup d’expérience.
 
Mais il est difficile pour le parti de remonter la pente dans le court et le moyen termes. Le cas de l’USFP en est la parfaite illustration. La formation à la rose a été à une époque la première force politique nationale mais une fois au gouvernement, elle a beaucoup perdu de son lustre et de sa renommée. Elle joue actuellement les deuxièmes ou les troisièmes rôles. C’est un scénario fort probable pour le PJD dans le futur. 
 
 
F.N.H: Comment expliquez-vous la débacle du PJD ?
 
M.B : Le déclin du parti a commencé depuis l’éviction de Abdelillah Benkirane pour un deuxième mandat mais son remplacement par  El Otmani a généré de fortes tensions entre ceux qui sont pour rester dans la coaltion gouvernementale et ceux qui préfèrent revenir à l’opposition. La mise à l’écart de Benkirane a également terni l’image du parti. Son charisme a été un élément important pour séduire les électeurs notamment dans les milieux populaires. Ce qui n’est pas le cas d’El Othmani.
 
Il est également un membre influent dans le Mouvement de l’Unicité et de la réforme (MUR) qui a un effet sur la mouvance islamiste au Maroc notamment chez des groupes comme Al Adl Wal Ihssane. Le parti a fait également les frais des décisions douloureuses prises par le gouvernement comme celles relatives aux retraites, compensation, enseignants contractuels et autres. 
 
 
F.N.H: Mais le RNI fait partie également de la coalition gouvernementale sortante. Pourquoi n’a-t-il pas été touché par un vote sanction ?
 
M.B : Le vote sanction a été plus contre les décisions douloureuses d’ordre général dont j’ai cité quelques unes. Tout cela conjugué à la la dégradation de la situation des citoyens avec  la crise sanitaire. Par contre le RNI a réussi à mettre en valeur  dans sa campagne de communication les réalisations des secteurs qu’il dirige notamment l’agriculture et l’industrie.
 
 
F.N.H : Akhannouch a été nommé nouveau chef du gouvernement. Quels sont les scénarios possibles du prochain exécutif ?
 
M.B : Il existe différents scénarios possibles. Le plus probable est celui d’une alliance entre les trois premiers partis (RNI, PAM Istiqlal) qui peut être extensible à l’USFP. Premièrement, cela va traduire la volonté des électeurs et permettra d’instaurer une véritable alternance politique. Ce qui va consolider la démocratie au Maroc. Le PAM et l’Istqlal ont été dans l’opposition et l’USFP a une certaine légitimité historique.
 
Le gouvernement aura par la même occasion une forte majorité au parlement et pourra conduire confortablement son programme. Mais encore faut-il trouver un terrain d’entente entre les différents partis aussi bien au niveau du programme que dans la distribution des portefeuilles. Plus le nombre de partis est réduit plus il est facile de former un cabinet rapidement. Une coalition large englobant également le PPS, le mouvement populaire ou l’UC n’est pas à écarter. Le cas échéant le parlement sera vidé de toute opposition que l’article  60 de la Constitution stipule que «c’est une composante essentielle des deux chambres. Elle participe aux fonctions de législation et de contrôle».
 
Le plus important est que le prochain gouvernement soit homogène et que son équipe travaille en harmonie avec les autres institutions. Le Maroc est dans une phase très importante pour relancer son économie et procéder aux différentes réformes afin de combler le retard accusé dans différents domaines.
 
 
 

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