Par C. Jaidani
La vie politique nationale, et plus précisément celle liée aux partis politiques connait une certaine léthargie ces dernières années. La grogne sociale à cause de la mauvaise conjoncture et les divisions au sein de la majorité ont accentué la colère citoyenne. Dès lors, tous les observateurs prévoient un taux d’absentéisme record lors des prochains scrutins. En mettant en veilleuse l’action publique, la crise sanitaire a porté le coup de grâce. Contraintes de se réunir par visioconférence, les formations politiques ont été éclipsées par ce que faisaient les autres acteurs nationaux.
Mais, à l’approche des élections législatives prévues fin septembre prochain, la scène politique s’est réchauffée ces derniers temps. Lors des discussions des lois électorales, surtout la partie concer sont devenus houleux. La présence en force des députés malgré les restrictions sanitaires n’est pas passée inaperçue. Excepté l’ouverture de la session parlementaire devant le Roi Mohammed VI en octobre, où l’hémicycle était rempli, rares sont les occasions où les députés sont présents au complet.
Même des textes de loi considérés révolutionnaires pour le pays comme la Moudawwana n’ont pas eu autant d’intérêt. La nouvelle formule du quotient électoral est le principal motif de discorde de la réforme des lois électorales. Les enjeux sont énormes; c’est une question de survie pour certaines formations comme le PJD, qui se sent visé par cette disposition. Alors que d’autres espèrent améliorer leurs scores ou prétendre à une représentativité au Parlement, notamment les petits partis. La formation à la lampe travaille dur pour écarter cette nouvelle disposition. Ses responsables ont affirmé qu’ils utiliseront tous les moyens légaux, y compris le recours à la Cour constitutionnelle. Ils sont même allés plus loin en indiquant qu’il est possible que le parti boycotte les prochaines élections et les grands événements politiques.
«La nouvelle formule du quotient électoral basée sur le nombre d’inscrits et non des votants n’existe nulle part ailleurs. C’est une expérience inédite dans l’histoire de la démocratie. Elle devrait porter atteinte au principe de rivalité existant entre les différents candidats et devrait bouleverser davantage le paysage politique et accentuer la défection des électeurs. C’est une sorte de tutelle sur les votants qui est inacceptable», souligne Abdelillah Halouti, conseiller du PJD, lors de son intervention récemment à la Chambre des conseillers.
Malgré la présence de la totalité des députés du PJD au nombre de 104, le texte de loi a été approuvé par 162 voix. «Le PJD est seul contre tous les partis. Même l’Istiqlal, qui a été contre le nouveau quotient électoral, a fait volte-face à la dernière heure. Le prochain scrutin s’annonce serré. Toutefois, la formation islamiste peut compter sur la régularité et la fidélité de son électorat pour maintenir son positionnement et briguer le leadership pour la troisième fois. Mais avec le déchirement qui existe actuellement, il est difficile pour ce parti de pouvoir gouverner avec une coalition homogène», souligne Mohamed Belmir, politologue.
Les rivalités politiques qui règnent actuellement entre le PJD et les autres partis se sont prolongées jusque sur les réseaux sociaux. Les anti-PJD s’activent et livrent une bataille féroce pour dénigrer la formation à la lampe. Ils brandissent certaines décisions très impopulaires prises par le gouvernement lors des deux mandats où le parti a dirigé le gouvernement.