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Transferts des MRE : un pilier de l’économie marocaine

Transferts des MRE : un pilier de l’économie marocaine

Avec près de 81 milliards de dirhams à fin août 2024, les transferts des MRE constituent l’une des principales sources de devises du pays, apportant un soutien financier direct aux familles et un appui significatif à l’économie nationale.

 

Par Désy M.

Depuis 2019, les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) affichent une dynamique de croissance continue. Leur poids dans le produit intérieur brut (PIB) suit la même trajectoire, avec des prévisions optimistes pour les prochaines années. Selon les estimations, cette part pourrait dépasser le pic historique de 8,5% atteint en 2007 pour avoisiner les 10% du PIB en 2025.

Bank Al-Maghrib table sur une hausse des transferts de 1,9% en 2024, soit 117,34 milliards de dirhams, puis de 5,3% en 2025, atteignant ainsi 123,7 milliards de dirhams. La diaspora marocaine, estimée à plus de 5,5 millions de personnes à travers le monde, continue de jouer un rôle clé dans le soutien économique du pays. Pour les huit premiers mois de 2024, les transferts des MRE ont déjà frôlé les 81 milliards de dirhams, selon l'Office des changes. Ces flux constituent une source majeure de devises, contribuant non seulement à soutenir financièrement les familles marocaines, mais aussi à dynamiser l'économie nationale sur plusieurs fronts.

«La valeur des fonds transférés par les MRE dépasse celle d’autres flux financiers à destination du Maroc, comme les investissements directs étrangers, l'aide publique au développement et les crédits privés», souligne Hassan Edman, professeur d’économie et gestion à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Agadir. Cette perspective est partagée par la Banque mondiale, l'Office des changes et Bank Al-Maghrib, qui confirment le potentiel de ces apports.

Des transferts largement orientés vers la consommation

Malgré leur volume, les transferts des MRE restent en grande partie destinés à des postes peu productifs. Environ 71% de ces fonds sont consacrés à la consommation courante, tandis que 21% prennent la forme de dépôts dans des institutions financières. Seuls 8% des transferts sont dirigés vers des investissements de diverses natures. Parmi ces 8%, l’immobilier en absorbe la majorité, avec plus de 80% de l’enveloppe, loin devant le commerce et les services qui totalisent moins de 20%, soit environ 2% des flux globaux. La majorité des fonds envoyés par les MRE - environ 60% - sert à couvrir les dépenses quotidiennes des familles marocaines, telles que l’alimentation, l’éducation ou les soins médicaux. Ces transferts jouent un rôle essentiel d’amortisseur, notamment en période d’inflation ou de crise économique. En milieu rural comme urbain, ils permettent de maintenir un certain niveau de consommation intérieure, stimulant ainsi la croissance économique.

L’immobilier, un secteur de prédilection

L’investissement dans l’immobilier est un choix souvent motivé par la volonté des MRE de sécuriser l'avenir de leurs proches au Maroc. «L’immobilier reste une option privilégiée pour de nombreux MRE, non D Transferts des MRE Un pilier de l’économie marocaine Avec près de 81 milliards de dirhams à fin août 2024, les transferts des MRE constituent l’une des principales sources de devises du pays, apportant un soutien financier direct aux familles et un appui significatif à l’économie nationale. seulement pour sa nature tangible, mais aussi pour l’ancrage familial qu’il représente», explique Sofiane Gadrim, cofondateur d’Atela et ancien MRE.

Ce flux alimente le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP), créant des emplois et générant des recettes fiscales locales à travers différentes taxes. Cependant, Gadrim souligne que cette concentration des investissements dans l’immobilier limite l’impact potentiel des transferts des MRE dans d'autres secteurs stratégiques comme l'industrie ou l'agriculture, freinant ainsi une diversification nécessaire. Actuellement, le véritable enjeu pour le Maroc consiste à orienter une part plus conséquente de ces flux financiers vers des investissements à haute valeur ajoutée. Pour Edman, le potentiel d’investissement des MRE demeure sous-exploité.

«Si les MRE orientaient davantage leurs capitaux vers des secteurs comme les énergies renouvelables ou l'innovation technologique, cela pourrait transformer l’économie marocaine», soutient-il. Il plaide pour un partenariat renforcé entre les banques et les institutions financières afin de mieux structurer et diversifier ces investissements. Sofiane Gadrim, de son côté, met en avant l’importance de sensibiliser les MRE aux opportunités d’investissement dans des secteurs productifs, au-delà de l’immobilier. Il mentionne les réformes récentes, telles que la nouvelle charte d'investissement, qui offrent des opportunités pour canaliser les capitaux des MRE vers des projets innovants et durables.

Bien que les investissements productifs demeurent encore limités en volume, le gouvernement multiplie les initiatives pour mieux orienter les transferts des MRE. Des programmes comme MDM Invest et MDM Tamwilcom facilitent le financement de projets à forte valeur ajoutée, notamment dans l’industrie, les transports, l’énergie et l’économie verte. L’initiative de la «13ème région économique virtuelle», lancée par le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des MRE, en partenariat avec la CGEM, vise également à renforcer le lien entre la diaspora et le tissu économique national. 

 

 

 

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