Le trader est une personne aux multiples facettes alliant à la fois le sens de la psychologie et celui de l’analyse.
La journée du trader relève du parcours du combattant. En voilà un métier très passionnant qui fait fantasmer plusieurs générations. En effet, qui n’a pas rêvé un jour de brasser des millions ?
En fait, le trader n’a jamais été uniquement un intermédiaire qui achète et vend des actions pendant les heures où les marchés sont ouverts.
C’est un métier de longue haleine qui demande de la personnalité et des nerfs d'acier. Il faut aussi être capable d'exploiter les équations et modèles fournis par les chercheurs afin de réduire les risques y afférents.
Une rapidité dans l’analyse et l’exécution, une vigilance accrue et plusieurs autres qualités sont tout aussi nécessaires pour pouvoir l’exercer en bonne et due forme.
C’est aussi un métier d’expérience. Il faut dire que pour comprendre tous les rouages du marché financier et pouvoir anticiper son comportement et celui de ses composantes, il ne suffit pas de maîtriser la donne théorique.
La pratique compte énormément, pour ne pas dire que c’est l’une des clés de réussite dans ce métier au côté du fameux flair du trader qui, certes, est inné comme se plaisent à le clamer certains d’entres eux, mais c’est surtout un long travail d’analyse et d’observation. Du moins, c’est ce qu’affirment les plus anciens dans le métier.
Pour comprendre ce dernier et avoir une idée sur la journée-type d’un trader, nous avons sollicité ceux de CFG Group et avons passé une journée au sein de leurs locaux. Première remarque impressionnante : une multitude d’écrans qui fusent de partout avec des graphes assez complexes, des chiffres et abréviations illisibles pour le commun des mortels.
Une série d’horloges sont accrochées aux murs où sont affichées les heures des marchés financiers internationaux tels que Paris, Tokyo, Londres.
L’autre signe qui attire l’attention est la multitude de casques accrochés auprès des divers postes téléphoniques dans chaque bureau.
On se croirait dans un centre d’appels. Mais vu le nombre d’informations qu’émettent et reçoivent les traders par jour, il est parfaitement aisé de comprendre le recours aux casques.
En effet, selon une étude faite en interne auprès de CFG Group, ces derniers enregistrent en moyenne 120 appels par jour. De quoi donner le vertige à un marin aguerri.
Début de la journée du trader
La première action en rentrant est de préparer le Morning Call. Il s’agit tout simplement de plusieurs entretiens téléphoniques avec les clients pour les tenir au courant de l’actualité économique, politique et financière du marché marocain. Il s’agit également de leur communiquer le sentiment du trader quant à l’évolution future du marché ainsi que les flux de la journée, notamment les bid/ask sur les plus grandes capitalisations. L’entretien peut porter sur toutes les informations susceptibles d’intéresser les investisseurs.
Ces informations sont glanées un peu partout, que ce soit auprès de relations ou dans les journaux locaux. D’autres mines d’informations se sont également imposées récemment, notamment les terminaux Reuters & Bloomberg ainsi que les portails d’informations et les sites Internet spécialisés.
D’ailleurs, le premier geste qu’effectue le trader le matin est la lecture détaillée de journaux, à l’affût de la moindre information pouvant influer de près ou de loin le marché financier.
L’un des exemples qu’il nous a été permis de voir est la hausse du prix de l’or à l’international. Pour le trader, cette information n’est pas anodine, loin de là, puisqu‘elle aura certainement un impact sur le prix des minières sur place ; donc, c’est un filon d’investissement à ne pas négliger et à exploiter.
Un morning meeting est également organisé chaque semaine avec les analystes du département Recherche pour discuter et débattre de l’actualité du marché, ainsi que des opportunités de placement qui s’offrent. Un coup d’œil sur les chartes des indices et des titres-phares de la place est indispensable, ce qui permet au trader d’avoir une vue globale sur l’évolution des cours et, éventuellement, d’anticiper les mouvements du marché. À partir de 9h, heure de préouverture, le trader a la possibilité de saisir sur le système les ordres collectés auprès de ses clients, et ce selon leurs propres instructions.
Il est 10h, c’est l’heure de l’ouverture du marché. A partir de ce moment-là et jusqu’à la clôture, le trader restera les yeux rivés sur son écran.
Globalement, le travail du trader se poursuit tout au long de la séance de Bourse selon deux aspects. D’abord, le trader est avant tout un conseiller en investissement. Il doit orienter, conseiller voire guider ses clients vers les meilleures opportunités de placement. Les traders se basent d’abord dans leurs conseils sur l’aspect fondamental à travers les notes et les flashs de recommandations produits par le département Recherche. Il se base également sur l’analyse graphique et technique et les signaux d’achats et de ventes pour avoir une idée claire sur une valeur donnée pour ainsi apporter le plus d’éléments quant à la prise de décision des clients. Le deuxième point incontournable du trader est l’intermédiation. En effet, l’un des principaux aspects du trader est de trouver des contreparties (achats ou ventes). Cette intermédiation consiste à négocier, tout en s’appuyant sur les éléments cités ci-dessus (connaissances fondamentales et techniques), à «matcher» des vendeurs et des acheteurs. Ce travail nécessite effectivement une certaine rapidité et réactivité de la part du trader pour éviter de rater les «deals», car la concurrence reste tout de même forte dans ce domaine.
D’autre part, les traders transmettent également leur «feeling» sur les tendances du marché en exprimant leurs sentiments personnels, qui se basent sur l’expérience qu’ils ont pu acquérir durant leurs années de métier. Par ailleurs, ils ne restent pas passifs et à attendre de recevoir des ordres ; ils se mettent en première ligne et proposent des opportunités d’investissements que certains clients n’auraient pas vu ou décelé.
L’autre point fort est qu’aucun client n’appartient à aucun trader au sein de CFG Group ; tous les traders sont en relation avec tous les clients. Bien sûr, par la suite le contact se fait selon les affinités, mais le point fort est qu’en cas d’absence de l’un des traders, le client est automatiquement pris en charge par son collègue.
Tout au long de la journée, il continue de recevoir les ordres des clients et veille à la meilleure façon de les exécuter, en respectant à la lettre les instructions données par le client. Il est 15h30, c’est l’heure de la clôture. Certains croiront qu’ils vont enfin pouvoir souffler, mais leur tâche n’a pas encore pris fin. Un travail de titan les attend par la suite, comme si la journée n’avait pas été assez chargée.
A 15h 30 commence ce qu’on appelle le Trading At Last, qui dure 5 minutes. L’objectif est de donner une autre chance aux ordres, non exécutés durant la journée, d’être accomplis au cours des 5 dernières minutes. La seule différence réside dans le prix, puisque les seuls à être acceptés sont ceux de la clôture et aucun autre prix différent à la hausse ou à la baisse n’est accepté ni exécuté.
Au-delà de 15h35, le trader devra contacter tous les clients avec lesquels il a passé des ordres pour confirmer les exécutions et refaire un dernier tour sur ce qui s’est passé en clôture, ensuite il devra prendre contact avec le back office pour éviter toute erreur au niveau des envois des avis d’opérés. Enfin, toute une panoplie de tâches à exécuter avant le repos du guerrier.
W. M.