Darmanin au Maroc, une visite à haute densité

Darmanin au Maroc, une visite à haute densité

Il est fort à parier que la visite du ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, au Maroc prévue ce 21 avril suscitera autant d’intérêts, sinon plus que celle qu’avait effectuée le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, et qui avait relancé la dynamique de coopération entre Rabat et Paris. Et pour cause. Le profil politique du ministre n’est pas anodin et son périmètre d’action touche de nombreux domaines qui ont cristallisé les foyers de tension entre la France et le Maroc pendant de longs mois, pour ne pas dire des années.

Le premier flic de France qui visitera le Maroc la semaine prochaine aura bien entendu les préoccupations sécuritaires entre les deux pays à discuter. Surtout dans un contexte où les autorités françaises ont sollicité l’aide précieuse et l’expertise des services de sécurité dans la gestion des foules et des événements de masse pour l’aider à gérer l’organisation des Jeux olympiques. Le Maroc, ayant montré un savoir-faire unique dans la gestion sécuritaire du Mondial du Qatar qui avait forcé l’admiration de beaucoup et décroché une distinction internationale. Cette coopération a déjà été discutée lors de réunions régulières de nombreux hauts responsables de la sécurité des deux pays.

Cette visite de Darmanin aura sans doute pour objectif immédiat de finaliser cet accord de coopération entre Paris et Rabat et de lui donner des perspectives politiques. La participation du Maroc à ces Jeux, en dehors du cadre purement sportif, est un grand signal de l’imbrication et de l’excellence des relations entre les deux pays incarnée par le tournant que la diplomatie française est en train de prendre doucement mais sûrement sur le Maroc.

Mais cette visite, qui se déroule sous l’aura d’une embellie de circonstances, ne parviendra sans doute pas à camoufler les nombreux dossiers de divergences qui ont alimenté les aigreurs franco-marocaines. À commencer par celui des visas dont le ministre Darmanin lui-même s’est politiquement saisi pour lancer des accusations contre le Maroc de ne pas délivrer suffisamment de laissez-passer consulaires pour le retour des nationaux expulsés. Cela avait valu à l’époque à la relation entre la France et le Maroc une mémorable passe d’armes qui montrait la profondeur de la crise entre les deux pays.

Il est vrai que l’histoire de la crise des visas n’est plus à l’ordre du jour, quoique le retour à la normale est plus une vue de l’esprit qu’une réalité, mais la tension qu’elle a générée laissera des traces. Les discussions politiques sur un sujet aussi crucial pour la France que pour le Maroc vont continuer à être discutées pour tenter de trouver le meilleur des équilibres entre les deux pays.

En tant que ministre des Cultes aussi, le ministre Darmanin aura aussi à subir les remontrances des autorités marocaines qui ont constaté que depuis son arrivée à la place Beauvau, il n’a eu de cesse de favoriser la sensibilité de l’islam algérien au détriment de la marocaine au sein de l’Islam de France comme le montre le favoritisme qui frise parfois l’irrationnel accordé à la mosquée de Paris dirigée par le franco-algérien Chems Eddine Hafez dont les liens structurels avec le régime miliaire algérien sont de notoriété publique.

La gestion de l’islam de France et les choix mis en avant par la gouvernance Macron seront à n’en pas douter au centre des discussions de Darmanin avec les autorités marocaines qui accordent à ce sujet une attention particulière. 

Cette visite de Darmanin au Maroc sera hautement politique. Le ministre de l’Intérieur a prévu de quitter son poste au lendemain des Jeux olympiques. C’est un secret de polichinelle qu’il va se préparer pour être un des candidats de la droite pour la succession d’Emmanuel Macron. Il estime qu’il a les qualités, le parcours, le bilan et les choix politiques pour pouvoir croiser le fer avec le prochain candidat de l’extrême droite, qu’il s’agisse de Marine Le Pen ou de Jordan Bardella.  

Pour beaucoup d’observateurs, cette visite va largement dépasser le cadre d’un déplacement du ministre de l’Intérieur à Rabat pour englober d’autres préoccupations et d’autres arrières pensées. Car à travers cette visite de Darmanin au Maroc, le responsable français va certainement s’attacher à ouvrir un nouveau chapitre de relations avec ce pays dont il aura besoin le moment venu.

 

Mustapha Tossa

 

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