Le groupe Maroc Telecom augmente ses revenus malgré une baisse sur le territoire national. Les investissements bondissent de 50%.
Par A. Hlimi
Au 31 mars 2024, le Groupe Maroc Telecom a réalisé un chiffre d'affaires consolidé de 9,1 milliards de dirhams, en hausse de 1,2% à taux de change constant, soutenu par les revenus à l'international qui progressent de 3,8% à taux de change constant et compensent en partie la baisse des revenus au Maroc. Dans le détail, les activités au Maroc affichent une baisse de 1,3% et atteignent 4,7 Mds de dirhams, alors que la concurrence s'intensifie sur certains segments où la croissance des activités de l'Internet fixe (+7,6% tirée par la performance de l'activité FTTH) compense partiellement la baisse du Mobile (-4,2%).
Bonne croissance des filiales
Si l'activité au Maroc montre un tassement, celle en Afrique subsaharienne reste en croissance soutenue. Ainsi, les revenus générés par les filiales Moov Africa affichent une légère hausse de +0,8% en glissement annuel à 4,6 Mds de dirhams (+3,8%), grâce à la croissance de la Data mobile de +21,7% couplée à la progression des activités de la Data fixe de +19,1%. Hors baisse des terminaisons d’appel, les revenus s’améliorent de +4,4%. En termes d’unités, le parc mobile passe de 51,8 millions à 53,9 millions d’abonnés, drivé notamment par une appréciation de +17,1% au Niger, +10,7% au Tchad, +9,7% au Bénin et +6,3% au Burkina Faso, compensant ainsi la baisse de -14,5% en Mauritanie et de -5,9% au Mali. Pour leur part, le parc Fixe et celui du Haut débit fixe affichent des hausses respectives de +7,7% à 391.000 unités et de +32,7% à 219.000 unités.
Dans ce contexte, le résultat opérationnel avant amortissement (EBITDA) ajusté s'élève à 2.662 millions de dirhams, en hausse de 1,4% par rapport à la même période de l'année précédente grâce à la maîtrise des charges opérationnelles. Le taux de marge d'EBITDA ajusté augmente de 1,5 pt sur un an et s'établit au niveau élevé de 56,4%. Le résultat net ajusté part du Groupe ressort à 1,5 Md de dirhams, en hausse de 0,5% à taux de change constant, alors que les flux nets de trésorerie opérationnels ajustés s'établissent à 2,8 Mds de dirhams, en baisse de 15,5% à taux de change constant par rapport à la même période de 2023. Et ce, du fait de l'augmentation des investissements qui bondissent de près de 50%, en lien avec les différents projets ambitieux du groupe dans le continent. Généralisation de la 4G en Afrique, couverture, câbles sous-marins…, le groupe est sur un ensemble de fronts.
Des perspectives favorables en 2024
Dans leurs différents papiers de recherche couvrant Maroc Telecom, les banques d’affaires ne manquent pas de rappeler le contexte favorable dans lequel évolue le groupe. D’abord, côté prix, avec l’instauration de prix planchers par le régulateur pour stopper la course effrénée des 3 opérateurs aux parts de marché, puis, côté volumes, avec une demande qui devrait être en croissance significative. Dans ce secteur très dépendant de la démographie et de la croissance globale, l’on sait que la population progresse au rythme de 1% par an, vivant de plus en plus en milieu urbain.
En outre, la dynamique nationale est soutenue par un programme d’investissement public d’un montant record de 335 milliards de dirhams prévu en 2024, pour atteindre 550 milliards de dirhams en 2026 et la création de 500.000 emplois dans le cadre du Pacte national pour l’investissement. Même son de cloche dans la majorité des pays de présence du groupe, et ce malgré la contrainte stricte d’identification clients et la limitation des cartes SIM qui s’appliquent à l’ensemble des opérateurs. L’accroissement de la pression concurrentielle devrait également jouer en faveur d’une baisse des prix sur ces marchés et d’une démocratisation des usages pour la Data mobile.