Clash PJD / RNI : Vers une nouvelle configuration de la scène politique ?

Clash PJD / RNI : Vers une nouvelle configuration de la scène politique ?

benki mezouar

L’animosité entre les deux hommes ne datent pas d’hier. Pourtant, la récente attaque de Mezouar portée au parti de la lampe et à son SG, dans le contexte actuel, pourrait annoncer une future alliance entre le RNI et le PAM. Encore faut-il que l’issue des législatives prochaines y soit favorable. Décryptage.

Entre un Ilyas Omari et un Abdelilah Benkirane jubilant autour d’une même table lors d’une cérémonie qui a coïncidé avec le 14 février (sic), un chef de la diplomatie, Salaheddine Mezouar pour ne pas le citer, qui ne fait pas dans la dentelle en s’attaquant au parti de la lampe, et par ricochet, à Abdelilah Benkirane, son allié de la majorité, et, surtout, Chef de gouvernement; la scène politique marocaine prête tristement à sourire. Et puis, à côté, de petites voix s’élèvent de l’USFP, jadis parti de gauche qui faisait trembler tous ses adversaires politiques et mêmes ses alliés… 

Bref, à peine la date des législatives connue, que les engueulades politiques ont repris résumant l’action politique à une surenchère électoraliste dont personne n’est plus dupe. En résumé, le Marocain, cette vache à lait (de voix électorales) va devoir se coltiner des débats de caniveaux qui contrastent complètement avec les ambitions et défis du Royaume. Il faut dire que nous avions eu un avant-goût de ce que sera cette campagne électorale démarrée avant l’heure, notamment du clash PJD et RNI, lors des dernières élections régionales et communales, comme nous le rappelle l’analyste politique Abdellah Tourabi. Selon lui, les dissensions au sein de la majorité gouvernementale ont commencé bien avant, et se sont cristallisées lors des dernières élections régionales et communales. «Des voix du RNI ont permis d’élire des présidents de régions appartenant au PAM, au détriment des candidats du PJD, comme on l’a vu lors de l’élection du président de la région de Casablanca». 

Certains attribuent la dernière sortie médiatico-politique de Mezouar, lors du Conseil national du RNI, comme une fuite en avant pour ne pas faire les frais des mesures antisociales prises sous l’actuel gouvernement et qui n’ont pas manqué de provoquer une vague de réactions hostiles de la rue marocaine. «Je ne crois pas que ce soit lié pour se dédouaner des politiques «antisociales» du gouvernement, car il ne faut pas oublier que le pôle économique du gouvernement est détenu par des ministres RNIstes (Economie et Finances publiques, Industrie)», tient à rappeler Abdellah Tourabi.

Est-il utile d’ajouter qu’en plus des deux ministères stratégiques précités, le RNI détient six autres portefeuilles dans l’actuel gouvernement, ce qui fait tomber à l’eau les mesures antisociales comme facteur déclenchant de cette hostilité subite (vraiment ?) de Salaheddine Mezouar à l’encontre de son «Chef». L’explication est peut-être à chercher ailleurs, comme le soutient notre analyste politique : «Je crois qu’il s’agit plutôt d’une nouvelle configuration de la scène politique marocaine, qui correspond à la fin du mandat du gouvernement et la préparation aux élections prochaines prévues dans 8 mois». 

Si les propos hostiles entre les deux leaders politiques ne datent pas d’hier, mais bien avant les élections anticipées du 25 novembre 2011, ils semblent exacerbés, par une éventuelle future alliance entre le RNI et le PAM, l’adversaire attitré du PJD, encore faut-il que l’issue des élections d’octobre prochain le permette. «Cette possibilité est plus que posée, mais la question est de savoir sous quelle forme va-t-elle se concrétiser ? Une alliance qui ressemble au G8, créé à la veille des élections de 2011 ? Ou attendre les résultats des élections pour amorcer les alliances. On en est encore loin, et tout est possible, y compris le statu quo et la reconduite de la majorité actuelle. Rappelons-nous des attaques adressées par Benkirane à Mezouar en 2011, et qui n’ont pas empêché les deux chefs de cohabiter dans le même gouvernement», rappelle Abdellah Tourabi. En effet, il est utile parfois de prendre du recul et analyser les joutes verbales des uns et des autres plus en tant que diatribes électoralistes que comme divergences idéologiques, si divergences il y a dans notre sphère politique nationale. Pour preuve, l’alliance contre-nature entre le PJD, parti conservato-islamiste, et le PPS, parti communiste ! 

Au lieu de nous donner des migraines, imaginez alors avec moi, dès à présent, les accolades que s’échangeront Benkirane et Mezouar, larges sourires aux lèvres, lorsqu’ils devront accueillir tous les deux ce jeudi 18 février à Rabat, le président de l'Assemblée générale des Nations unies, Mogens Lykketoft, qui viendra évoquer avec eux la mise en oeuvre des Objectifs du développement durable (ODD) et le changement climatique, de même qu’il échangera avec eux des préparatifs de la prochaine COP22, prévue à Marrakech. 

L’USFP tente de revenir dans la course électorale

Le parti de la rose, qui a bien perdu de sa superbe, a également fait parler de lui cette semaine en manifestant son soutien aux mouvements de protestation pacifique. «C’est une tentative de la direction de l’USFP de revenir à l’identité de gauche du parti, en encourageant les mouvements de protestation. Mais cette stratégie pourrait être perçue par les concernés comme «électoraliste» et une tentative de récupération politique en raison de l’inconstance de l’USFP et les divisions que le parti ne cesse de connaître et qui affaiblissent le crédit du parti», estime Abdellah Tourabi. Le parti a également titillé le gouvernement sur un autre registre puisque le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, a appelé à un front partisan pour modifier le projet de loi sur l’Autorité pour la parité, alors que la députée et membre du bureau politique du parti, Hasna Abou Zeïd, a souligné à nos confrères d’Al Akhbar que le gouvernement a une vision étriquée du rôle de cette instance. Cela suffira-t-il à intéresser une opinion publique habituée à des accrochages plus virulents entre leaders politiques ? 

Imane Bouhrara

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