◆ Toutes les banques cotées affichent une hausse des crédits et des collectes au 1er semestre.
◆ Les prêts octroyés aux grands groupes et les produits de garantie de l’Etat ont dopé la production de prêts.
Par Y. Seddik
La crise sanitaire a donné du fil à retordre aux banques marocaines. Une crise qui s’ajoute aux multiples contraintes auxquelles fait face le secteur : taux durablement bas, croissance molle et une panoplie d’exigences réglementaires. Pourtant, elles arrivent à tirer leur épingle du jeu, du moins sur le volet commercial.
Sur cette première partie de l’année, les six banques cotées ont généré des revenus supérieurs à ceux de l’année passée, distribué plus de crédits et collecté plus de dépôts. Pour la première banque par la capitalisation, Attijariwafa bank, les crédits et l’épargne collectée se sont établis à respectivement 330,2 milliards de DH (+ 4%) et 490,1 milliards de DH (+5,9%) sur base consolidée.
Depuis le début de la crise, la banque a accompagné plus de 19.500 entreprises, majoritairement des TPME, à travers la distribution de 25 milliards de DH, note la banque dans sa communication financière du premier semestre.
Le coup de pouce de l’Etat via ses produits garanties aux entreprises (Damane Oxygène, Damane Relance et Relance TPE) a en effet permis aux banques d’améliorer leur production de prêts durant cette période délicate. Selon les statistiques monétaires du mois de juin, l’encours des crédits de trésorerie a progressé de 10,4% à 206 milliards de DH.
Chez BCP, les dépôts du Groupe continuent de se renforcer à hauteur de 5,7% pour s’établir à 327 milliards de DH, tandis que les crédits s’affermissent de 1% par rapport au 31 décembre 2019, à 261 milliards de DH. On note que la banque a dégagé un PNB de 10 milliards de DH, en amélioration de 13,9%, tiré notamment par l'effet combiné du changement de périmètre suite à l'intégration des nouvelles filiales africaines acquises au T4-2019. Hors effet périmètre, la croissance du PNB s’établit à 6%.
Quasi-stagnation des dépôts pour BoA
Du côté de Bank of Africa, l’on fait état d’un renforcement commercial avec des crédits à la clientèle en progression de 7,9% pour la banque au Maroc et de 4,8% pour le Groupe à fin 2020. Hors Resales, les crédits clientèle ressortent en hausse de 5% à 108,6 milliards de DH en social et de 2,9% à 178,9 milliards de DH en consolidé.
Les dépôts clientèle consolidés sont en quasi-stagnation à 205 milliards de DH contre une légère baisse de 1% des dépôts de la banque au Maroc à 133 milliards de DH à fin juin 2020. Sur le premier semestre, le PNB social a progressé de 3,4% à 3,6 milliards de DH.
En consolidé, il ressort stable à 7 milliards de DH. Pour CIH Bank, dont le PNB cumulé à fin juin 2020 a bondi de 14,7% à 1,13 Md de DH, les performances commerciales sont au rendez-vous. En consolidé, les dépôts clientèle s’établissent à 48,4 milliards de DH à fin 2020, en progression de 8,6% par rapport à fin 2019.
Les crédits clientèle sont de 58,0 milliards de DH à fin juin 2020, en hausse de 9,2% par rapport à fin 2019. Sur base sociale, les dépôts clientèle sont de 45,4 milliards de DH, en amélioration de 9,7% par rapport au 31 décembre 2019. Les crédits clientèle ressortent à 48,2 milliards de DH à fin juin 2020, en hausse de 10,6% par rapport à fin 2019. On n’en fait pas moins chez BMCI, qui a réalisé un PNB consolidé de 1,55 milliard de DH à fin juin 2020.
Les crédits consolidés par caisse à la clientèle ont atteint 55,7 milliards de DH à fin juin 2020 contre 54,9 milliards de DH au 31 décembre 2019, soit une hausse de 1,4%, essentiellement due à l’évolution favorable des crédits de trésorerie.
Les dépôts de la clientèle consolidés ont enregistré une hausse de 0,8 %, pour atteindre 45,4 milliards de DH à fin juin 2020 contre 45 milliards de DH au 31 décembre 2019, avec une amélioration de la structure des ressources en faveur des dépôts à vue qui représentent 74,1% à fin juin 2020 contre 72,5% à fin décembre 2019.
Le coût du risque s’envole !
Selon une note de recherche d’Attijari Global Research, l'analyse des communiqués des banques cotées relatifs au deuxième trimestre de 2020 fait état d'une hausse semestrielle des crédits à la clientèle de +5,4% portée par les crédits de trésorerie et d’équipement.
Un niveau de croissance supérieur de 170 points de base par rapport à la moyenne observée au cours de la période 2015-2019, soit de 3,7%. Le développement continu de l'activité de crédit dans un contexte inédit de crise sanitaire se reflète de manière significative sur les anticipations de risque relatif aux crédits, ont constaté les analystes d'AGR.
Et d'ajouter : «En recensant les banques cotées ayant publié le coût du risque au T2-20, nous relevons une augmentation semestrielle de 132%». Cette hausse importante du coût du risque en 2020 est justifiée par le manque de visibilité sur le processus de reprise des différents secteurs, et ce dans un contexte où le management des banques adopterait des règles de provisionnement conservatrices.
L'évolution semestrielle du PNB des banques cotées a été soutenue en partie par la bonne tenue du résultat des activités de marché. Ce dernier a bénéficié de l'appréciation technique du portefeuille obligataire des banques en raison de la baisse du taux directeur de la Banque centrale de 50 points de base à 1,5% en juin 2020.