Interface cerveau-machine: quand la frontière entre l'homme et la machine s'estompe

Interface cerveau-machine: quand la frontière entre l'homme et la machine s'estompe

Neuralink, la startup d'Elon Musk, a implanté une puce cérébrale dans le cerveau d'un premier patient humain. Les détails sont limités, mais d'autres entreprises comme Synchron sont plus avancées.

 

Par K.A

Devons-nous craindre que les ordinateurs aient accès à nos pensées ? Des avancées significatives dans la science des interfaces cerveau-ordinateur bénéficient aux personnes handicapées, mais elles soulèvent également des préoccupations sur la protection de la vie privée.

En 2019, Dennis Degray, paralysé depuis plus de dix ans, a écrit l'histoire en envoyant le premier message texte directement de son cerveau à un dispositif mobile, grâce aux implants révolutionnaires appelés matrices de l'Utah du programme BrainGate aux États-Unis. Malgré ces avancées, les matrices de l'Utah présentent des limites, notamment une chirurgie ouverte, une absence de connectivité sans fil et une durée de vie limitée en raison de la formation de cicatrices sur les électrodes.

C'est dans ce contexte qu’Elon Musk, surtout connu en tant que PDG de Tesla et SpaceX, a pris la scène en juillet dernier pour dévoiler les détails du système sans fil implantable, développé par sa société Neuralink. L'entreprise compte plus de 400 employés et a levé au moins 363 millions de dollars, selon le fournisseur de données PitchBook. Tout récemment, le patron de X a annoncé que la start-up avait réussi à implanter son premier dispositif sans fil dans le cerveau d'un être humain. Selon Musk, le premier patient ayant reçu l'implant se rétablit bien, et les résultats initiaux montrent une «détection prometteuse des pics de neurones».

L'ambition est de traiter des troubles neurologiques complexes tels que la maladie de Lou Gehrig (ALS) ou Parkinson, et d’ouvrir ainsi la voie à une relation symbiotique entre les humains et l'intelligence artificielle. Paradromics, une start-up similaire à Neuralink, se concentre également sur des électrodes plus petites, mais avec une densité encore plus élevée sur la surface de son implant neuronal. La société a déjà entamé un essai clinique au début des années 2020 après avoir levé environ 25 millions de dollars de financement, dont une part substantielle provenant de l'agence de recherche du Pentagone, la Darpa, intéressée par les interfaces cerveau-ordinateur pour les soldats blessés.

Synchron, basée en Australie et dans la Silicon Valley, adopte une approche novatrice. Leur dispositif, appelé Stentrode, est inséré à travers une veine à l'arrière du cou, éliminant ainsi le besoin de procédures chirurgicales invasives. Le stent se déploie près du cortex moteur, intégrant 16 électrodes métalliques dans les parois des vaisseaux sanguins, permettant l'enregistrement de l'activité neuronale. Synchron a annoncé le début du premier essai clinique en Australie. Ces avancées suscitent des espoirs, mais soulèvent également des questions éthiques.

L'annonce de l'implantation réussie chez un être humain a révélé des réactions variées du public qui se demande si l'ère des implants cérébraux est devenue réalité et s'il y a lieu de s'inquiéter. La confidentialité des données provenant de ces interfaces cerveau-ordinateur est une autre préoccupation majeure. Bien que ces BCIs soient parfois perçus comme capables de «lire l'esprit» ou de «décoder les pensées», ils enregistrent principalement l'activité liée au mouvement et nécessitent l'effort mental de l'utilisateur pour fonctionner. Cependant, des interrogations subsistent quant à la propriété des données cérébrales et à leur utilisation potentielle.

Le «piratage cérébral», où une tierce partie pourrait prendre le contrôle du système de manière non consentie, est une réalité à laquelle il faut faire face. Si les entreprises du secteur envisagent des applications non médicales à long terme, comme la communication cerveau à cerveau ou l'amélioration de la mémoire et de la cognition, elles se concentrent actuellement sur des utilisations médicales telles que la frappe au clavier contrôlée par le cerveau.

L'idée d'une interface cerveau-machine au service de la population générale pourrait encore prendre des années, voire des décennies. Bien que les possibilités semblent infinies, la prudence et l'exploration d'alternatives restent essentielles pour s'assurer que cette technologie révolutionnaire soit utilisée de manière éthique et sécurisée.

 

 

 

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