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Trimestriels des sociétés cotées: l’inflation joue aux trouble-fêtes

Trimestriels des sociétés cotées: l’inflation joue aux trouble-fêtes

Alors que la saison des trimestriels bat son plein, les investisseurs scrutent les effets de l’inflation des prix des intrants sur les entreprises et leur capacité à la répercuter sur leurs marchés.

 

Par A. Hlimi

Face à l’inflation, les business models des entreprises ne sont pas tous égaux. D’aucuns surfent sur la hausse des prix quand d’autres la subissent ou, au mieux, la répercutent légèrement. C’est dans ce contexte que s’ouvre la saison des résultats du premier trimestre 2022.

Perte de productivité

L’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 5,3% au cours du mois de mars 2022, conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 9,1% et de celle des produits non alimentaires de 2,8%.

On notera dans ce tableau l’envolée des prix des carburants de 8%, ce qui aura pour impact immédiat une baisse de la consommation des ménages d’une part et, d’autre part, une perte de productivité pour quasiment tous les secteurs cotés. L’investisseur devra donc naviguer en eaux troubles pour choisir des titres d’entreprises résilientes face à la hausse des coûts des intrants.

Pricing power

Les investisseurs seront particulièrement attentifs à la capacité des entreprises à répercuter la hausse des coûts sur les prix de vente. Certaines sociétés disposent en effet de ce pricing power, cette possibilité de vendre plus cher sans que cela n’affecte la demande pour ses produits ou ses services. Certains champions cochent cette case, à l’image de Label’Vie, Snep et, dans une moindre mesure, Sonasid. Même Mutandis, et bien que présente sur des marchés de grande consommation sensibles aux prix de vente, a pu répercuter la hausse des coûts sur les prix de vente, ce qui a été plutôt bien accepté, selon le management. Outre ces entreprises, les minières sont également en première ligne pour profiter de la hausse des matières premières. Managem et CMT essentiellement. Ces dernières ont vu leurs cours s’envoler (+13%) sur un mois, soutenus par les conséquences de la crise en Ukraine et l’inflation qui profite à l’or.

«En ce début d’année 2022, les cours des principales matières premières sur lesquelles le marché actions est exposé, poursuivent leur tendance haussière. Cette situation profite particulièrement aux minières et aux industriels locaux. Ces derniers bénéficieraient d’un gain de parts de marché (PDM) considérable face aux importations», écrivait le bureau Attijari Global Research (AGR) début mars. En face, les financières, les entreprises du BTP et de l’immobilier ou encore les entreprises du secteur technologique et les distributeurs automobiles, en plus d’un faible pricing power, devront faire face à la hausse des taux, les pénuries et l’explosion des charges opérationnelles. Dans ce contexte, les analystes seront particulièrement attentifs au commentaire des entreprises sur leurs marges plutôt que sur l’évolution du chiffre d’affaires, principal indicateur surveillé habituellement au premier trimestre.

Le marché obligataire doublement impacté par l’inflation Sur le marché obligataire, les gérants se disent préoccupés également par l’inflation. Sur ce marché, l’inflation a un impact sur les taux qui progressent sur le marché primaire, mais également et surtout sur le marché secondaire, provoquant des pertes latentes pour les institutionnels et les OPCVM. L’autre effet est une baisse des rendements réels, corrigés par l’inflation, qui accélère les pertes. Selon un gérant obligataire, cette situation entretient l’avantage de l’investissement en actions au détriment des obligations. Mais force est de constater que le marché actions passe également par des moments difficiles (-7% en 3 mois), avec un contexte économique toujours aussi peu porteur. 

 

Inflation et déficit public 
L’inflation galopante pourrait impacter négativement le budget de l’Etat des suites de l’accroissement important attendu des dépenses de compensation du gaz butane et du blé ainsi que des aides publiques octroyées aux professionnels du transport, rappelle-t-on chez BMCE Capital Global Research (BKGR). Bank Al-Maghrib estime que le déficit budgétaire devrait se stabiliser à -6,3% du PIB en 2022, profitant vraisemblablement de la mobilisation exceptionnelle escomptée des ressources, à travers notamment les mécanismes de financement spécifiques et les recettes de monopole. En attendant et à fin février de cette année, le Trésor affiche un déficit de 11,5 Mds contre 10,3 Mds à la même période en 2021, reflétant, selon BKGR, un alourdissement des dépenses (+18,4%), particulièrement de compensation face à des recettes qui augmentent à un rythme moindre (+7,2%)… Autant de ressources englouties par l’inflation et qui retarderont l’effort de relance.

 

 

 

 

 

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