Sur le plan politique, la diplomatie du Royaume devient plus offensive sur le sujet de l’intégrité territoriale. Au niveau économique, le processus de développement entamé depuis 1975 se renforce avec un programme d’investissement colossal de 140 Mds de DH.
Le Maroc célèbre cette année le 40ème anniversaire de la Marche verte. Le Roi en personne devrait se rendre à Laâyoune pour faire de grandes annonces, notamment un vaste programme de développement de 140 Mds de DH pour donner un véritable coup de fouet au programme de régionalisation et conforter le projet d’autonomie des provinces du sud.
La visite du Souverain est censée donner plusieurs signes et messages, aussi bien au niveau national qu’à l’international. Une année auparavant, le Roi était clair et catégorique sur le sujet. «Le Maroc restera dans son Sahara et le Sahara demeurera dans son Maroc jusqu'à la fin des temps», affirmait-il dans un discours prononcé à l’occasion du 39ème anniversaire de la Marche verte. Précisant par la même occasion que «le choix du Royaume d'ouvrir la porte à la négociation ne portait et ne portera en aucune manière sur la souveraineté du Sahara», et que «l'initiative d'autonomie est le maximum que le Maroc puisse offrir».
Le Souverain n’a cessé de réaffirmer les lignes rouges sur le sujet. Le Maroc n’acceptera pas les amalgames et les manipulations. A cet égard, il a indiqué que pour chaque dirham récolté au Sahara, l’Etat dépense 7 dirhams. Et ce contrairement à la propagande du Polisario et de l’Algérie, qui prétend que le Maroc exploite les richesses du Sahara. Ces dernières années, le Royaume a musclé son discours ; et sa diplomatie devient de plus en plus offensive.
Qu’est-ce qui explique ce changement ?
«L’approche utilisée auparavant a montré ses limites. Alors que les ennemis du pays utilisent toutes les méthodes dont ils disposent pour contrer sa position. Il fallait adopter de nouvelles méthodes, avancer de nouveaux arguments et défendre âprement son intégrité territoriale. Face au soutien d’Alger aux séparatistes du Polisario, le Maroc a soutenu à l’ONU l’indépendance de la région des Kabyles. Une initiative inédite dans la diplomatie marocaine. L’objectif, in fine, est de gagner la bataille. Car le conflit du Sahara a trop duré, et il est temps de le régler définitivement et de permettre aux générations futures de vivre paisiblement. Il faut une solution politique négociée. Malheureusement, le Polisario veut l’indépendance alors qu’il n’est pas indépendant dans ses décisions. Il est toujours sous la tutelle des seigneurs d’Alger», souligne Mohamed Belmlih politologue.
S’agissant de la symbolique du 40ème anniversaire de la Marche verte, Belmelih rappelle qu’entre 1975 et 1991, il y a eu le conflit armé. Le cessez-le-feu sous la supervision de l’ONU n’a pas réglé le problème et, depuis, perdure le statu quo. La partie adverse reste attachée à l’option du référendum d’autodétermination qui, dans la réalité, est irréalisable. Le Maroc veut montrer encore une fois sa position ferme sur la question. Par ailleurs, il envisage d’appliquer son plan d’autonomie dans le cadre de la régionalisation avancée.
Depuis leur retour à la mère-patrie, nos provinces du Sud ont bénéficié de plusieurs centaines de milliards de DH d’investissements sous forme d’infrastructures et autres équipements de base. Actuellement, leur niveau dépasse la moyenne nationale, alors qu’en 1975 la région était complètement démunie.
«Il n’y avait pas d’eau courante, ni de réseau d’assainissement. Rares sont les quartiers qui étaient accessibles au réseau électrique. Mise à part la voie principale qui relie Laâyoune au réseau routier, toutes les autres voies n’étaient pas goudronnées. Il a fallu tout construire», se souvient Ahmed Maher, un ancien cadre de l’ONEE, ayant exercé dans les provinces sahariennes entre 1975 et 1981. «J’ai dû déménager avec ma famille. Mes enfants et ma femme ont eu beaucoup de difficultés à s’adapter. Le cadre de vie était difficile. Il y avait très peu de lieux de commerce; le service public était presque inexistant. Depuis, les choses ont beaucoup changé. Les régions du Sud affichent aujourd’hui un niveau de développement satisfaisant».
Le Maroc poursuit le développement de ses provinces. Le projet de régionalisation avancée devrait mettre davantage l’accent sur les secteurs classiques de cette région, en l’occurrence la pêche où les ports existants, notamment ceux de Laâyoune, Dakhla, Tarfaya, Tan Tan et Boujdour, devraient bénéficier d’opérations d’extension. Ils seront dotés des derniers équipements de stockage, de débarquement et de refroidissement. Pour améliorer la communication, le réseau routier sera renforcé à travers l’élargissement de la route nationale reliant Guelmim à Lagouira, longue de 1.330 km. Un axe majeur de liaisons entre le Maroc et l’Afrique. Le secteur minier présente également des opportunités d’investissement importantes, notamment dans le domaine des phosphates. En forte progression, le tourisme présente des atouts indéniables. Dakhla, Tan Tan, Tarfaya sont devenues des destinations internationales pour les voyageurs, avec des produits spécifiques comme les sports nautiques, la pêche sportive ou les safaris sahariens. Sans oublier, bien sûr, l’agriculture qui, dans le cadre du Plan Maroc Vert, a bénéficié d’un vaste programme de soutien à l’échelle régionale. Ces filières devront soutenir le secteur industriel, notamment dans les unités de transformation et de service.
Charaf Jaidani